L’attente était longue avant le retour en Terre du Milieu de Peter Jackson mais le voyage n’en est que meilleur. Entre nostalgie est nouvelles portées épiques, Le Hobbit : un Voyage Inattendu est bien l’introduction qu’il fallait pour retrouver l’univers de Tolken et vivre une nouvelle aventure.
Cela faisait 9 ans qu’on l’attendait. Avec les imbroglios juridiques qui ont eu raison de la bonne volonté de Guillermo Del Toro, c’est Peter Jackson qui a donc repris la caméra pour non pas 2 films comme prévus à l’origine mais bien 3. Adapté du livre de Tolkien de seulement 370 pages, le néo-zélandais a donc développé une nouvelle trilogie qui revient sur le premier voyage de Bilbo. La première chose que l’on pouvait craindre était bien évidemment un syndrome « George Lucas» avec une préquelle mercantile et destinée aux enfants … mais ce serait oublier bien trop vite la passion du réalisateur et son don de conteur.
A l’origine, un « simple» livre pour enfants, Le Hobbit devient entre les mains de Peter Jackson et de ses scénaristes une histoire qui va finalement prendre plus d’envergure. Bien entendu l’enjeu ne sera pas aussi important et profond que celui du Seigneur des Anneaux mais il n’en sera pas moins prenant. En effet, d’une simple quête pour un trésor, le film devient aussi le parcours d’un prince pour récupérer le royaume qui lui a été volé par un dragon. Et cette histoire est d’emblée expliquée dans un prologue impressionnant qui voit ainsi la destruction d’Erebor par Smaug (que nous n’apercevrons que très peu) et nous fait donc tout de suite comprendre les intentions de Thorin.
Replongée ensuite dans la Comté où nous découvrons un Bilbo encore jeune et pantouflard, grandement surpris quand Gandalf et les 13 nains viennent frapper à sa porte pour l’emmener dans leur aventure. La nostalgie de retrouver Cul-de-sac et la bonne ambiance de cette joyeuse bande font vite sourire avant de partir à l’aventure. La première partie du film souffrira parfois de quelques longueurs, en particulier avec les morceaux importés nous dévoilant l’ombre du mal ressurgir secrètement. Ces passages, qui devraient trouver tout leur sens dans la quête du magicien à venir dans la seconde partie, donnent parfois l’impression de pièces rapportées pour gonfler artificiellement l’histoire.
Mais cela n’empêche pas Peter Jackson d’étendre le premier tiers du livre sur un film de plus de 2 heures 30 avec un sens du rythme prenant et des morceaux de bravoure incroyables. Impossible de rester de marbre devant l’impressionnant affrontement des géants de pierre (que l’on imagine bien tout droit issue de l’esprit de Del Toro) ou pendant la fuite de la caverne des gobelins (séquence haletante alternant héroïsme et burlesque). Au milieu de ces instants épiques portés par la nouvelle composition d’Howard Shore en grande forme (on remarquera d’ailleurs la présence que quelques chansons sorties du livre, nous rapprochant plus de l’esprit de Tolkien), il n’en oublie pas pour autant l’angoisse d’une séquence où Gollum révèle déjà toute sa fourberie.
Le film joue beaucoup sur la connaissance de l’univers de Tolkien et ceux qui n’arrivaient pas à accrocher au Seigneur des Anneaux auront toujours autant du mal, d’autant plus que quelques personnages font leur retour ici et que certaines séquence y font clairement référence, pour le plus grand bonheur des fans. Et pourtant Peter Jackson n’en a pas trop fait non plus. Le réalisateur a en effet souvent la fâcheuse habitude d’être trop généreux de ce côté (cf. la version étendue de son King Kong), et pourtant il en reste ici à l’essentiel pour toujours faire avancer l’histoire en lui apportant ce qu’il peut pour lui donner plus d’ampleur mais aussi plus d’humanité.
A ce titre, « PJ» s’y entend pour nous raconter l’histoire de Bilbo, Gandlaf et Thorin. Ces principaux personnages donnent ainsi au film son caractère humain et peut-être plus proche du spectateur que ne pouvait l’être le fardeau de Frodon et la spiritualité énigmatique de Gandalf le blanc. On pourra sans doute lui reprocher de ne pas s’intéresser aux 12 autres nains qui composent la communauté mais même sur cette durée il est difficile de leur laisser une place et ils auront certainement plus le loisir de s’exprimer dans la suite de cette quête. Mais on peut déjà noter que les comédiens se révèle tous impeccables dans leurs costumes et l’évolution de leurs caractères se fait déjà sentir.
Alors ce premier volet peut effectivement avoir quelques petits airs de « déjà vu» du fait que nous connaissons son univers et que le film reprend à peu près le même schéma narratif que la Communauté de l’Anneau. Mais ce Voyage Inattendu du Hobbit est tout de même une entrée en matière sacrément enlevée pour cette nouvelle trilogie en Terre du Milieu. Une seule envie à l’issue de cette première aventure, y replonger tout de suite pour découvrir ce que nous a préparé Peter Jackson comme nouveaux événements jusqu’à l’inévitable affrontement contre le dragon. L’aventure de fait que (re)commencer.