Kick-Ass en comics

Par Fredp @FredMyscreens

Avec la sortie récente du second tome de Kick-Ass vol. 2, il était temps de revenir sur le best-seller violent de Mark Millar et John Romita Jr avant de découvrir la suite de la version cinéma ! C’est un peu comme donner le bâton pour se faire battre.

Adepte d’une certaine violence parfois gratuite dans les comics, l’anglais Mark Millar s’est surtout fait connaître avec sa reprise de the Authority avant de faire bondir l’univers Ultimate de Marvel en créant les Ultimate X-Men et Ultimates. Fort de ce succès, il est rapidement devenu l’un des hommes forts de la Maison des Idées en proposant de gros concepts, en particulier pour Wolverine et le crossover événement Civil War. Alors il peut prendre son indépendance et, en as du marketing, spécialiste des grosses annonces, il s’embarque sur des projets solos pour inaugurer le label indépendant de Marvel, Icon, qui permet aux auteurs de créer leurs propres héros dont ils restent les propriétaires.

Et pour cartonner, Millar a une méthode infaillible, de la violence, du sang et des jurons avec une bonne dose de pop culture. Avec Kick-Ass il en profite en plus pour brocarder son propre public sous couvert d’un gros délire. On y découvre donc la vie du banal geek Dave Lizewski qui se décide du jour au lendemain à devenir un super-héros sans pouvoirs. Évidemment, la réalité n’est pas comme dans les comics et il va vite se rendre compte qu’il va passer pour un malade et se faire tabasser. Mais il n’est pas le seul dans ce cas et il va bientôt faire la rencontre de Hit-Girl et Big Daddy qui, eux, ont décidé de s’en prendre à la mafia.

Dans la première partie de la saga, Millar nous présente donc des personnages faillibles auxquels n’importe quel ado s’identifiera et surtout, en grand irresponsable, fera d’une gamine de 10 ans une véritable machine à tuer. Adepte de la provocation, l’auteur n’y va pas de main morte et fait pleuvoir les coups et les gerbes de sang pour montrer que la vie de super-héros n’est pas très rose mais cache cela derrière une bonne dose de second degré. En effet, il pousse la situation tellement à son paroxysme que cela en devient plutôt fun tandis que l’intérêt du propos diminue petit à petit.

Du coup, d’une histoire qui permettait de relativiser le côté super-héroïque au quotidien, il débouche finalement sur un récit pas si banal (puisque l’entourage du héros se révèle tout de même hors du commun) et va même montrer qu’aimer les comics peut devenir sacrément mortel. Un message assez outrancier et qui manque totalement de finesse dans son approche.

Et ce n’est pas la présence de John Romita Jr au crayon qui va rendre cela plus léger. En effet, le dessinateur adepte des formes carrées des mouvements de masses va donner tout son caractère au titre en lui conférant un aspect brut de décoffrage qui lui va particulièrement bien. D’autant plus que sur Kick-Ass, Romita Jr bénéficie de l’encrage de Tom Palmer, l’un des seuls qui arrive à rendre justice à son dessins toujours si décrié.

Le dessinateur sera d’ailleurs tout aussi inspiré pour le second volume de la bande-dessinée pour lequel il doit créer de nouveaux personnages puisque Kick-Ass est maintenant entouré d’une équipe de super-héros qui ont suivit le même chemin que lui. Millar va donc continuer d’explorer le thème des « vigilante»  en donnant à ses personnages une raison d’aider leur prochain. Mais évidemment, tout dérive quand Red Mist, qui se rebaptise subtilement Motherfucker, va semer la pagaille dans la ville. Alors l’auteur s’éloigne à nouveau du concept de base qui pouvait être intéressant au profit d’un déchainement de violence qui rejoint les traditionnelles bagarres de groupes de super-héros contre les vilains, à ceci près qu’il l’ancre dans un monde plus réaliste où la violence fait plus souffrir, où la méchanceté rejoint très vite la lâcheté et dans lequel tous ces gars en costumes passent pour des tarés.

Encore une fois, le discours de Millar n’est pas très clair. Se moque-t-il des fans de comics ? les glorifie-t-il ? la frontière est fine mais au moins ça fait parler et la violence fait vendre. Dès lors, peu importe si le message n’est que superficiel, sacrifiant le fond au profit du fun. C’est là toute la contradiction marketing de Millar qui a toujours su créer des concepts géniaux en ne les terminant que rarement proprement.