De : Spike Jonze.
Avec : John Cusack, Cameron Diaz, John Malkovich, Catherine Keener, Orson Bean, Charlie Sheen, Mary Kay Place, Ned Bellamy...
Genre : Comédie - Drame - Fantastique.
Origine : États-Unis.
Durée : 1 heure 52.
Date de sortie : 8 décembre 1999.
Synopsis : Craig Schwartz est marionnettiste de rue, mais ne parvient pas à vivre de son art. Lotte, son épouse, s'intéresse beaucoup plus à ses animaux qu'à lui. Devant leurs difficultés financières, le jeune homme trouve un emploi au septième étage et demi du building de l'entreprise Lester. En classant des dossiers, Craig découvre une porte dérobée et l'emprunte. Celle-ci le conduit pour quinze minutes à l'intérieur de John Malkovich. Cette prodigieuse découverte va lui permettre de changer de vie.
Bande annonce française
"C’est vraiment super, je m’épate moi-même ! Je devrais me baiser !"
Avant de découvrir "Dans la peau de John Malkovich", j'avais de grosses craintes. J'aime beaucoup l'acteur mais j'avais peur que ce genre de délire ne soit pas vraiment pour moi du coup, je n'avais jamais osé le regarder avant aujourd'hui. Les craintes étaient toujours présentes mais j'ai quand même osé faire enfin le premier pas.
Si il y à bien quelque chose sur lequel je ne me suis pas trompé, c'est sur le côté délire de ce long métrage bien à part avec son univers bien barré. Là où je me suis trompé en revanche c'est que dès les premières secondes, je suis tout de suite rentré dans ce trip assez surprenant. Le scénario de Charlie Kaufman est très bien écrit aussi il faut dire en alliant à merveille l'humour, le drame et la psychologie des différents personnages. Sans jamais se prendre au sérieux, le film nous propose une histoire totalement burlesque avec de grands moments de rires et d'autres, plus philosophique qui aborde la question du qui nous sommes et ce que nous voulons faire de nos vies.
Ceux qui pensait en savoir un peu plus sur le comédien en voyant ce film ont eux aussi de quoi être déstabilisé. En effet, on est bien en présence d'une fiction et non d'une énième biographie. On effleure bien sûr vite fait la carrière de l'acteur et son côté star hollywoodienne mais au final, tout ceci n'est qu'un pur prétexte. On aurait pu prendre n'importe quel personne que le résultat aurait pu être le même mais le charisme et la notoriété de John Malkovich font que son personnage permet au film de rentrer dans une dimension encore plus grande. Pour ma part, j'ai assez vite oublié la star qu'il était pour me concentré uniquement sur ce qui lui arrivé et j'ai plutôt bien apprécié ce que l'on me proposé surtout que le long métrage n'hésite pas à aller très loin dans son délire sans jamais se perdre en cours de route.
J'ai aussi beaucoup aimé la façon dont on traite du monde de la marionnette et du spectacle dans son ensemble. Le parallèle avec la manipulation d'objet ou de personnes afin de raconter des histoires m'ait apparu vraiment passionnante et très intéressante. Dans ce melting pot d'émotions, de folie, d'humour... j'ai bien apprécié le côté schizophrène qui se dégage au fur et à mesure que le film avance mais aussi une certaine poésie qui est très agréable et qui nous transporte de façon assez légère dans cette œuvre. Après, toute l'histoire sur les "vaisseaux", le timing, le côté prisonnier d'un cerveau etc etc m'a moins emballé dans le sens où je trouvais qu'on se prenait parfois un peu la tête (surtout vers la fin avec l'explication de Lester) mais je reconnais que cela s'intègre toutefois très bien dans le récit.
Devant la caméra, John Malkovich y est énorme dans son propre rôle. Pourtant, il met un certain temps avant d'apparaître dans cette histoire mais dès qu'il commence à avoir de l'importance, le comédien s'en donne à cœur joie et nous livre une performance vraiment exceptionnelle. Il réussit je trouve à réinterpréter son propre personnage en jouant avec l'image que l'on peut avoir de lui tout en faisant preuve d'une auto dérision assez plaisante comme lors de la scène Malkovich au restaurant qui reste l'un des passages assez fort du film. Jouant à fond le jeu, ce fut en tout cas pour moi un plaisir de le voir évoluer dans cette histoire et comme je le dis un peu plus haut, même si cela aurait pu marcher avec n'importe qui, le talent et le charisme de l'acteur associé à sa notoriété font que le récit prend beaucoup plus d'ampleur.
A ses côtés, j'ai beaucoup aimé aussi retrouver un John Cusack en Craig Schwartz. L'acteur y est une nouvelle fois impeccable en tout cas et joue vraiment à fond son personnage. Sans jamais être totalement d'accord avec sa démarche et ses différents actes, John Cusack à réussi je trouve à rendre malgré tout son personnage sympathique. On éprouve même par moment une certaine pitié tant il semble paumé. Son rôle bénéficie aussi d'une très bonne évolution avec une folie digne d'un grand psychopathe qui va prendre le dessus de façon très bonne sans provoquer de grande cassure ni même choquer par rapport à ce que l'on voyait au début du film. Son personnage est assez complexe et ambiguë mais reste très intéressant.
Cela à été également pour moi une très bonne surprise que de retrouver Cameron Diaz en Lotte Schwartz. J'avais totalement zappé le fait qu'elle jouait dans ce long métrage et pourtant je trouve ce choix également assez judicieux. Totalement paumé au début, l'actrice réussi à gagner en importance en passant par plusieurs émotions allant de la tendresse à la folie. On éprouve pour son personnage également une certaine sympathie tant elle semble mal dans sa peau et incomprise. C'est en tout cas très bien joué par la comédienne je trouve qui réussi à exister à l'écran sans jamais trop en faire ou tomber dans le cabotinage.
Niveau folie, on est bien servi aussi avec Catherine Keener dans le rôle de la déjanté Maxine. Dès son apparition à l'écran, j'ai tout de suite accroché avec son personnage totalement froid et décalé qui ne mâche pas ses mots. Il y à quelques petites choses que j'ai moins aimé dans ce rôle notamment vers la fin du film mais l'actrice s'en sors en tout cas merveilleusement bien. Le côté glamour et manipulatrice et très bien interprété et exploité dans ce scénario. La comédienne semble en tout cas très à l'aise dans ce registre et forme avec John Cusack et Cameron Diaz un excellent trio déjanté auquel John Malkovick s’intègre de belle manière.
J'ai eu beaucoup d'affection aussi pour Orson Bean dans le rôle du Docteur Lester. On le voit peu au final dans ce film mais j'ai beaucoup aimé son personnage et sa façon de le jouer avec en première partie beaucoup de folie qui nous offre des moments très drôles et vers la fin, plus de subtilités avec un personnage qui apparait opportuniste mais très touchant dans sa volonté de se battre. J'ai adoré aussi les quelques apparitions de Charlie Sheen dans son propre rôle qui sont vraiment très drôle et à la hauteur de l'image que l'on peut se faire de ce personnage surtout lors de la scène où John Malkovich lui parle de Maxine et que j'ai trouvé excellente.
Je n'ai rien à rajouter sinon concernant le reste de la distribution que je trouve très bonne aussi et qui reste dans la même lignée que les têtes d'affiches. Petite mention tout de même à Mary Kay Place qui dans le rôle de Floris m'a vraiment bien fait marrer avec quelques jeux de mots que j'ai trouvé savoureux dans le scénario.
Sinon, c'est la première fois que je voyais une réalisation de Spike Jonze. Je connaissais ce metteur en scène de nom surtout mais je n'avais aucune idée de son travail. Je m'attendais pas spécialement à quelque chose d'extra-ordinaire et c'est peut être pour ça aussi que j'ai été agréablement surpris par ce que l'on me montrait. Visuellement, le film est vraiment très beau avec des plans très riches qui s'enchaînent avec une belle fluidité. Le rythme est bien travaillé également ce qui fait que je n'ai pas ressenti de temps mort particulier, bien au contraire, j'ai même trouvé l'ensemble assez dynamique avec chaque chose bien à sa place.
L'une des choses qui m'a particulièrement bluffé, c'est la mise en scène des différents passages avec les marionnettes que je trouve d'une très grande beauté. Au delà de la grâce et de la poésie que l'on peut ressentir, on en oublie qui tient les ficelles et on se retrouve face à un spectacle assez saisissant et assez intense qui nous fait vite oublié les marionnettes de guignols qui ont pu bercer l'enfance de nombreux gamins. Par moment, j'ai même vraiment eu l'impression d'assister à un opéra très beau et même si je ne sais pas exactement comment tout à été mis en place, le ballet du lac des cygnes par exemple où la première histoire où la marionnette casse tout dans sa chambre m'a accroché à mon fauteuil.
C'est peut être grâce à la réalisation aussi que l'on ressens bien la manipulation du récit qui joue avec les codes du genre et forme une bonne barrière entre le spectacle et le drame, la reconnaissance et l'anonymat. Les décors sont eux aussi bien exploités. J'ai eu un peu de mal au début avec ce "tunnel" qui mène à John Malkovich mais on s'y habitue assez vite tandis que l'utilisation de l'étage 7 et demi est très bien exploité. Il y à aussi un bon travail qui est fait sur la lumière je trouve ainsi que sur les costumes, ces derniers accentuant bien le côté désaxés et paumés des personnages.
Les effets visuels sont en tout cas très réussis à mes yeux. A l'heure où j'écris ses lignes, le film à beau avoir plus de dix ans, je trouve qu'il passe bien la barrière du temps. Quelques effets de style sont savoureux et à l'inverse des différents portraits que l'on peut voir dans cette histoire, il n'y à pas de surenchère particulière ou de folie excessive qui aurait pu alourdir le récit. Là tout est bien millimétré. Gros coup de cœur également pour la bande originale composée par Carter Burwell que j'ai vraiment trouvé époustouflante et en parfait accord avec le long métrage. Il y à de très belles mélodies dont certaines ont un certain pouvoir d'envoutement et/ou de fascination qui sont bien utilisé notamment avec les scènes de marionnettes par exemple.
Pour résumé, bien que j'avais de très grosses craintes au sujet de "Dans la peau de John Malkovich" pensant ne pas adhérer à ce genre de délire, dès les premières minutes je me suis retrouvé embarqué avec beaucoup de délices dans ce trip assez original qui au final m'a beaucoup amusé. Entre drame et humour en n'oubliant pas la psychologie de ses personnages, le film à en tout cas atteint son objectif pour moi. Le scénario est fort bien écrit, le casting remarquable, la mise en scène magnifique et la musique emballe joyeusement cette bonne surprise donc que je reverrais avec plaisir sans forcément devoir en abuser.
Ce que j'ai aimé :
- Le parfait mélange entre drame et humour
- Le trip assez original
- La bonne utilisation du concept sans tomber dans la biographie classique
- John Malkovich vraiment impeccable et tout en auto-dérision
- Le trio John Cusack - Cameron Diaz - Catherine Keener qui est parfait
- La folie qui se dégage du film associé à une certaine poésie
- Les différentes scènes avec les marionnettes
- La brillante mise en scène de Spike Jonze
- La sublime bande originale de Carter Burwell
Ce que j'ai moins aimé :
- Toute l'histoire sur les "vaisseaux" à prendre avant une certaine date