Avec la sortie de Django Unchained, il est bon de revenir aux origines du cinéma de Quentin Tarantino, le film qui a posé les bases d’un style : Reservoir Dogs
Reservoir Dogs raconte ainsi les conséquence d’un braquage qui a mal tourné sur une bande de truands qui se retrouve ensuite dans un hangar désaffecté alors que l’un d’eux s’est pris une balle et se vide de son sang. Le temps est compté et la décision de l’emmener ou non à l’hôpital est compliquée par la suspicion de chacun, pensant qu’il y a une taupe dans le groupe.
Sans jamais montrer le braquage, le film adopte une narration audacieuse, morcelée entre l’intrigue qui se déroule après le braquage dans ce hangar tandis que des flashbacks viennent apporter des compléments d’informations sur les révélations qui sont faites au fur et à mesure.
On reconnait alors avec cette construction narrative chapitrée l’une des marques de fabrique de Tarantino. Le scénariste s’amuse à déconstruire son histoire pour nous plonger directement dans l’action et entretenir le suspense et le mystère sur les personnages le plus longtemps possible afin de révéler leur véritable personnalité ensuite. Mais il impose aussi son style dans les dialogues travaillés et référencés pour s’adapter parfaitement aux personnages et aux acteurs qui les incarnent. Ainsi le film débute sur le groupe au restaurant avec une discussion passant de Madonna à l’utilité des pourboires. Des dialogues sans vrai lien avec l’histoire mais qui établissent tout de suite les rapports des différents personnages et les inscrivent dans notre réalité, permettant alors au spectateur de s’identifier à ces gangsters.
Les références, Tarantino les place dans ses lignes de dialogue enlevées mais elle sont aussi une part intégrante de son cinéma. Largement influencé par la série B, le western, le film de gangster ou film de sabre sans oublier l’horreur, il digère tous ces genres pour en livrer son interprétation sur des bandes-originales issues des 70′s et leur donner un côté cool et violent qui font son style. Ainsi, Reservoir Dogs devient un huis-clos de gangsters avec des personnages forts et à la violence exacerbée (tout le monde se rappelle de la scène de l’oreille sur Stuck in the Middle with you).
Mais Tarantino montre aussi dès ce premier film qu‘il arrive à s’entourer d’acteurs impeccables pour camper des personnages emblématiques (leurs surnoms permettent ainsi de les rendre plus iconiques, participant alors au côté « cool» de ses films). Si Harvey Keitel impose son expérience dans le rôle de Mr White, ce sont aussi Steve Buscemi (Mr Pink), Tim Roth (Mr Orange) et Michael Madsen (le diabolique Mr Blonde) qui marquent les esprits. Le réalisateur commence ainsi à se créer une famille de cinéma que l’on reverra régulièrement tout au long de sa filmographie.
Réalisé plutôt confidentiellement, le film sera sélectionné dans de nombreux festivals dont Sundance et Cannes où il fera sensation ! Tout de suite, il impose une nouvelle vision du cinéma indépendant américain, montrant qu’un alternative est possible à Hollywood et aux films d’auteurs classiques.
Très vite, la contre-culture va s’emparer de ces personnages et du style souvent copié mais jamais égalé du réalisateur, posant alors les premiers jalons du « culte et de la coolitude» de Tarantino. Et ce n’est que le prélude à ce qui va arriver ensuite avec le phénomène culturel que va représenter son second film Pulp Fiction !