Critique Cinéma : Syngué Sabour – Pierre de patience

Par Nivrae @nivrae

Syngué sabour – Pierre de patience est le nouveau film de Atiq Rahimi (Terre et cendres) qui sortira au cinéma le 20 février 2013

Synopsis : Au pied des montagnes de Kaboul, un héros de guerre gît dans le coma ; sa jeune femme à son chevet prie pour le ramener à la vie. La guerre fratricide déchire la ville ; les combattants sont à leur porte. Contre toute attente, elle libère sa parole pour confier à son mari ses souvenirs, ses désirs, jusqu’à ses secrets les plus inavouables.

Casting : Golshifteh Farahani, Hamidreza Javdan, Hassina Burgan, Massi Mrowat

D’après une vieille légende, il existe une pierre magique, appelée Syngué sabour, la « pierre de patience » à qui l’on souffle tous ses secrets, ses malheurs et ses souffrances, jusqu’à ce qu’elle éclate et nous en libère.

« Syngué sabour – Pierre de patience» est le nouveau film d’Atiq Rahimi, réalisateur et écrivain, qui adapte son livre du même nom, prix Goncourt 2008.

La femme n’a pas de nom, ni son mari, ni le jeune soldat qu’elle rencontre. Ils pourraient être n’importe qui dans un Afghanistan enferré dans une guerre civile interminable. La femme, admirablement interprétée par Golshifteh Farahani, a vécu jusqu’à ce moment dans l’ombre de son mari. Pareille à un objet, un trophée, elle restait à la maison en attendant le retour du guerrier, ne sortant que sous une lourde burqa. La nouvelle situation de son mari, paralysé après s’être battu, va changer la donne. Elle va réapprendre à s’exprimer, à parler et sa parole va petit à petit la libérer de sa condition.

Dans ce film qui est presque complètement un huis clos, comportant de rares scènes à l’extérieur de la maison qui ne font que renforcer l’impression de danger permanent qui rôde autour des personnages, Golshifteh Farahani se transforme. D’abord négligée, sale, ne vivant que pour et par son mari, elle va peu à peu redécouvrir son corps, prendre conscience de sa situation et se révéler de plus en plus belle et libre à chaque scène.

L’image de Thierry Arbogast est magnifique (il est responsable de la photographie de presque tous les films de Besson mais a également travaillé pour Kusturica, Téchiné, Cassavetes, Kassovitz, Rappeneau, De Palma, Leconte…). La caméra sans cesse en mouvement tourne autour des personnages, en saisissant toutes les émotions et faisant de ce salon bleu un personnage à part entière.

Note : 9,5/10 Interprétation très forte de Golshifteh Farahani. Un film magnifique sur la libération par la parole. Dialogues, image, interprétation, tout y est.