American Horror Story Asylum, critique

Par Fredp @FredMyscreens

Après la maison hantée, voilà l’hôpital psychiatrique dément. Avec American Horror Story Asylum, Ryan Murphy continue d’explorer les mythes de l’horreur américaine et à épingler la folie de notre société dans un joyeux bazar.

Dans sa première saison de American Horror Story, Ryan Murphy nous offrait une relecture grossière mais plutôt enthousiasmante de la maison hantée et des faits divers assez glauques d’Amérique. Mais voilà, cette saison nous offrait une vraie fin et fonctionnait très bien comme une mini-série et il était difficile de poursuivre dans la même voie. Le créateur a donc eu l’excellente idée de donner une nouvelle identité à cette seconde plongée dans l’horreur à la télé et cette fois il va s’en donner à cœur joie dans la folie. Et pour cause, il s’installe maintenant dans un asile psychiatrique dans les années 60 et décidément quelque chose ne tourne chez les patients comme chez le personnel religieux et scientifique de l’institut.

Les premiers épisodes posant les bases n’y vont pas par quatre chemins et lancent tout de suite de multiples pistes. Opposition de la science et de la religion, possession démoniaque, serial killer, expériences nazies, enlèvements extra-terrestres, mutants, … on ne sait plus où donner de la tête tant les auteurs semblent s’éparpiller. Mais l’éparpillement vient aussi des personnages grossièrement taillés et qui naviguent tous entre raison et folie passagère. Bref, ils s’amusent sciemment à nous perdre dans cet hôpital qui semble n’avoir aucune issue et où la mort est peut-être le sort le plus enviable.

Comme pour la saison précédente, les créateurs n’y vont pas avec le dos de la cuillère et traitent leurs thèmes et la folie des personnages (joués en partie par les mêmes acteurs que la saison précédentes puisque Jessica Lange, Zachary Quinto ou Evan Peters sont de retour mais avec des rôles totalement différents) de façon assez grossière mais c’est toujours ce qui fait l’intérêt de la série. Ce côté malsain, très adulte et pessimiste nous intrigue toujours plus chaque épisode tandis que les différentes thématiques se regroupent petit à petit pour former un tout.

De l’histoire finalement assez émouvante de Kit au sombre passé de Soeur Jude en passant par l’horrible second visage du Dr Thredstone ou l’enquête journalistique de Lana, les mystères de cet asile labyrinthique sans échappatoire sont aussi déroutants que passionnants et à suivre et d’autant plus quand la science et la religion sont tous deux mis à mal dans cet société américaine si puritaine dès que la tentation sexuelle s’en mêle. On a alors un aperçu de la période charnière que représentaient l’après-guerre (on parle même d’Anne Franck dans cet hôpital) et les années 60 dans le domaine de la psychiatrie.

Le fil conducteur est donc moins linéaire que pour la première saison mais les thèmes sont ici bien plus variés et vont explorer bien plus en profondeurs certains aspects noirs de la société américaine et si l’on a du mal à s’attacher aux personnages toujours assez froids, c’est pour nous faire ressentir tout le malaise de cet asile dont l’ambiance est particulièrement réussie (on n’écoutera d’ailleurs plus jamais Sœur Sourire avec le même entrain). Ne prenant jamais les chemins les plus attendus, American Horror Story Asylum réserve son lot de surprises et de retournements de situations efficaces pour relancer en permanence l’intrigue et les rapports entre les personnages.

Avec son nouveau décor et ses nouveaux personnages, American Horror Story évolue de manière encore plus malsaine mais une ambition plus plus large dans les thèmes qu’elle aborde, détruisant toujours à petit feu certains mythes en en révélant toute l’horreur. On sera bien sur désarçonné au début mais plus on avancera dans ce labyrinthe de fous, plus on comprendra alors sa portée et ses personnages traumatisés. Impossible alors de détourner le regard de cette série décidément passionnante et on reste à l’affut de ce que les créateurs peuvent nous réserver dans la 3e saison.