Dans le bureau de John August

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Rien ne nous en apprend plus sur un auteur que d’examiner le lieu où il travaille. Si quelques scénaristes se vantent de pouvoir écrire n’importe où, la plupart d’entre eux ont besoin de se réfugier dans un lieu dédié. C’est dans ce sanctuaire qu’ils passent de longues heures solitaires à créer leurs histoires, coupés du reste du monde…

Je vous propose aujourd’hui de nous faufiler dans celui du scénariste triple A John August.

Né en 1971, John August s’est fait connaître en tant que scénariste, avec Go!, réalisé par Doug Liman, un film particulièrement remarqué au Festival de Sundance 1999. Après un passage éclair à la télévision (il signe trois épisodes de la série DC et un téléfilm), il participe à l’écriture des deux adaptations cinématographiques de Charlie’s Angels. Mais c’est sa collaboration fructueuse avec Tim Burton qui va faire de lui un auteur incontournable. Il a signé pour le génial cinéaste les scripts de Big fishCharlie and the chocolate factoryCorpse Bride (co-écrit avec Caroline Thompson & Pamela Pettler), et plus récemment Frankenweenie. Il collabore actuellement à l’adaptation en comédie musicale de Big Fish et vient de concevoir avec un designer une déclinaison de la police de caractère Courier (celle qui est utilisée pour l’écriture de scripts aux USA), Courier Prime, spécialement à l’usage des scénaristes.

Sur son site web, John August dispense de judicieux conseils aux auteurs débutants qui lui adressent leurs questions par mail. Il y est question du métier de scénariste, à travers le prisme de l’industrie Hollywoodienne, mais aussi de dramaturgie au sens large, et dans ses moindres détails. Il propose également un passionnant podcast hebdomadaire, Scriptnotes, qu’il enregistre en compagnie de son confrère Craig Mazin (vous pouvez l’écouter sur le site ou vous y abonner via iTunes).

C’est justement sur son site que le scénariste a confié sa routine d’écriture, en voici un condensé:

  • Le bureau de John August, dont je n’ai pu trouver aucune image, désolée, est installé dans une pièce au-dessus de son garage. Son époux et sa fille n’ont pas le droit d’y faire intrusion aux heures de travail: 8h30/18h.
  • Il consacre ses matinées au blog, à son courrier et autres activités geekesques tout en faisant de la gym sur un tapis roulant, et ce grâce à son iPad.
  • Il essaie d’écrire 5 pages/jour.
  • Il s’éloigne de son domicile quelques jours lorsqu’il entame un nouveau scénario. Il s’enferme dans un hôtel, si possible dans une ville en rapport avec le projet, et écrit un premier jet à la main pour éviter la tentation de corriger/réécrire avant d’atteindre la fin de l’intrigue.
  • Il utilise toujours un calepin de format lettre, papier blanc ligné, et avec une couverture verso très rigide.
  • Son stylo favori est le Pilot G2 noir. Il corrige en couleur.
  • Chaque matin, il faxe cette prose papier à l’un de ses assistants afin qu’il le saisisse sur ordinateur.
  • Lorsqu’il regagne son domicile, il a produit une quarantaine de pages.
  • Sa ville favorite pour ces cessions d’écriture est… Las Vegas!
  • En bon Apple addict, Il travaille sur Mac Book Pro et possède un Macbook Air 13 pouces pour ses déplacements.
  • Il utilise principalement le logiciel Final Draft mais lui fait quelques infidélités avec Movie Magic Screenwriter et Scrivener.
  • Au rayon apps de la mort qui tue, il prise particulièrement Evernote et Dropbox, OmniFocus, ToDo, Listary…
  • Il se dit de moins en moins psychorigide au sujet de ses rituels et tics d’écriture.

Je vous recommande la lecture d’un beau portrait de John August dans les colonnes du New York Times, même s’il date un peu, et d’une interview triple platine accordée au webzine About Creativity. Vous pourrez (re)découvrir à quoi ressemble une semaine de cette superstar du scénario dans les colonnes de Vulture, via la chronique The Vulture Diaries.

Voici en bonus deux vidéos qui valent le détour:

John August répond aux questions des lecteurs de son blog au sujet de Frankenweenie

…et livre quelques conseils d’écriture aux auteurs débutants: