Nouvelle édition du S.A.V des lecteurs, rubrique à l’attention des jeunes Padawans dans laquelle je traite les interrogations et thématiques qui reviennent le plus souvent dans vos mails, n’ayant pas le temps d’y répondre individuellement, en espérant que cela puisse profiter au plus grand nombre. Je vous propose aujourd’hui d’aborder une question purement logistique/stratégique mais ô combien cruciale…
Bon, je pense que vous connaissez en fait la réponse, au-revoir et merci.
Non soyons sérieux deux secondes. S’il est possible pour un auteur confirmé, de vivre où bon lui chante, à condition d’effectuer des allers-retours réguliers vers la capitale, il serait utopique de croire débuter une carrière de scénariste en résidant en province. Il existe désormais des possibilités de formation régionales mais encore faut-il passer de la théorie à la pratique.
Si vous ne résidez pas en région parisienne (ou assez près pour vous y rendre très souvent), jeunes Padawans, autant vous le dire: vous sabotez vos chances.
Oui, bien entendu, il est possible de démarcher des producteurs, par mail et téléphone, de leur envoyer vos scénarios par la Poste, sauf que ce n’est pas de cette façon, sauf très rares exceptions, qu’on débute une carrière.
On ne devient pas scénariste en écrivant des scénarios, on le devient en se créant un réseau, en collaborant avec de jeunes cinéastes, en montant des projets susceptibles d’attirer l’attention d’un producteur, en tournant des courts-métrages par exemple. Pour débuter une carrière il faut briser son isolement au plus vite en rencontrant:
- des cinéastes et techniciens via festivals, projections, soirées…
- d’autres auteurs via des associations comme Séquences 7 ou la Maison du Film Court
A moins de disposer d’une telle « bande » sur votre lieu de résidence, il vous faudra songer sérieusement à migrer vers l’Ile de France… Je sais bien que les loyers y sont plus onéreux, que les logements y sont plus rares, que c’est compliqué de déménager lorsqu’on n’a pas d’emploi salarié, blablabla. Le souci c’est que tout le monde s’en fiche.
Imaginez que vous ayez sollicité un producteur par mail ou courrier et que par chance il vous passe un coup de fil pour prendre rendez-vous. Les professionnels sont tous très occupés, croyez-vous vraiment qu’ils s’adapteront à vos disponibilités de déplacement? Ça marche quand on est auteur bankable, pas avant.
Un scénariste professionnel passe effectivement beaucoup de temps chez lui derrière son ordinateur, mais il a fréquemment rendez-vous avec des producteurs, co-auteurs, cinéastes, conseillers des programmes, avec son agent. Il rencontre d’éventuels collaborateurs, son agent l’envoie pitcher aux quatre coins de la capitale. On le convoque parfois sur un tournage pour affiner des scènes, voire au montage si le réalisateur en éprouve le besoin. Croyez-le ou non, on l’invite aussi à des soirées, des projections, des avant-premières, des remises de prix. Quand ce genre de sollicitations arrivent, il est délicat de les refuser. Un(e) scénariste français(e) en activité est un(e) scénariste qui arpente beaucoup les rues de Paris. C’est pour cette raison qu’il me faut beaucoup de shoes… Hem pardon, je m’égare…