En comics, il n’y a pas que les super-héros et les polars. Certains auteurs s’essaient à d’autres genres et y réussissent parfois. C’est le cas de Rick Remender qui nous livre un bel hommage à la SF décomplexée avec Fear Agent !
Avant de devenir l’un des auteurs phares de Marvel avec Uncanny X-Force et maintenant Uncanny Avengers, Rick Remender s’est fait connaitre avec une création qui lui était propre : Fear Agent. Avec l’aide de Tony Moore (les premiers épisodes de Walking Dead) et Jerome Opena (qu’il retrouvera donc ensuite sur Uncanny X-Force), il installe donc un univers de SF foisonnant que nous pouvons découvrir dans le premier tome du recueil publié par Akileos (regroupant les 3 premiers arcs : Re-Ignition, Ma Guerre et Le Dernier Adieu).
Nous y faisons la connaissance de Heath Huston, exterminateur d’extraterrestres solitaire, dépressif et alcoolique. Sa seule mission : sauver l’humanité de toute menace venant de l’espace. L’une de ses missions va mal tourner et il va malencontreusement remonter dans le temps. Est-ce la chance de réparer une erreur à venir ou au contraire, sera-t-il la source de tous les malheurs à venir ?
Au cours d’un récit trépidant, nous allons apprendre à connaitre ce personnage haut en couleur et nous attacher à lui malgré ses défauts et son machisme latent. Mais avant cela, Rick Remender va rendre un bel hommage aux comics pulps et aux séries B de SF de la bonne époque (Buck Rogers n’est pas loin) en nous immergeant dans un monde avec un bestiaire plutôt bien fourni et aux règles bien établies entre les espèces. Mélangeant à grande vitesse les extra-terrestres, belle pépée en combi, robots, expériences étranges, rayons lasers, vaisseaux spatiaux et voyages dans le temps, l’auteur la joue second degré pour faire passer la pilule d’un récit qui s’éparpille parfois mais se révèle finalement assez maitrisé.
Mais plus qu’un simple hommage ou parodie, Fear Agent développe tout de même un univers propre et va surtout s’orienter vers d’autres territoires qui vont apporter bien plus de profondeur au récit, en particulier dans le 3e acte du récit. Peu à peu, nous apprenons donc à connaitre l’origine de Huston et des Fear Agents dans une contexte dramatique et donc nous comprenons les failles de notre héros. Ce flash-back apporte alors encore plus de cohérence à la BD et lui redonne une dimension humaine qui avait tendance à lui manquer.
Fear Agent est la BD qui a pleinement révélé Rick Remender et on comprend pourquoi à la lecture. L’auteur navigue de manière assez juste entre les différentes ambiances avec un héros qui se révèle moins manichéen à chaque avancée dans l’aventure. Il commence aussi ici à explorer des intrigues (voyage dans le temps, violence, …) qu’il continuera d’investiguer plus tard dans ses autres séries et surtout, il impose un style assez unique dans sa narration imprévisible aux tons multiples et ses personnages.
Il ne faudrait pas oublier toutefois la patte spéciale qu’apportent Tony Moore et son style plutôt cartoony qui s’adapte bien à la première partie et de Jerome Opena alors débutant se débrouillant plutôt bien.
Si les comics de SF se font plutôt rares, il ne faudrait pas bouder son plaisir à la lecture de ce Fear Agent qui a révélé des auteurs et a remis le genre au goût du jour, s’amusant du côté rétro avant d’aller plus en profondeur avec un personnage dont le charisme commence tout juste à prendre forme et que l’on a bien envie de revoir.