Pour la sortie ciné du lamentable Die Hard 5, il est temps de remettre les pendules à l’heure et de rappeler à tout le monde ce qu’est un véritable Die Hard et qui est vraiment John McClane dans le meilleur film d’action des années 90 : Une Journée en Enfer !
Après avoir dynamité les codes du film d’action et offert à Bruce Willis le statut de star à l’aube des années 90 avec Piège de Cristal, John McTiernan était (entre autres) allé collaborer avec un autre gros bras pour pour se moquer de ces autres films qui ont pullulé à la fin des années 80 (Last Action Hero). Pendant ce temps, le studio ne pouvait pas attendre pour donner une suite à Die Hard, surtout après le succès au box office du premier volet. C’est donc Renny Harlin qui avait repris les commandes pour une suite tout à fait honorable (58 Minutes pour vivre), dans la droite lignée de ce qui avait fait le succès de la première aventure de John McClane.
En 1995, McTiernan revient aux commandes de la saga qu’il a initié et va à nouveau bouleverser les codes du film d’action ! En gardant l’esprit du premier volet et surtout en poussant encore plus le caractère anti-héroïque de John McClane, il fait exploser les règles en ne se cantonnant plus à un lieu fermé mais en prenant toute une ville en otage de manière diabolique. En effet, après un attentat en plein New-York, son auteur, le mystérieux Simon, va jouer à un jeu avec John McClane. Pour quelles raisons ? et qu’est-ce que ce jeu cache réellement ? Des questions auxquelles notre flic mal luné va devoir répondre au plus vite !
La réussite de ce nouveau volet de Die Hard est donc d’abord due à un scénario incroyablement malin, mélangeant astucieusement la menace pour la ville mais aussi créant un lien fort entre le méchant Simon et McClane. Entre jeu de pistes et révélations au compte goutte, la construction de l’histoire est un véritable bonheur dont les rebondissements au timing calculé nous tiennent en haleine pendant plus de 2 heures. Mais ce scénario permet aussi d’approfondir John McClane, héros loser qui a perdu sa femme, se noie dans l’alcool et doit maintenant sauver la ville. Une responsabilité qu’il n’a jamais demandé mais il fera ce qu’il faut pour mener à bien sa mission avec l’intelligence nécessaire pour faire face au méchant diabolique sans vraiment répondre aux règles.
Et ce scénario est mis en scène par un McTiernan au top de sa forme ! Le réalisateur anticonformiste prend un plaisir immense à fait crapahuter son héros dans New-York pour répondre aux énigmes farfelues de Simon et fait monter l’enjeu de l’histoire avec une tension exemplaire. On s’accroche autant au fauteuil devant McClane conduisant son taxi dans Central Park que lorsqu’il s’échine à remplir un bidon de 3 gallons d’eau pour éviter qu’une bombe explose. Nous accrochant dès les 30 premières secondes et enchainant les séquences d’anthologie avec un sens du rythme et du découpage imbattable le réalisateur montre ici tout ce que doit être un film d’action contemporain, explosif et intelligent.
Sa réussite, le réalisateur la doit aussi à ses acteurs. Évidemment, Bruce Willis est impeccable dans la peau de McClane toujours aussi déglingué mais il a cette fois avec lui un acolyte de poids : Samuel L. Jackson. Prenant le contre-pied du buddy movie qui cartonnait grâce à l’Arme Fatale, les deux personnages ne se connaissent pas et se retrouvent tous les deux dans la même galère de manière inattendue avec le même état d’esprit (ils en veulent à la société, n’hésitant pas au passage à pointer du doigt le racisme). Devant faire équipe malgré tout pour empêcher le pire dans la ville, il vont devoir affronter le méchant le plus charismatique de la saga incarné par un Jeremy Irons machiavélique au possible qui impose sa présence par sa simple voix au téléphone.
Des personnages bien écrits, aux réactions naturelles, un scénario intelligent et une mise en scène à la maitrise explosive font donc de cette Journée en Enfer de John McClane le sommet de la saga Die Hard mais aussi et surtout un véritable monument du cinéma d’action américain rarement égalé depuis. D’ailleurs son influence n’est pas négligeable sur les films qui suivront, même encore jusqu’à aujourd’hui (la trilogie Dark Knight de Nolan doit beaucoup à ce volet de Die Hard), sans toutefois atteindre cette maîtrise. Avec ce Die Hard, McTiernan a bien montré qu’il était le réalisateur d’action par excellence.