Lors de la sortie cinéma de Looper en octobre dernier, nous avions rentré le réalisateur Rian Johnson dans le cadre d’une table ronde à laquelle était présent l’ami du Chroniques de Canapé Interaglactique. Bizarrement, nous n’avions pas encore publié cet échange. Avec la sortie vidéo du film, il était donc temps de lever le voile sur sa vision de la violence ou un avenir éventuel du film.
Dans Looper, il y a une manière assez spéciale d’aborder la violence et celle-ci arrive toujours de manière inattendue avec des changements de tons qui se démarque de la SF classique. Comment abordez-vous la violence dans vos films ?
D’une certaine manière, mes films ont toujours abordé la violence. Parfois je suis ennuyé par la violence qui est montrée au cinéma. Certains réalisateur font cela pour la dénoncer, d’autre l’utilisent de façon irresponsable ou la glorifient et la présentent de manière gratuite.
Pour moi ce film pose la question de la violence avec une autre notion, peut-on résoudre le problème en trouvant sa source, le méchant et en le tuant ? et est-ce que ça marche ou est-ce que cela va créer un cycle infernal ? Quelqu’un tue la personne que vous aimez et vous les tuez, quelqu’un qui les aimaient va alors chercher à vous tuer etc … c’est un cercle sans fin et est-ce que la violence est donc une manière d’y répondre appropriée ? C’était important pour moi que la violence soit une part du film et de la montrer telle qu’elle est pour en ressentir les effets.
Dans vos films, il y a une autre dimension plus psychologique où vos héros se retrouvent face à eux-même, les rendant alors plus humains.
Oui c’est vrai, et ici, ce n’est pas seulement entre Joe et sa version future. Joe se voit aussi dans le personnage de Syd et il y a des parallèles entre chaque personnages, notamment autour de la figure de la mère disparue. C’est bien ce que j’ai voulu écrire alors je suis heureux que vous l’ayez saisi.
Dans Looper, mine de rien, il y a déjà tout un univers que vous créez et que l’on ressent, que l’on aimerait même explorer davantage. Aimeriez-vous y retourner pour une suite, un spin-off, une série, un comics, … ?
C’est une idée intéressante. C’est chouette que vous pensiez que l’univers que j’ai créé peut receler d’autres histoires, merci. Mais j’ai crée ce monde pour être au service de cette une seule histoire et celle-ci est maintenant terminée donc je ne pense pas y retourner. Après, par exemple, quelqu’un d’autre m’a dit « vous pourriez faire quelque chose autour du « rainmaker» ". Mais une part de moi pense que c’est peut-être plus cool de garder cette part de mystère non ?
En même temps, je viens d’y passer 4 ans de ma vie alors j’ai besoin de passer à autre chose de très différents. En ce moment j’écris autre chose, toujours dans la SF mais très différents de Looper, moins violent. J’y verrais plus clair dans 1 an.
Aujourd’hui les séries télé deviennent plus intéressantes que beaucoup de films. Est-ce que vous seriez intéressé pour développer une série sur le long terme avec des personnages à explorer non plus sur 2 heures mais 10 ou plus ?
Oui, quand je vois des gens talentueux qui s’en sortent super bien et qui font du beau boulot, ça donne envie en tout cas d’y réfléchir. Mais ça m’effraie et j’aime le fait que le film soit en 2 heures un objet fini que vous pouvez ensuite regarder de différentes manière avec du recul. C’est vraiment une manière différente de raconter une histoire. J’adore les séries mais je suis toujours vraiment attaché aux films de 2 heures qui peuvent nous divertir et nous faire vibrer.
Retrouvez d’autres extraits de l’interview chez Chroniques de Canapé Interaglactique.