Si Internet est un puissant vecteur d’information, de recherche, c’est aussi une formidable opportunité de nouer des contacts. Mais l’apparente proximité que créé la Toile peut induire les auteurs débutants en erreur. Attention, jeunes Padawans, échanger des mails avec un professionnel de l’audiovisuel ou du cinéma ne fait pas de lui votre ami, il faut y mettre « les formes ».
Voici un petit guide de bonnes manières.
Comme dans bien des domaines, les professionnels de l’audiovisuel, du cinéma, cela se comprend aisément, sont bien moins réticents à communiquer leur adresses mails que leurs coordonnées personnelles. Pour un aspirant scénariste qui n’a pas l’appui d’un producteur, l’email est bien souvent le seul moyen de contacter un scénariste ou réalisateur reconnu sans passer par le traditionnel barrage assistant-agent-attaché de presse.
Mais cette accessibilité de façade est à double tranchant : il est encore plus facile de « zapper » un mail qu’une lettre ou un appel téléphonique. Ainsi, la plupart des démarches effectuées sur le Net demeurent-elles infructueuses et les jeunes auteurs, les apprentis cinéastes se consolent en clamant haut et fort que le succès a rendu leurs interlocuteurs prétentieux et égoïstes.
Soyons réalistes, si la plupart de ces emails restent sans réponse, c’est parce qu’ils sont maladroits, incorrects, comme si la simplicité de l’expédition avait fait perdre à leurs auteurs tout leur bon sens, voire leurs bonnes manières.
Même s’il est facile et rapide d’envoyer un mail, lorsqu’il s’agit d’une démarche professionnelle, il faut autant soigner ce courrier qu’une lettre manuscrite.
Faisons un rapide inventaire de ce qu’il vaut mieux faire ou ne pas faire lorsqu’on démarche sur le Net.
1. Soigner sa présentation
Cela peut paraître évident mais trop d’internautes négligent ce « détail ». Que cela soit sur papier ou sur écran, il est très laborieux de lire un courrier mal aéré (qui n’est pas découpé en paragraphes). Écrire un mail ne dispense pas de soigner la syntaxe et la ponctuation. Attention également à la grammaire et à l’orthographe, il ne faut pas oublier que ce mail doit démontrer le sérieux et le professionnalisme de son auteur. Il ne faut jamais utiliser d’abréviations, de formules familières, un mail n’est pas un SMS !
2. Être poli
Là, je donne peut-être l’impression d’enfoncer des portes ouvertes mais je suis bien placée pour savoir que la plupart des mails font l’impasse sur les usages.
N’oubliez jamais de saluer votre interlocuteur dès la première ligne du mail. Et, par pitié, ne le tutoyez pas !
Quatre-vingt-dix-neuf fois sur cent, vous le contactez pour lui demander quelque chose, alors faites-le poliment : utilisez des formules comme « je vous serais extrêmement reconnaissant si… » ou « auriez-vous l’extrême obligeance de… », « en vous remerciant par avance »… Il ne s’agit pas d’être servile mais aimable. C’est une simple question de respect. A la fin du mail, pensez à remercier votre interlocuteur d’avoir pris le temps de lire ce courrier et saluez-le à nouveau.
3. Agir en professionnel
Si l’on démarche par mail dans un cadre professionnel, le courrier électronique joue le rôle de candidature spontanée. En clair, il s’agit de rédiger une lettre de motivation. Comment s’y prendre ? De la même manière que pour un courrier papier :
- Dans un premier paragraphe, on se présente brièvement : on se nomme à son interlocuteur (il n’a pas à attendre la signature du mail pour savoir qui lui écrit), et on résume son parcours. On peut parler de sa formation, de son expérience, l’important est d’exposer en une ou deux phrases ce qui vous amène à vouloir exercer ce métier.
- Ensuite, on explique clairement pourquoi on s’adresse à ce professionnel en particulier. Ça, c’est l’une des omissions les plus communes et elle est rédhibitoire. Je vous rappelle qu’il s’agit de donner envie à votre interlocuteur de vous venir en aide. S’il a l’impression (et c’est souvent le cas) que vous avez trouvé ses coordonnées au hasard (le premier nom sorti d’un moteur de recherche ou d’un annuaire en ligne), il ne terminera même pas la lecture du mail. Avant de contacter un professionnel par mail, il est indispensable d’effectuer un travail de recherche afin de lui prouver dans ce courrier que l’on connaît et apprécie son travail, que l’on se sent proche de son univers et que c’est pour cette raison qu’on le contacte. C’est la grande difficulté de l’exercice car il faut argumenter. Ne soyez pas paresseux, c’est précisément sur ce passage que se jouera l’issue de votre démarche.
- Troisième étape, on expose sa requête. Soyez brefs et surtout pas vindicatifs, n’oubliez pas les règles de politesse. Rien n’oblige votre interlocuteur à vous aider, c’est à vous de lui en donner l’envie. Pitchez votre projet en quelques lignes et expliquez au destinataire du mail que vous souhaiteriez son avis, voire son aide.
- Enfin, n’oubliez pas de signer votre mail.
Vous pouvez éventuellement joindre un CV à votre mail, à condition bien entendu qu’il soit un peu étoffé (dans des domaines en rapport avec votre démarche). Mais c’est la seule pièce jointe autorisée, j’y reviendrai.
4. Ne pas lécher les bottes de son interlocuteur
N’en faites pas des tonnes. Si vous n’êtes pas sincères, votre interlocuteur le sentira tout de suite. Ne prétendez pas avoir vu (ou aimé) un film si ce n’est pas le cas. Ne vous déclarez pas un fan de la première heure à moins que cela soit vrai. Soyez aimable, tentez de communiquer votre passion, c’est amplement suffisant.
5. Ne pas abuser
C’est sans aucun doute l’erreur la plus grave, la plus grossière, que commettent les internautes. N’envoyez jamais un projet qui n’a pas été sollicité par votre interlocuteur au préalable ! C’est impoli et cela annule d’entrée de jeu toutes vos chances. Dans votre mail, vous devez uniquement lui demander s’il est d’accord pour lire votre projet, auquel cas, vous vous proposerez de lui faire parvenir par mail ou courrier, selon son choix (il ne voudra certainement pas imprimer lui-même un texte de plusieurs pages ou le lire sur l’écran).
N’oubliez jamais que le professionnel que vous contactez :
- N’est pas à votre disposition. Il ne vous connaît pas et n’a aucune raison, à priori, d’effectuer gracieusement un travail pour lequel des professionnels reconnus le rémunèrent.
- Reçoit plusieurs mails comme le votre chaque semaine (chaque jour pour les plus sollicités) et, même avec la meilleure volonté du monde, il n’a pas le temps de tout lire.
Ne demandez pas de rendez-vous dans un premier temps. Si votre correspondant accepte de lire votre projet, il sera alors temps de lui suggérer une rencontre. Dans le meilleur des cas, c’est même lui qui le proposera.