De : Peter Weir.
Avec : Jim Carrey, Laura Linney, Natascha McElhone, Ed Harris, Noah Emmerich, Holland Taylor, Paul Giamatti, Peter Krause, Harry Shearer, Philip Baker Hall...
Genre : Comédie - Drame.
Origine : États-Unis.
Durée : 1 heure 43.
Date de sortie : 28 octobre 1998.
Synopsis : Truman Burbank mène une vie calme et heureuse. Il habite dans un petit pavillon propret de la radieuse station balnéaire de Seahaven. Il part tous les matins à son bureau d'agent d'assurances dont il ressort huit heures plus tard pour regagner son foyer, savourer le confort de son habitat modèle, la bonne humeur inaltérable et le sourire mécanique de sa femme, Meryl. Mais parfois, Truman étouffe sous tant de bonheur et la nuit l'angoisse le submerge. Il se sent de plus en plus étranger, comme si son entourage jouait un rôle. Pis encore, il se sent observé.
Bande annonce originale
"Au cas où on ne se reverrait pas d'ici là, je vous souhaite une bonne soirée et une excellente nuit."
"The Truman Show" fait parti de ses petits films que je vois assez souvent sans me lasser. Du coup, lorsqu'une nouvelle occasion s'est présenté, même si j'avais déjà revu le film il y à quelques semaines à peine, c'est tout de même avec beaucoup de plaisir que je me suis remater le dvd de ce long métrage.
C'est peut être parce que je suis de la génération "télé-réalité" que ce film me parle bien mais j'aime beaucoup le scénario écrit par Andrew Niccol. Je trouve qu'il est brillamment écrit en réussissant à nous offrir une comédie très drôle et en même temps, une parfaite satire de la société dans laquelle nous évoluons. En effet, devant ce film, on ne peut s'empêcher de rire jaune tant l'on est devant un spectacle qui surprend à peine à une époque où tout se montre dans un voyeurisme parfois extrême. Dénonçant ainsi la télé réalité avec une certaine intelligence, le film se paie le luxe de poser les bonnes questions.
En effet, si en tant que simple spectateur du spectacle qu'on veut nous proposer on à de quoi s'indigner comme le personnage de Sylvia, j'ai trouvé que le personnage de Christof apportait un contre poids assez juste sur le monde extérieur. Chacun défends bien sûr son bifteack avec ses arguments, qu'on y adhère ou non, et au milieu de cette bataille, on retrouve le fameux Truman qui va avoir toute notre sympathie. Drôle dans la naïveté et l'innocence du rôle qu'il à bien malgré lui, il est aussi très émouvant lorsqu'il cherche à comprendre ce qu'il se passe autour de lui. On sens cette détresse, cette peine dont seul lui ignore qu'elle est fictive et c'est peut être pour ça aussi que le débat sur les limites de la télé réalité trouve sa place.
L'intelligence du scénario, c'est aussi de ne pas rester cantonner à son simple sujet. Le film aurait très bien pu se cantonner au pour et au contre de ce genre d'émission mais il va aussi beaucoup plus loin en offrant un regard plus large sur la société. On dénonce bien sûr un voyeurisme assez malsain (allant même jusqu'à son paroxysme avec par exemple le mec qui suis ses aventures de son bain...) mais aussi tout un système de consommation avec le sujet des produits dérivés et autres marques qui s'insère dans ce programme avec plus ou moins de subtilités comme si cela était normal. On va consommer au bar pour suivre Truman, on va remplir sa maison de grand mère avec des cousins Truman qui ferait jalouser la Reine d'Angleterre, on insère de façon totalement grossière des placements de produits dans l'émission... L'un allant jamais très loin sans l'autre, j'ai trouvé ça intéréssant de voir que le concept avait été poussé jusqu'à son plus grand extrême afin de rendre le film encore plus saisissant et paradoxalement très réaliste.
C'est ce côté réaliste aussi qui m'a frappé. Bien sûr ce genre d'émission n'existe pas (même si on en est pas loin on filme bien des mères en train d'accoucher ou des gens en train de se marier au nom de la télé réalité...) mais il est assez surprenant de voir qu'en tant que spectateur, on est pas non plus choqué plus que ça devant ce film. La situation ne parait pas si impossible que ça surtout avec l'évolution de la technologie (dont on fait d'ailleurs références) et ce genre de concept télévisuel pourrait très bien arrivé sans que l'on trouve ça si irréel que ça avec là encore sans doute un combat entre ceux qui défendent la liberté de chacun et ceux qui l'exploite.
J'ai bien aimé aussi les différentes limites que se genre de programme peut avoir. En effet, embourbé dans ses mensonges, on aura le droit à des explications plus que douteuses pour faire croire à Truman que tout ce qu'il vit et "réel" (la scène de l'ascenceur par exemple) et au delà de ça, on n'hésite pas à avoir un certain humour noir pour dépeindre le portrait de ceux qui exploite notre héros que ce soit les producteurs qui pensent en terme d'argent ou d'audimat où bien même le créateur lui même qui lors d'une interview ira jusqu'à justifié la protection sur sa vie privée...
Au delà de toute cette peinture cynique sur ce genre de spectacle qui nous démontre quand même des choses que l'on sais déjà sur ce sujet et que j'ai beaucoup apprécié, j'ai bien aimé aussi le sorte de lien père-fils qui est tissé entre Truman (à son insu) et Christof, son créateur. Derrière tout le côté grotesque de sa création télévisuel et le ridicule de certaines de ses justifications (même si certaines tiennes la route qu'on y adhère ou non), on sens que ce dernier à un certain côté protecteur. Il y à un amour malsain du créateur envers son rat de laboratoire, un amour d'un père qui veut sur-protéger son fils et qui ne veut pas le voir quitter son cocon familial quitte à le mettre en danger quand il refuse de se rendre à l'évidence que ses mensonges deviennent de plus en plus grotesque. J'ai aimé la façon de nous montrer cette relation "fictive" où on sens quand même que le créateur à de l'affection pour Truman allant même jusqu'à l'accompagner sur ses écrans lorsque celui ci dors. Ca ne pardonne pas tous les actes de Christof, ça ne les justifie pas mais ça apporte une dimension intéressante au film je trouve.
Si le film fonctionne, c'est aussi parce qu'au delà de son sujet extrêmement sérieux et qui tient la route, le long métrage mélange de façon très habille la comédie et le drame. En effet, sur le papier le sujet ne fait pas rire. La course au profit, la privation de liberté, le voyeurisme malsain d'une société de consommation... tout ceci est même très dramatique et dépeins avec un certain tact je trouve mais à côté de ça, il y à aussi un humour frais qui fait du bien, une bouteille d'oxygène qui rend le sujet moins oppressant et surtout nettement moins moralisateur. Le film prend le parti de critiquer ce genre de spectacle sans pour autant critiquer (ou alors dans la parodie) ceux qui le regardent. Le film essaie d'enlever un voile sur des vérités qu'il est parfois bons de rappeler sans pour autant taper sur ceux qui accepte ce genre de divertissement. L'humour du film aide beaucoup aussi à se que le message rentre dans les esprits le tout saupoudré par une fine romance que j'ai trouvé aussi très belle surtout qu'elle est plus appuyé par un jeu de regards que par des actes.
Le scénario est excellent mais pour qu'il puisse toucher le spectateur il fallait aussi un casting de très grande qualité et une tête d'affiche qui tiennent le film sur ses épaules. Le long métrage possède tout ça. Une distribution d'une très grande qualité avec en tête d'affiche un Jim Carrey en Truman Burbank exceptionnel. Difficile d'ailleurs (mais je ne suis peut être pas objectif) de voir un autre comédien dans la peau de ce personnage haut en couleurs. L'acteur nous livre bien entendu ses éternels mimiques qui pourront une nouvelle fois déplaire à ses détracteurs mais j'ai trouvé ici qu'elles étaient plus dosés que d'habitude et qu'elle trouve même leurs places dans ce show télévisuel ou de toute façon tout est dans l'exagération. A côté de ça, Jim Carrey n'oublie pas de donner une dimension très humaine à son personnage. Il n'est pas que le clown de service, il est aussi l'homme dépassé par ce qui lui arrive, l'homme qui cherche à comprendre. Dans ce registre un peu plus dramatique, l'acteur y est tout aussi excellent qu'émouvant. On éprouve ainsi une très grande sympathie pour son personnage ce qui donne une plus grande ampleur au film et à son sujet.
A ses côtés, le reste de la distribution n'est pas en reste comme Laura Linney en Meryl - Hanna Gill parfaite avec son personnage qui joue beaucoup sur l'image. Que ce soit lors de son interview qui sonne de façon assumé totalement fausse et promotionnelle ou lorsqu'elle "devient" la femme de Truman ou elle incarne la femme au foyer lisse et transparente (toujours de façon assumé), la comédienne est excellente. On ne peut d'ailleurs que rire lorsqu'elle insère de façon grossière sa publicité pour du cacao ou un couteau multi fonction tout comme on peux rire aussi devant l'image pathétique et riche de clichés qu'elle incarne en tant que femme au foyer. L'actrice s'en sors vraiment bien et nous montre plusieurs palettes à son jeu qui nous permet de bien nous rendre compte de quel personnage elle joue. Les passages où elle à peur et ou elle sors de son rôle de Meryl sont d'ailleurs assez bluffant en terme de contraste à mes yeux.
Ed Harris dans le rôle de Christof est lui aussi excellent. Charismatique, on le voit très bien dans la peau de ce créateur qui exploite sans scrupule Truman tout en ayant de l'affection pour lui. Bien qu'il arrive un peu tardivement dans cette intrigue, l'acteur trouve tout de suite sa place et démontre vite l'importance qu'il à en tant que "marionnettiste". Là encore, on adhère ou pas à ses discours j'ai quand même bien aimé la façon qu'Ed Harris interprète ce personnage avec d'un côté le créateur sur de lui et de l'autre le père spirituel ultra protecteur. De plus, j'ai trouvé ça bien pensé de lui donner une grande importance sansjamais faire en sorte qu'il vole la vedette à Jim Carrey. Ed Harris fait son job de façon excellente sans tirer la couverture à lui mais tout en marquant les esprits sur son rôle dans cette histoire.
J'ai bien aimé aussi Noah Emmerich dans le rôle de Marlon - Louis Coltrane. Lui aussi jouant beaucoup avec les clichés et le côté lisse de son personnage fictif, l'acteur reste tout de même assez crédible dans la peau du vrai-faux meilleur ami. Il possède d'ailleurs un intérêt assez intéréssant et bien exploité je trouve lorsque la production veut recentrer Truman en fonction de ses choix scénaristiques. D'ailleurs, le mot "contrôle" et souvent lâcher pour expliquer comment on manipule Truman et même si finalement il n'excuse pas si bien que ça le principe de cette émission, il à au moins le mérite d'être assez clair. Et dans ce contrôle, Noah Emmerich à une très grande importance et joue bien le jeu.
J'aime beaucoup aussi Natascha McElhone dans la peau de Lauren Garland - Sylvia. Bien que je ne sois pas un fan de la première heure, c'est une actrice que j'apprécie toujours de voir à l'écran. Je trouve qu'elle joue bien et elle dégage un charme naturel que j'apprécie sans jamais jouer sur son physique. Ici, il y à tout un jeu de regard qui est fait avec Jim Carrey que j'ai grandement apprécier. J'ai ainsi trouver la relation entre leurs deux personnages assez émouvante et très touchante avec un fond de sensualité qui ne m'a pas déplu. Dans un film qui parle du voyeurisme de chacun, cette douceur dans le regard que le "couple" Jim Carrey - Natascha McElhone peut avoir m'a énormément plu. Il y à une romance qui s'installe que je trouve très fine et un jeu de regard qui m'a touché.
Le reste du casting est lui aussi très bon chacun sachant resté à sa place et chaque personnage étant exploité avec justesse. C'est ainsi que j'ai bien aimé le personnage tout aussi stéréotypé de Angela Burbank bien interprété par Holland Taylor tout comme j'ai apprécié de retrouver dans ce casting Paul Giamatti dans le rôle du responsable de la salle de contrôle qui lui va comme un gant. Dans ce monde de paraitre, difficile d'évoquer le voyeurisme sans rentrer dans le cliché des voisins avec une bonne interprétation que ce soit celui qui sors les poubelles avec sa très discrète caméra ou la famille modèle voisine qui vous fait de grand sourire avant que vous partiez au boulot.
Comme si cela ne suffisait pas, en plus d'un excellent scénario et d'un excellent casting, on à le droit à une superbe mise en scène alternant entre plans originaux d'une très grande beauté et plans très clichés mais assumés pour appuyés le contrôle de Truman. La caméra de Peter Weir propose des angles de vues très intéréssant avec toujours une recherche de la petite caméra qui sera bien placé pour nous rappeler que nous sommes dans un épisodes de télé réalité. Jamais linéaire, cette mise en scène apporte beaucoup de dynamisme à ce film sans jamais provoquer le moindre ennui chez le spectateur.
Le montage est lui aussi très réussi avec une alternance entre les passages très télévisuels et les passages plus dramatique qui nous rappelle le grotesque de certaines situations. La photographie et la lumière est elle aussi excellente. Elle n'hésite pas à utiliser le côté visuel de la télévision pour qu'on ressente bien dans quel univers on évolue. La surenchère parfois est ainsi bien pensé jusqu'à son moindre détail afin de rester dans le monde du spectacle comme ce soleil qu'on fait lever à notre guise ou à cette brume que l'on contrôle en fonction de l'intensité émotionnelle que l'on souhaite pour ne citer que ses deux exemples.
Les décors sont eux aussi très bons. J'ai bien aimé ce côté carton pâte qui fait bien penser à ses villes modernes des séries télévisées (façon Wisteria Lane de "Desperate housewifes") bien propre sur elle mais qui cache de grands secrets. Trop propre pour être vrai pour nous simple spectateurs mais ça s’intègre à merveille avec le sujet. Il y à en tout cas un mélange de couleurs que j'ai bien aimé avec en plus une exploitation de certains costumes qui vont bien dans ce monde ou tout le monde est sensé être tout gentil tout beau.
Visuellement, c'est en tout cas très réussi je trouve. Le mélange entre la réalité et le faux semblant est parfaitement homogène en tout cas et j'ai beaucoup aimé aussi les différents effets spéciaux qui ne cache pas leurs artifices là encore de façon volontaire. Impossible de sortir du spectacle, le spectateur en à encore plus conscience ce qui rend là encore le sujet encore plus fort. Esthétiquement, je trouve le long métrage très abouti et réussi en tout point. Chaque attrait de cette réalisation semble bien pensé, très intelligent et l'ensemble me bluffe toujours autant au fur et à mesure de mes visionnages.
Quant à la bande originale composée par Philip Glass et Burkhard Dallwitz, elle aussi me botte toujours autant. On sens bien les différences entre la fiction et la réalité. cette partition joue beaucoup avec les différents clichés, les ridiculise ou au contraire les transcende pour au final accompagner à merveille ce film en se retrouvant tout à fait à sa place. Chaque note m'a bien plu en tout cas. Je sais pas si sans les images cette musique aurait eu le même impact sur moi mais pour cette histoire, je trouve que la musique est bien dans le thème et joue beaucoup également sur le paraitre en accentuant le visuel de certaines scènes.
Pour résumé, "The Truman Show" est pour moi un film parfait que je ne me lasse pas de visionner. La critique envers la société et la télé réalité est aussi prévisible que subtile, aussi marquante que pertinente. Le long métrage aborde les dérives que l'on connait dans la télé réalité tout en le rendant encore plus percutant et en transcendant son sujet en le poussant vers une critique plus globale d'une société de voyeurisme et de consommation. Au milieu de tout ça, on découvre l'histoire d'un héros malgré lui aussi touchant que drôle dans ce classique du cinéma très intéréssant qui se regarde aussi bien comme une thèse que comme un simple divertissement. Pour ma part je ne m'en lasse pas avec en prime un Jim Carrey dans l'un de ses plus beaux rôles. Un film à voir.
Ce que j'ai aimé :
Ce que j'ai moins aimé :
Avec : Jim Carrey, Laura Linney, Natascha McElhone, Ed Harris, Noah Emmerich, Holland Taylor, Paul Giamatti, Peter Krause, Harry Shearer, Philip Baker Hall...
Genre : Comédie - Drame.
Origine : États-Unis.
Durée : 1 heure 43.
Date de sortie : 28 octobre 1998.
Synopsis : Truman Burbank mène une vie calme et heureuse. Il habite dans un petit pavillon propret de la radieuse station balnéaire de Seahaven. Il part tous les matins à son bureau d'agent d'assurances dont il ressort huit heures plus tard pour regagner son foyer, savourer le confort de son habitat modèle, la bonne humeur inaltérable et le sourire mécanique de sa femme, Meryl. Mais parfois, Truman étouffe sous tant de bonheur et la nuit l'angoisse le submerge. Il se sent de plus en plus étranger, comme si son entourage jouait un rôle. Pis encore, il se sent observé.
Bande annonce originale
"Au cas où on ne se reverrait pas d'ici là, je vous souhaite une bonne soirée et une excellente nuit."
"The Truman Show" fait parti de ses petits films que je vois assez souvent sans me lasser. Du coup, lorsqu'une nouvelle occasion s'est présenté, même si j'avais déjà revu le film il y à quelques semaines à peine, c'est tout de même avec beaucoup de plaisir que je me suis remater le dvd de ce long métrage.
C'est peut être parce que je suis de la génération "télé-réalité" que ce film me parle bien mais j'aime beaucoup le scénario écrit par Andrew Niccol. Je trouve qu'il est brillamment écrit en réussissant à nous offrir une comédie très drôle et en même temps, une parfaite satire de la société dans laquelle nous évoluons. En effet, devant ce film, on ne peut s'empêcher de rire jaune tant l'on est devant un spectacle qui surprend à peine à une époque où tout se montre dans un voyeurisme parfois extrême. Dénonçant ainsi la télé réalité avec une certaine intelligence, le film se paie le luxe de poser les bonnes questions.
En effet, si en tant que simple spectateur du spectacle qu'on veut nous proposer on à de quoi s'indigner comme le personnage de Sylvia, j'ai trouvé que le personnage de Christof apportait un contre poids assez juste sur le monde extérieur. Chacun défends bien sûr son bifteack avec ses arguments, qu'on y adhère ou non, et au milieu de cette bataille, on retrouve le fameux Truman qui va avoir toute notre sympathie. Drôle dans la naïveté et l'innocence du rôle qu'il à bien malgré lui, il est aussi très émouvant lorsqu'il cherche à comprendre ce qu'il se passe autour de lui. On sens cette détresse, cette peine dont seul lui ignore qu'elle est fictive et c'est peut être pour ça aussi que le débat sur les limites de la télé réalité trouve sa place.
L'intelligence du scénario, c'est aussi de ne pas rester cantonner à son simple sujet. Le film aurait très bien pu se cantonner au pour et au contre de ce genre d'émission mais il va aussi beaucoup plus loin en offrant un regard plus large sur la société. On dénonce bien sûr un voyeurisme assez malsain (allant même jusqu'à son paroxysme avec par exemple le mec qui suis ses aventures de son bain...) mais aussi tout un système de consommation avec le sujet des produits dérivés et autres marques qui s'insère dans ce programme avec plus ou moins de subtilités comme si cela était normal. On va consommer au bar pour suivre Truman, on va remplir sa maison de grand mère avec des cousins Truman qui ferait jalouser la Reine d'Angleterre, on insère de façon totalement grossière des placements de produits dans l'émission... L'un allant jamais très loin sans l'autre, j'ai trouvé ça intéréssant de voir que le concept avait été poussé jusqu'à son plus grand extrême afin de rendre le film encore plus saisissant et paradoxalement très réaliste.
C'est ce côté réaliste aussi qui m'a frappé. Bien sûr ce genre d'émission n'existe pas (même si on en est pas loin on filme bien des mères en train d'accoucher ou des gens en train de se marier au nom de la télé réalité...) mais il est assez surprenant de voir qu'en tant que spectateur, on est pas non plus choqué plus que ça devant ce film. La situation ne parait pas si impossible que ça surtout avec l'évolution de la technologie (dont on fait d'ailleurs références) et ce genre de concept télévisuel pourrait très bien arrivé sans que l'on trouve ça si irréel que ça avec là encore sans doute un combat entre ceux qui défendent la liberté de chacun et ceux qui l'exploite.
J'ai bien aimé aussi les différentes limites que se genre de programme peut avoir. En effet, embourbé dans ses mensonges, on aura le droit à des explications plus que douteuses pour faire croire à Truman que tout ce qu'il vit et "réel" (la scène de l'ascenceur par exemple) et au delà de ça, on n'hésite pas à avoir un certain humour noir pour dépeindre le portrait de ceux qui exploite notre héros que ce soit les producteurs qui pensent en terme d'argent ou d'audimat où bien même le créateur lui même qui lors d'une interview ira jusqu'à justifié la protection sur sa vie privée...
Au delà de toute cette peinture cynique sur ce genre de spectacle qui nous démontre quand même des choses que l'on sais déjà sur ce sujet et que j'ai beaucoup apprécié, j'ai bien aimé aussi le sorte de lien père-fils qui est tissé entre Truman (à son insu) et Christof, son créateur. Derrière tout le côté grotesque de sa création télévisuel et le ridicule de certaines de ses justifications (même si certaines tiennes la route qu'on y adhère ou non), on sens que ce dernier à un certain côté protecteur. Il y à un amour malsain du créateur envers son rat de laboratoire, un amour d'un père qui veut sur-protéger son fils et qui ne veut pas le voir quitter son cocon familial quitte à le mettre en danger quand il refuse de se rendre à l'évidence que ses mensonges deviennent de plus en plus grotesque. J'ai aimé la façon de nous montrer cette relation "fictive" où on sens quand même que le créateur à de l'affection pour Truman allant même jusqu'à l'accompagner sur ses écrans lorsque celui ci dors. Ca ne pardonne pas tous les actes de Christof, ça ne les justifie pas mais ça apporte une dimension intéressante au film je trouve.
Si le film fonctionne, c'est aussi parce qu'au delà de son sujet extrêmement sérieux et qui tient la route, le long métrage mélange de façon très habille la comédie et le drame. En effet, sur le papier le sujet ne fait pas rire. La course au profit, la privation de liberté, le voyeurisme malsain d'une société de consommation... tout ceci est même très dramatique et dépeins avec un certain tact je trouve mais à côté de ça, il y à aussi un humour frais qui fait du bien, une bouteille d'oxygène qui rend le sujet moins oppressant et surtout nettement moins moralisateur. Le film prend le parti de critiquer ce genre de spectacle sans pour autant critiquer (ou alors dans la parodie) ceux qui le regardent. Le film essaie d'enlever un voile sur des vérités qu'il est parfois bons de rappeler sans pour autant taper sur ceux qui accepte ce genre de divertissement. L'humour du film aide beaucoup aussi à se que le message rentre dans les esprits le tout saupoudré par une fine romance que j'ai trouvé aussi très belle surtout qu'elle est plus appuyé par un jeu de regards que par des actes.
Le scénario est excellent mais pour qu'il puisse toucher le spectateur il fallait aussi un casting de très grande qualité et une tête d'affiche qui tiennent le film sur ses épaules. Le long métrage possède tout ça. Une distribution d'une très grande qualité avec en tête d'affiche un Jim Carrey en Truman Burbank exceptionnel. Difficile d'ailleurs (mais je ne suis peut être pas objectif) de voir un autre comédien dans la peau de ce personnage haut en couleurs. L'acteur nous livre bien entendu ses éternels mimiques qui pourront une nouvelle fois déplaire à ses détracteurs mais j'ai trouvé ici qu'elles étaient plus dosés que d'habitude et qu'elle trouve même leurs places dans ce show télévisuel ou de toute façon tout est dans l'exagération. A côté de ça, Jim Carrey n'oublie pas de donner une dimension très humaine à son personnage. Il n'est pas que le clown de service, il est aussi l'homme dépassé par ce qui lui arrive, l'homme qui cherche à comprendre. Dans ce registre un peu plus dramatique, l'acteur y est tout aussi excellent qu'émouvant. On éprouve ainsi une très grande sympathie pour son personnage ce qui donne une plus grande ampleur au film et à son sujet.
A ses côtés, le reste de la distribution n'est pas en reste comme Laura Linney en Meryl - Hanna Gill parfaite avec son personnage qui joue beaucoup sur l'image. Que ce soit lors de son interview qui sonne de façon assumé totalement fausse et promotionnelle ou lorsqu'elle "devient" la femme de Truman ou elle incarne la femme au foyer lisse et transparente (toujours de façon assumé), la comédienne est excellente. On ne peut d'ailleurs que rire lorsqu'elle insère de façon grossière sa publicité pour du cacao ou un couteau multi fonction tout comme on peux rire aussi devant l'image pathétique et riche de clichés qu'elle incarne en tant que femme au foyer. L'actrice s'en sors vraiment bien et nous montre plusieurs palettes à son jeu qui nous permet de bien nous rendre compte de quel personnage elle joue. Les passages où elle à peur et ou elle sors de son rôle de Meryl sont d'ailleurs assez bluffant en terme de contraste à mes yeux.
Ed Harris dans le rôle de Christof est lui aussi excellent. Charismatique, on le voit très bien dans la peau de ce créateur qui exploite sans scrupule Truman tout en ayant de l'affection pour lui. Bien qu'il arrive un peu tardivement dans cette intrigue, l'acteur trouve tout de suite sa place et démontre vite l'importance qu'il à en tant que "marionnettiste". Là encore, on adhère ou pas à ses discours j'ai quand même bien aimé la façon qu'Ed Harris interprète ce personnage avec d'un côté le créateur sur de lui et de l'autre le père spirituel ultra protecteur. De plus, j'ai trouvé ça bien pensé de lui donner une grande importance sansjamais faire en sorte qu'il vole la vedette à Jim Carrey. Ed Harris fait son job de façon excellente sans tirer la couverture à lui mais tout en marquant les esprits sur son rôle dans cette histoire.
J'ai bien aimé aussi Noah Emmerich dans le rôle de Marlon - Louis Coltrane. Lui aussi jouant beaucoup avec les clichés et le côté lisse de son personnage fictif, l'acteur reste tout de même assez crédible dans la peau du vrai-faux meilleur ami. Il possède d'ailleurs un intérêt assez intéréssant et bien exploité je trouve lorsque la production veut recentrer Truman en fonction de ses choix scénaristiques. D'ailleurs, le mot "contrôle" et souvent lâcher pour expliquer comment on manipule Truman et même si finalement il n'excuse pas si bien que ça le principe de cette émission, il à au moins le mérite d'être assez clair. Et dans ce contrôle, Noah Emmerich à une très grande importance et joue bien le jeu.
J'aime beaucoup aussi Natascha McElhone dans la peau de Lauren Garland - Sylvia. Bien que je ne sois pas un fan de la première heure, c'est une actrice que j'apprécie toujours de voir à l'écran. Je trouve qu'elle joue bien et elle dégage un charme naturel que j'apprécie sans jamais jouer sur son physique. Ici, il y à tout un jeu de regard qui est fait avec Jim Carrey que j'ai grandement apprécier. J'ai ainsi trouver la relation entre leurs deux personnages assez émouvante et très touchante avec un fond de sensualité qui ne m'a pas déplu. Dans un film qui parle du voyeurisme de chacun, cette douceur dans le regard que le "couple" Jim Carrey - Natascha McElhone peut avoir m'a énormément plu. Il y à une romance qui s'installe que je trouve très fine et un jeu de regard qui m'a touché.
Le reste du casting est lui aussi très bon chacun sachant resté à sa place et chaque personnage étant exploité avec justesse. C'est ainsi que j'ai bien aimé le personnage tout aussi stéréotypé de Angela Burbank bien interprété par Holland Taylor tout comme j'ai apprécié de retrouver dans ce casting Paul Giamatti dans le rôle du responsable de la salle de contrôle qui lui va comme un gant. Dans ce monde de paraitre, difficile d'évoquer le voyeurisme sans rentrer dans le cliché des voisins avec une bonne interprétation que ce soit celui qui sors les poubelles avec sa très discrète caméra ou la famille modèle voisine qui vous fait de grand sourire avant que vous partiez au boulot.
Comme si cela ne suffisait pas, en plus d'un excellent scénario et d'un excellent casting, on à le droit à une superbe mise en scène alternant entre plans originaux d'une très grande beauté et plans très clichés mais assumés pour appuyés le contrôle de Truman. La caméra de Peter Weir propose des angles de vues très intéréssant avec toujours une recherche de la petite caméra qui sera bien placé pour nous rappeler que nous sommes dans un épisodes de télé réalité. Jamais linéaire, cette mise en scène apporte beaucoup de dynamisme à ce film sans jamais provoquer le moindre ennui chez le spectateur.
Le montage est lui aussi très réussi avec une alternance entre les passages très télévisuels et les passages plus dramatique qui nous rappelle le grotesque de certaines situations. La photographie et la lumière est elle aussi excellente. Elle n'hésite pas à utiliser le côté visuel de la télévision pour qu'on ressente bien dans quel univers on évolue. La surenchère parfois est ainsi bien pensé jusqu'à son moindre détail afin de rester dans le monde du spectacle comme ce soleil qu'on fait lever à notre guise ou à cette brume que l'on contrôle en fonction de l'intensité émotionnelle que l'on souhaite pour ne citer que ses deux exemples.
Les décors sont eux aussi très bons. J'ai bien aimé ce côté carton pâte qui fait bien penser à ses villes modernes des séries télévisées (façon Wisteria Lane de "Desperate housewifes") bien propre sur elle mais qui cache de grands secrets. Trop propre pour être vrai pour nous simple spectateurs mais ça s’intègre à merveille avec le sujet. Il y à en tout cas un mélange de couleurs que j'ai bien aimé avec en plus une exploitation de certains costumes qui vont bien dans ce monde ou tout le monde est sensé être tout gentil tout beau.
Visuellement, c'est en tout cas très réussi je trouve. Le mélange entre la réalité et le faux semblant est parfaitement homogène en tout cas et j'ai beaucoup aimé aussi les différents effets spéciaux qui ne cache pas leurs artifices là encore de façon volontaire. Impossible de sortir du spectacle, le spectateur en à encore plus conscience ce qui rend là encore le sujet encore plus fort. Esthétiquement, je trouve le long métrage très abouti et réussi en tout point. Chaque attrait de cette réalisation semble bien pensé, très intelligent et l'ensemble me bluffe toujours autant au fur et à mesure de mes visionnages.
Quant à la bande originale composée par Philip Glass et Burkhard Dallwitz, elle aussi me botte toujours autant. On sens bien les différences entre la fiction et la réalité. cette partition joue beaucoup avec les différents clichés, les ridiculise ou au contraire les transcende pour au final accompagner à merveille ce film en se retrouvant tout à fait à sa place. Chaque note m'a bien plu en tout cas. Je sais pas si sans les images cette musique aurait eu le même impact sur moi mais pour cette histoire, je trouve que la musique est bien dans le thème et joue beaucoup également sur le paraitre en accentuant le visuel de certaines scènes.
Pour résumé, "The Truman Show" est pour moi un film parfait que je ne me lasse pas de visionner. La critique envers la société et la télé réalité est aussi prévisible que subtile, aussi marquante que pertinente. Le long métrage aborde les dérives que l'on connait dans la télé réalité tout en le rendant encore plus percutant et en transcendant son sujet en le poussant vers une critique plus globale d'une société de voyeurisme et de consommation. Au milieu de tout ça, on découvre l'histoire d'un héros malgré lui aussi touchant que drôle dans ce classique du cinéma très intéréssant qui se regarde aussi bien comme une thèse que comme un simple divertissement. Pour ma part je ne m'en lasse pas avec en prime un Jim Carrey dans l'un de ses plus beaux rôles. Un film à voir.
Ce que j'ai aimé :
- Le scénario qui vise juste à chaque fois
- Un sujet qui me parle aussi parce que je suis de la génération télé réalité
- L'utilisation volontaire des différents clichés tournés en dérision
- La relation père spirituel - fils à son insu entre Christof et Truman
- La romance très fine tout dans le regard en Truman et Sylvia
- Un humour excellent
- Un drame tout aussi fort
- Le thème du voyeurisme et de la consommation bien exploité
- La différence de ton dans le jeu des acteurs en fonction de leurs rôles au cours de l'intrigue
- Un casting excellent où chacun joue le jeu
- Jim Carrey dans l'un de ses plus beaux rôles
- Natascha McElhone qui est une actrice que j'aime voir à l'écran
- Une mise en scène de Peter Weir parfaite
- De très bons décors et costumes qui joue avec le sujet du film
- Une très belle photographie avec une belle lumière
- Visuellement très beaux, le film n'a pas pris une ride
- Une excellente bande originale
Ce que j'ai moins aimé :
- Rien