Terrence Malick nous emmène A la Merveille pour nous murmurer un nouveau poème sublime dans la forme, plus ronflant dans le fond.
On connait le style de Terrence Malick et encore une fois, c’est un véritable poème qu’il nous livre ici, une nouvelle expérience sensorielle aux images somptueuses dont seul le cinéaste a le secret. Lui seul peut en effet magnifier à ce point et avec pareil lyrisme la nature, la lumière et la beauté des sentiments parfois contradictoires. Seulement, entre coucher de soleil et balades dans les champs de blé, Malick peine tout de même se recycler (le comble pour un réalisateur nous offrant toujours des images surprenantes de beauté naturelle) et frôle même parfois l’auto-parodie dans les chuchotements incessants et plans identiques qui s’enchaînent pendant près de deux heures.
Il faut dire que la lettre d’amour qu’est A la Merveille, tourne tout de même longtemps en rond sans raconter grand chose, donnant toujours de brèves indications sur ce que font ses personnages (venant et se retirant du récit pour y revenir, ne sachant jamais où aller) avec une pudeur maladive. Avare en mots et en actions, c’est par ses frôlements que le film parle. Et son sujet, il le frôle justement avec une telle délicatesse qu’il finit par lui échapper, comme envolé par une brise.
Il faut dire que regarder le film en miroir de Tree of Life offrait une lecture intéressante puisqu’il développe ici des thèmes complémentaires. A la famille et la déclaration de foi vient ici s’ajouter le doute sur la relation à l’autre (l’époux, le divin) mais si cela est profondément sincère et poétique, il y a une impression de superflu qui n’était pas de mise auparavant et qui a ici tendance à nous ennuyer plutôt que nous hypnotiser. Il faut dire que faire jouer Ben Affleck dans le film n’étais peut-être pas la meilleure des idées tant il manque de charisme pour répondre au charme naturel et superbement mis en valeur d’une Olga Kurylenko touchante dans son désespoir et comme il interprète le personnage central du récit, une certaine facette du réalisateur, c’est plutôt gênant.
-Un tableau, un poème, un douce musique, A la Merveille dépasse le film pour rester une œuvre personnelle profondément intimiste, peut-être trop cette fois pour nous atteindre malgré sa beauté indéniable.