Retour sur l’un des films les plus intéressants de Brian De Palma. Pulsions, entre érotisme et influence hitchcockienne évidente.
Impossible de parler de Pulsions sans le comparer avec le cinéma de Hitchcock. En effet, le film est construit sur le même schéma que Psychose avec la présentation d’une héroïne commettant un adultère et qui sera mortellement punie par une femme à l’issue du premier tiers du film, la scène de l’ascenseur était un miroir violant de la douche du Bates Motel. De même, la révélation du trauma du serial killer déguisé fera écho à la révélation du problème psychologique de Norman Bates tandis que la visite du musée est également une vision de Sueurs Froides. L’hommage est donc bien présent et flagrant mais De Palma va pousser son film plus loin.
Car non content de livrer un hommage à Psychose, le réalisateur introduit d’autres influences comme le giallo d’Argento (dont l’imperméable noir et le rasoir sont des éléments récurrents) mais aussi une part autobiographique (ayant soupçonné sont père d’adultère par le passé). D’un autre côté, il va pousser le cinéma d’Hitchcock dans des dimensions plus osées, révélant pleinement tout ce qui pouvait être sous entendu chez le maître. Ici, le sexe, les coups de rasoir et le sang seront donc montrés à l’écran. De Palma va même parler de transexualité (sujet complètement tabou à l’époque et même encore aujourd’hui) dans le prolongement de toutes les questions sexuelles qu’il avait pu déjà traiter dans ses films précédents.
Frustration sexuelle, manipulation, meurtre violent, déguisement, psychologie, rêves et fantasmes, doubles … finalement, dans Pulsions, Brian De Palma s’affirme et impose sa patte dans une ambiance fantasmatique et érotique. Il frôle régulièrement la limite avec le ridicule et pourtant on rentre dedans. Il faut dire que les personnages (en particulier celui d’Angie Dickinson, Michael Caine étant à la limite de la caricature) sont suffisamment explorés pour comprendre leurs motivations et donc entrer facilement dans le film et dépasser son côté voyeur et sulfureux qui font son identité.
En plus du sujet cher au réalisateur, celui-ci maitrise parfaitement sa narration avec le style qu’il affectionne. On retrouve donc dans Pulsions un split screen et des plans séquences qui éclairent sur les pensées des personnages et font monter la tension de manière unique pour livrer un thriller à la fois sous influence mais aussi audacieux. Malgré les controverses, Pulsions reste donc l’un des films les plus aboutis et transgressifs de De Palma.