A la fois polar et film sur les relations père-fils, The Place beyond the Pines avait tout pour devenir un grand film noir mais rate le coche.
En effet, oubliez la promotion centrée sur Ryan Gosling puisque le film est divisé en 3 parties aux personnages centraux différents. Ainsi, Ryan Gosling n’apparait que dans cette première partie, motard taciturne retrouvant une ancienne conquête et apprenant alors qu’il a un fils, il décide de braquer des banques pour subvenir à ses besoins. Père absent, hors là loi et désespéré, il est le contrepoids parfait au personnage sur lequel est centrée la seconde partie. Bradley Cooper y campe un flic incorruptible et jeune père qui souhaite débarrasser son service des ripoux qui règnent. Finalement sans grand rapport, on se dit rapidement pendant cette seconde partie que la première ne servait pas à grand chose jusqu’à ce qu’arrive le dernier acte du film, révélant enfin la force dramatique de ces deux longues expositions.
Le polar auquel nous faisions face se mute alors en drame sur la relation père fils et sur l’héritage que cela représente. Le fils d’un hors la loi absent le deviendra-t-il aussi par vengeance ? Celui d’un flic intègre mais hanté deviendra-t-il aussi droit que son père ? Le réalisateur aborde là un thème particulièrement touchant abordé sous plusieurs facettes, sans jamais juger ses personnages. Il nous permet alors de comprendre à la fois la difficulté d’être père, les erreurs commises et l’héritage qu’on peut leur laisser et auquel les enfants doivent faire face.
Il est alors dommage que le réalisateur ait décomposé sa narration en 3 parties de cette manière, affaiblissant alors les histoires pour n’en faire ressortir que les points les plus convenus et surtout pour s’étirer en longueur bien plus qu’il ne faut sur 2h20. Il y a donc un gros problème de rythme et de découpage de la narration qui en rebutera plus d’un. Ce que the Place beyond the Pines gagne dans son thème familial passionnant, il le perd alors en tension, le polar ne prenant malheureusement pas le dessus, n’assumant pas son côté crépusculaire jusqu’au bout.
D’un autre côté, il faudra aussi adhérer au style du réalisateur qui livre des images brutes, caméra à l’épaule, pour être au plus près des émotions de ses personnages. Cela fonctionne avec Ryan Gosling et Bradley Cooper qui sont parfaits dans leurs personnages mais beaucoup moins avec une Eva Mendes sans intérêt. Et ce style ne s’accorde pas non plus avec les poursuites à moto de la première partie qui se révèlent illisibles. Si Cianfrance est doué pour le drame, il est certain que son avenir n’est pas dans le cinéma d’action.
Imparfait et trainant en longueur, the Place beyond the Pines se révèle tout de même intéressant grâce à deux acteurs doués qui sont là pour parler de la paternité. Le prometteur Derek Cianfrance loupe alors un bon polar mais on y gagne un bon drame familial.