Critique Cinéma : Shokuzai – Celles qui voulaient se souvenir et Celles qui voulaient oublier

Par Nivrae @nivrae

Shokuzai – Celles qui voulaient se souvenir et Celles qui voulaient oublier sont deux films de Kiyoshi Kurosawa. Le premier film sortira le 29 mai 2013 et le second sortira le 5 juin 2013.

Les films étaient présentés hors compétition au festival du cinéma asiatique de Deauville 2013.

Synopsis Dans la cour d’école d’un paisible village japonais, quatre fillettes sont témoins du meurtre d’Emili, leur camarade de classe. Sous le choc, aucune n’est capable de se souvenir de l’assassin. Asako, la mère d’Emili, désespérée de savoir le coupable en liberté, convie les quatre enfants chez elle pour les mettre en garde : si elles ne se rappellent pas du visage du tueur, elles devront faire pénitence toute leur vie. Quinze ans après, que sont-elles devenues ? Sae et Maki veulent se souvenir, Akiko et Yuka veulent oublier. Et la mère d’Emili, que cherche-t-elle encore après tout ce temps ?

CastingYû Aoi, Eiko Koike, Kyôko Koizumi

Kiyoshi Kurosawa adapte le roman Shokuzai de Minato Kanae et en fait une grande fresque qui s’étend en deux parties. Celles qui voulaient se souvenir et Celles qui voulaient oublier. Durant respectivement 2h et 2h31, les deux parties s’attachent à réaliser cinq portraits de femmes. Chaque portrait est indépendant des autres, seule la mère d’Emili traverse les quatre histoires avant le dénouement final qui finira de nous dresser son propre portrait.

La première partie nous montre le portrait de celles qui veulent se souvenir, Sae et Maki. Sae porte comme un fardeau la pénitence infligée par la mère d’Emili. Ce poids lui pèse tellement qu’elle s’interdit d’être heureuse. Jusqu’à ce qu’elle rencontre quelqu’un… Un peu longue, cette partie est également la plus étrange des deux films. L’histoire du couple est particulièrement bizarre et rappelle certains films d’angoisse dans son déroulement et l’éclairage de la chambre à coucher.

Maki est devenue institutrice. Egalement très marquée par la promesse faite à la mère d’Emili, elle est devenue psychorigide, stricte et froide. Obsédée par l’envie de se racheter, elle n’hésitera pas quand un intrus surgira dans son école. Etudiant la psychologie de cette femme qui a dédié sa vie à empêcher qu’un nouveau drame survienne sous ses yeux, ce chapitre sonne juste si ce n’était sa fin, à la fois inutile et incompréhensible.

Dans la deuxième partie nous découvrons Akiko et Yuka. Akiko est en prison et raconte son histoire à la mère d’Emili, venue la visiter. Elle lui parle d’elle, « l’ourse », se dévoile à la fois fragile et agressive, animal solitaire mais ultra protecteur. Contrairement aux deux premières histoires, la fin de celle-ci est déjà prévisible. En effet l’élément qui l’a conduite en prison devient très rapidement visible, mais l’important est le cheminement qui l’a conduite à ces extrémités, poussée à la fois par l’amour, la déception, mais également la vengeance et ce fardeau qu’elle porte comme toutes les autres.

Le chapitre consacré à Yuka surprend au premier abord. Après les trois précédentes histoires tragiques, l’humour et la roublardise prennent le pas dans la première partie du récit, montrant une Yuka qui semble au premier abord avoir presque complètement récupéré de la mort d’Emili, mais nous découvre ensuite peu à peu ses névroses et son véritable visage. La fin un peu étrange de ce chapitre est décevante

Le chapitre de conclusion nous donnera ensuite toutes les clés de l’affaire de la mort d’Emili, nous découvrant une affaire bien plus complexe qu’il n’y paraissait. Les explications seront néanmoins trop longues, notamment la scène dans ce commissariat en travaux qui fait fortement doublon avec la confrontation finale et aurait mérité d’être raccourcie. La mère y trouvera des réponses, mais bien plus de questions. Après avoir découvert la vérité, que cherchait-elle vraiment ?

Globalement bon, filmé d’une manière très honnête, Kiyoshi Kurosawa (qu’il ne faut pas confondre avec son illustre homonyme Akira Kurosawa, réalisateur de génie décédé en 1998) réussit le tour de force de ne pas nous ennuyer malgré un film qui totalise 4h32 au compteur. La division en deux parties permet une pause qui nous laisse souffler au milieu de cette histoire particulièrement intense et psychologiquement dense.

Le film sortira en deux fois en France, à une semaine d’intervalle entre les deux parties le 29 mai et le 5 juin 2013.

Note : 7,5/10 une grande fresque dramatique en deux parties et cinq chapitres qui parvient à nous accrocher grâce à sa trame de fond malgré quelques longueurs. Deux conclusions de chapitre sont décevantes, particulièrement celle du deuxième, ce qui nuit à cette histoire.