On le sait, l’éditeur Carlotta fait revivre les classiques du cinéma Hollywoodien et en avril, c’est Richard Fleischer qui a droit à cette honneur. L’occasion de se replonger dans Les Inconnus dans la Ville.
Si Richard Fleischer est bien connu pour sa carrière éclectique entre 20 000 Lieues sous les Mers pour Disney, Tora! Tora! Tora! et Soleil Vert, il ne faudrait pas oublier qu’il s’était aussi très bien illustré dans le film noir en y apportant une touche de drame personnel. C’est le cas des Inconnus dans la Ville qui dépasse ainsi le simple film de braquage pour s’intéresser à une communauté renfermée.
Dans une petite ville, trois gangsters débarquent et planifient soigneusement un casse. Pour cela, ils se mêlent à la population locale et vont petit à petit apprendre les secrets des habitants qui vont exploser au grand jour.
En nous attrapant dès les premières images avec un sens du cadrage d’une redoutable efficacité, Richard Fleischer marque tout de suite des points. Les premières scènes nous présentent des personnages trouble dans un environnement fermé (jamais nous ne sortiront de la ville, ou seulement pour être enfermé ailleurs) et bizarrement, seuls les gangsters ont des intentions bien précises alors que nous découvrons des habitants cachant de nombreux secrets et de mauvaises habitudes (un père qui a des problèmes avec son fils, un employé de banque qui ne peut s’empêcher d’espionner une cliente à sa fenêtre, …).
Très attaché aux personnages, le réalisateur retarde donc l’aspect polar du film (rares sont les scènes centrées spécifiquement sur les gangsters, mais leur menace n’est pas pour autant oubliée) pour développer un drame sur une ville soudée mais où chacun garde une face sombre et cherche à se montrer sous son meilleur jour en public. La communauté renfermée sur elle-même évoque ainsi certains aspects de l’Amérique de l’après-guerre et sont accentué par l’innocence d’une famille amish à proximité où se déroulera le climax explosif du film, faisant voler en éclats de manière imagée tous les secrets qui gangrenaient les habitants.
Cet aspect personnel très développé dans le film nous permet alors de nous identifier aux futures victimes du braquage et à leurs failles, rendant alors la menace des gangsters plus prégnante que dans n’importe quel film. L’arrivée du groupe dans la banque créé d’ailleurs un moment de tension surprenant car, chacun des otages ayant des reproches à ses faire, tous pourraient y passer et effectivement, il y aura des victimes.
En plus d’être un polar et un drame particulièrement bien écrit, les Inconnus dans la ville est aussi un film à l’image maitrisée. En effet, Fleischer utilise le cinémascope de façon particulièrement efficace. Il se passe ici toujours quelque chose dans le cadre bien composé avec des plans parfaitement étudiés. Il y a sans doute peu de place pour l’improvisation mais le film est ainsi d’une propreté technique aussi draconienne que le sont les gangsters du film, ne nous laissant jamais nous échapper jusqu’à la fin.
Un peu plus qu’un polar, Les Inconnus dans la ville est donc un drame passionnant et maîtrisé dans lequel on se retrouve enfermé pour un bon moment de cinéma.