Polluting Paradise (Der Müll im Garten Eden) est un documentaire de Fatih Akin qui sortira en France le 29 mai 2013.
Synopsis : En 2006, pendant le tournage des scènes finales de son film « De l’autre côté », Fatih Akin entend parler d’une catastrophe écologique qui menace le village de Çamburnu, village natal de ses grands-parents au nord-est de la Turquie. Un projet de décharge construit dans un mépris total de l’environnement est combattu par le maire et les habitants. Pendant plus de cinq ans, il filme le combat du petit village contre les institutions et témoigne des catastrophes qui frappent le paradis perdu.
Après avoir étudié la communauté turque allemande, puis ses liens avec la Turquie, Fatih Akin réalise ici un documentaire sur Çamburnu, petite ville où sont nés ses grands parents en Turquie, au bord de la Mer Noire. Apprenant que le projet d’une grande décharge est en cours juste au dessus des habitations, il va commencer à filmer le combat du village contre ce projet.
L’idée de départ de Fatih Akin, assez naïve, était d’utiliser sa notoriété de réalisateur et la menace d’un film sur le sujet pour empêcher la mise en place du projet. Si cela n’eut aucun effet sur la construction de la décharge, cette idée présente le principal intérêt de Polluting Paradise. En effet plutôt qu’un documentaire classique analysant les conséquences d’une catastrophe, nous pouvons ici suivre presque au jour le jour, durant cinq ans, la construction de la décharge, son remplissage et les problèmes qui s’accumulent jusqu’à la catastrophe inéluctable.
N’étant pas toujours présent sur place, Fatih Akin a équipé le photographe du village d’une caméra et lui a appris à filmer afin qu’il puisse être présent, caméra en main, dès qu’un évènement avait lieu. Là où d’autres documentaires ne peuvent montrer que des témoignages racontant ce qui s’est passé, nous avons ici les images sous les yeux : le début des travaux, les nombreuses critiques émises avant le début de l’exploitation de la décharge sur sa construction et sur son système de canalisation des eaux usées inadapté, puis le début de la catastrophe écologique, écoulements d’eaux noires de pollution, débordements, odeurs insoutenables, multiplication des oiseaux et chiens errants attirés par l’odeur et les déchets, obstination des autorités, visites électorales des gouverneurs successifs promettant que tout ira bien et tout sera réglé, jusqu’à la catastrophe finale.
Fatih Akin filme le combat de la petite ville, personnifié entre autres par le maire, par Nezihan la cultivatrice de thé, par Ismet qui voit la décharge se construire juste à côté de sa maison et par Bünyamin le photographe. Dans ce combat contre l’administration et l’arbitraire d’une décision, nous découvrons les problèmes d’une démocratie et d’une justice perfectibles, mais également des considérations politiques qui sont les mêmes que les nôtres et qui donnent à ce documentaire sa dimension.
Si la qualité des images est parfois médiocre et que certaines scènes ont un intérêt tout à fait relatif, le témoignage est ici très important. Il trace une chronologie au jour le jour jusqu’à la catastrophe qui semble inéluctable malgré les critiques et tous les efforts entrepris face à une machine administrative bornée et incompétente. Pendant ce temps, Fatih Akin et le photographe attendent et documentent l’histoire, caméra à la main.
Note : 8/10 Le combat au jour le jour de l’obstination face à l’incompétence bornée, malheureusement perdu par les premiers mais qui donne naissance à un documentaire en forme de témoignage, pour l’exemple.