Quartet de Dustin Hoffman

Par Journal Cinéphile Lyonnais @journalcinephil

Quartet
Réalisé par Dustin Hoffman
Avec Maggie Smith, Tom Courtenay, Billy Connoll
GB, 2012, 1h38
Date de sortie 3 avril 2013

Consulter les horaires du film dans les salles de Lyon et de sa région : ici

Synopsis : À Beecham House, paisible pension au cœur de la campagne anglaise qui accueille des musiciens et chanteurs d’opéra à la retraite, le bruit court qu’une nouvelle pensionnaire arriverait sous peu. Et ce serait une diva ! Pour Reginald, Wilfred et Cissy, le choc est grand lorsqu’ils voient débarquer l’impétueuse Jean Horton, avec laquelle ils triomphaient sur les scènes internationales des années auparavant. L’ambition de Jean et son ego démesuré avaient alors ruiné leur amitié et mis un terme au mariage qui la liait à Reginald. Malgré les vieilles blessures, Reginald, Wilfred et Cissy mettront tout en œuvre pour convaincre Jean de reformer leur célèbre quatuor à l’occasion du gala annuel de Beecham House.

A propos du film

Quartet est l’adaptation d’une pièce de théâtre écrite par Ronald Harwood  (scénariste du film).  Le dramaturge s’était lui-même inspiré d’un documentaire suisse des années 80, qui décrivait le quotidien des résidents d’une maison de repos fondée par Giuseppe Verdi.  Ce dernier avait souhaité qu’après sa mort, la maison soit ouverte à tout chanteur d’opéra ou artiste qui n’avait pas fait fortune ou pensé à économiser – aujourd’hui, la maison existe encore.

Pour sa première réalisation, Dustin Hoffman avait pour idée de faire un film qui, malgré son sujet, surprendrait par son énergie et son entrain.

Pour lui, il était crucial de captiver l’intérêt du spectateur jusqu’au bout, et pour ce Dustin Hoffman a demandé à ses acteurs de regarder La Dame du vendredi, un film d’Howard Hawks où Rosalind Russell et Cary Grant ne cessent de s’interrompre, créant une dynamique très intéressante.

Pendant toute la durée du tournage, Dustin Hoffman  n’avait qu’une motivation, et celle-ci lui avait indirectement été inculquée par le réalisateur allemand Volker Schlöndorff : « Si tu veux vraiment dire la vérité au public, fais-les rire ou ils te tueront.« 

Privillégier le réalisme

Dans un souci de réalisme, le cinéaste a eu l’idée d’entourer son quatuor principal de véritables musiciens et chanteurs d’opéra retraités. Il se sentait capable de gérer le fait qu’ils n’aient jamais joué la comédie, et a ainsi demandé à plusieurs personnalités du monde de l’opéra d’endosser certains rôles secondaires ; comme Dame Gwyneth Jones, l’immense cantatrice à qui il a confié le rôle d’Anne Langley, ennemie jurée de Jean Horton, ou encore Ronnie Hughes, trompettiste de renom qui fait encore carrière aujourd’hui et s’est reconnu dans le message véhiculé par le film. Une expérience quelque peu dépaysante pour ces artistes, qui ne connaissaient rien aux rouages d’un tournage de film.

La présence de jeunes dans le film était essentielle pour Dustin Hoffman, qui tenait à inviter ses spectateurs à mordre la vie et l’art à pleines dents, peu importe leur âge. Il a d’ailleurs dirigé ce groupe de jeunes de manière à ce qu’ils se comportent le plus normalement possible, et leur a même demandé de venir dans leurs propres habits pour la scène où Reggie (Tom Courtenay), un des résidents, essaye de les sensibiliser à l’opéra. Un seul d’entre eux savait en quoi consistait la scène à jouer : Jumayn Hunter (Eden Lake et Attack The Block), un rappeur accompli à qui Dustin Hoffman a demandé d’improviser une chanson en fonction de ce que disait le personnage de Tom Courtenay. La réaction des autres jeunes dans la salle est donc réelle et spontanée.

Lors de la scène finale, alors que les résidents de la maison de repos montent sur scène pour leur spectacle annuel – en l’occurrence, une représentation de Rigoletto - ils ne sont pas vêtus de hauts-de-chausses et de manches bouffantes, mais de jolies robes et costumes classiques. Il s’agit d’une volonté de la chef costumière Odile Dicks-Mireaux, qui a tout de suite compris que Dustin Hoffman cherchait à obtenir quelque chose plus émouvant qu’extravagant, et que les costumes d’origine de la pièce ôteraient de l’émotion à ce moment-là.

Une photographie chatoyante

De Last Chance for Love, Dustin Hoffman a gardé une amitié avec le directeur de photographie John De Borman, qui est celui qui lui a soufflé l’idée de réaliser un film, et a donné matière à cette idée.

John De Borman, a une prédilection toute particulière pour les tournages caméra à l’épaule, mais Dustin Hoffman souhaitait un film plus classique, et s’est concentré avec l’équipe de création sur l’aspect de la maison de retraite : il voulait que les résidents soient à leur avantage dans un lieu attrayant et plein de vie. Finola Dwyer explique : « C’est l’humanité qui occupe le premier plan, et et cela a débouché sur une photographie assez douce, qui met à profit le paysage et l’éclairage naturels, donnant à l’ensemble une apparence plutôt automnale. »

Un casting à l’instinct

Pour Dustin Hoffman, un des aspects les plus délicats de ce nouveau métier de réalisateur s’est avéré être l’étape du casting. Ne supportant pas l’idée de rejeter un acteur, il refusait de rencontrer un comédien avant d’être sûr de lui offrir le rôle. Chacun d’entre eux a donc dû passer devant Lucy Bevan, la directrice de casting, avant d’arriver jusqu’à Dustin Hoffman.