Critique Cinéma : Les Âmes Vagabondes par Andrew Niccol

Par Nivrae @nivrae

Les Âmes Vagabondes est  l’adaptation réalisée par Andrew Niccol (Bienvenue à Gattaca, Lord Of War, Time Out) du livre de Stephenie Meyer (auteur de la série Twilight, également parmi les producteurs du film). Le film sort au cinéma le 17 avril 2013.

 Synopsis Dans un futur proche, une humaine et une extraterrestre, prisonnières du même corps, se battent pour leur survie, pour ceux qu’elles aiment et pour le sort de la planète.

Casting : Saoirse Ronan, Jake Abel, Max Irons, Frances Fisher, Chandler Canterbury, Diane Kruger, William Hurt, Scott Lawrence

La Terre a été colonisée par les Ames, une espèce extraterrestre qui efface l’esprit des humains et transforme leurs corps en hôtes, ils ont fait de la Terre une planète saine, sûre et pacifique, mais au prix de l’éradication presque totale de l’espèce humaine. Quelques-uns comme Mélanie Stryder ont réussi à survivre en se cachant, mais leur vie est une lutte incessante pour échapper à l’extinction. Mélanie est capturée par une Traqueuse dont le travail est de fournir des corps humains aux nouveaux arrivants. Mais lorsque l’Ame, nommée Vagabonde, est implantée dans son corps, l’esprit de Mélanie survit et entame une cohabitation forcée, tentant de convaincre Vagabonde de sauver ses proches.

L’idée de départ est intéressante, le résultat avait plu aux lecteurs, mais la perspective d’adopter au cinéma cette histoire d’une jeune fille avec deux esprits dans le même corps paraissait risquée. La solution proposée ici est une constante voix off de Mélanie qui deviendra rapidement pénible.

Le scénario tient difficilement debout, rien n’expliquera comment les Ames sont arrivées en premier lieu ni comment elles ont pu commencer à s’installer dans les corps humains jusqu’à occuper la majorité de la planète, ce qui paraît d’autant plus étranges qu’ils sont représentés comme de petite chenilles lumineuses d’une douzaine de centimètres de long avançant difficilement et ayant besoin d’une entaille à la base du cou pour pénétrer dans le corps et se loger dans le cerveau. Toute action violente paraît au départ à proscrire puisqu’ils sont décrits comme vertueux, aimants, fonctionnant à l’amour et au respect de chacun. Description qui paraît leur retirer d’emblée toute possibilité de dominer le monde, d’autant que leur technologie militaire paraît inexistante, les corps occupés se servant de pistolets classiques et pilotant des voitures de sport, des motos et des hélicoptères tout ce qu’il y a de plus humains. Mais ce pacifisme tranche assez fortement avec leurs pratiques consistant à récolter des corps pour y implanter de nouvelles âmes en capturant les humains de force malgré leur résistance et leurs protestations.

Parlons des véhicules. Les Traqueurs circulent dans des Lotus Elise entièrement chromées, des motos de course et des hélicoptères également entièrement chromés. La plupart de la traque de Mélanie et ses compagnons se déroulant à Monument Valley dans un désert de poussière sans une once de goudron, aucun de ces véhicules n’aura de problèmes à se mouvoir ni ne portera une seule trace de poussière durant toute la durée du film. Plus étrange encore, les camions utilisés par les humains sont toujours entièrement propres malgré qu’ils soient passés clairement à l’image dans des chemins cabossés soulevant des nuages de poussière. Les Traqueurs, eux, sont entièrement habillés de blanc qui ne se salira pas non plus. Leurs uniformes semblent ne pas prendre la poussière ni la crasse lorsqu’ils tombent à terre, excepté le sang qui les tache nettement.

Les humains survivants sont menés par l’oncle et la tante de Melanie, Jebediah et Magnolia, couple très caricatural de rudes fermiers américains, dans une zone qui est une réserve Navajo et n’est pas propice à la culture. Leur refuge est probablement inspiré des grottes Navajo et des grottes naturelles de Monument Valley et leurs puits de lumière, mais à une échelle bien trop disproportionnée. Garni de tunnels dans la roche qui font exactement la taille de deux personnes marchant de front, il s’y trouve des pièces à vivre taillées dans la roche d’une taille démesurée, le jeune Ian dispose par exemple d’un petit studio d’une vingtaine de mètres carrés disposant d’ouvertures en forme de porte et de fenêtres.

La photographie elle-même est étrange. Extrêmement lumineuses, parfois trop y compris à l’intérieur des grottes, les images sont par moments floues sur les bords de l’écran.

L’interprétation des acteurs finira d’achever le film. Si Saoirse Roman fait le travail dans le rôle de Mélanie/Vagabonde, Max Irons est pathétique dans le rôle de Jared. Son interprétation du beau gosse au charisme d’huître transforme certaines scènes grâce au comique involontaire qu’il y apporte. Le fils du grand Jérémy Irons prouve ici que le talent d’acteur ne se transmet pas génétiquement. Le jeune Chandler Canterbury, dans le rôle de Jamie le frère de Mélanie, joue également particulièrement mal dans ses rares apparitions, celle dans laquelle il parle à sa sœur par un conduit creusé dans la roche en étant l’acmé. Le trio Mélanie/Jared/Ian est calibré « romance niaise pour ados », ce qui rend le film d’autant plus étrange, le sujet tout à fait adulte aurait pu mériter bien meilleur traitement.

La musique mélo ajoute aux scènes de couple un côté guimauve dont elles se chargeaient déjà très bien toutes seules, les souvenirs de Mélanie concernant sa rencontre avec Jared se révélant notamment particulièrement lourds.

Note : 1/10, Musique, image, scénario, interprétation, direction, cohérence, rien ne va.