Critique Cinéma : L’écume des jours de Michel Gondry

Par Nivrae @nivrae

L’écume des jours est un film de Michel Gondry (The We and The I, La Science des rêves, Eternal Sunshine of the Spotless Mind, Soyez sympas, rembobinez) qui sort en France le 24 avril 2013.

Synopsis L’histoire surréelle et poétique d’un jeune homme idéaliste et inventif, Colin, qui rencontre Chloé, une jeune femme semblant être l’incarnation d’un blues de Duke Ellington. Leur mariage idyllique tourne à l’amertume quand Chloé tombe malade d’un nénuphar qui grandit dans son poumon. Pour payer ses soins, dans un Paris fantasmatique, Colin doit travailler dans des conditions de plus en plus absurdes, pendant qu’autour d’eux leur appartement se dégrade et que leur groupe d’amis, dont le talentueux Nicolas, et Chick, fanatique du philosophe Jean-Sol Partre, se délite.

CastingRomain Duris, Audrey Tautou, Gad Elmaleh, Omar Sy, Aïssa Maïga, Charlotte Le Bon, Sacha Bourdo, Philippe Torreton, Laurent Lafitte, Alain Chabat

Michel Gondry est de retour, après avoir succombé aux sirènes américaines pour « The Green Hornet » et avoir réalisé un « The We and The I » très mitigé, Gondry retourne à son univers foutraque et bricoleur, celui de « La Science des Rêves » et de « Rembobinez s’il vous plaît ». Il s’attaque à un auteur à l’univers extrêmement particulier, qui a inspiré Gondry depuis l’enfance, Boris Vian. Le roman culte de Vian est un délire surréaliste extrêmement poétique fait de raccourcis, de métaphores, de scènes absurdes et de dialogues incongrus.

C’est avec une extrême inquiétude que j’avais suivi l’évolution l’évolution de ce projet, son casting qui comprenait une Alise qui n’était pas rousse, élément pourtant très souvent rappelé dans le roman, et peuplé de stars, Audrey Tautou, Gad Elmaleh, Omar Sy, Charlotte Lebon. Si Romain Duris semblait à sa place dans le film et dans le rôle de Colin, on pouvait craindre une ribambelle de comédiens connus réunis pour un ratage retentissant, ce qui a tendance à arriver plus souvent que de coutume dans le cinéma français.

Pourtant Gondry nous enchante dès le début par une adaptation fidèle au roman, d’un délire absolu. On y retrouve de nombreuses scènes issues de l’imaginaire de Vian, le piano à cocktails, le coupe-paupières, la souris qui vit dans l’appartement, cet appartement organique qui rétrécit et s’use comme un symbole de la vie et de la relation de Colin et Chloé, l’anguille dans les robinets attirée par l’ananas, le nénuphar, l’arrache-cœur,…

Gondry a privilégié les effets optiques et mécaniques aux effets digitaux, nous retrouvons donc sa patte de « La Science des Rêves » et ces effets artisanaux qui apportent une poésie et une magie sans cesse renouvelée au film. Ces trouvailles visuelles finissent même par prendre un peu le dessus sur l’histoire tant elles sont présentes à l’écran. Malgré tout l’histoire est très bien traitée, se concentrant sur Colin et Chloé, peuplée des dialogues parfois difficilement compréhensibles du roman, ce qui au final n’a pas d’importance tant ce que nous avons sous les yeux nous porte et nous intrigue, mais sans nous perdre.

Note : 8/10, une fable merveilleuse remplie de trouvailles visuelles et d’effets inattendus d’une grande poésie. Il faut cependant savoir à quoi s’attendre, c’est le monde délirant de Boris Vian adapté dans le monde délirant de Michel Gondry.