Pieta de Kim Ki-duk

Par Journal Cinéphile Lyonnais @journalcinephil

Pieta
Réalisé par Kim Ki-duk
Avec Lee Jung-Jin, Min-soo Jo, Ki-Hong Woop
Corée du sud , 2012, 1h44
Date de sortie France : 10 avril 2013
Date de sortie à Lyon : 17 avril 2013

Consulter les horaires du film dans les salles de Lyon et de sa région : ici

Synopsis

Interdit aux moins de 12 ans avec avertissement

Abandonné à sa naissance, Kang-do est un homme seul qui n’a ni famille, ni ami. Recouvreur de dettes sans pitié et sans compassion, il menace ou mutile les personnes endettées dans un quartier destiné à être rasé. Un jour, Kang-do reçoit la visite d’une femme qu’il ne connaît pas et qui lui dit être sa mère. Pour la première fois de sa vie, le doute s’installe en lui…

 Autour du film

La Pietà, aussi appelée vierge de pitié, est une représentation artistique de la Vierge Marie tenant la dépouille de Jésus-Christ sur ses genoux une fois descendu de la croix.
Ce thème chrétien a inspiré de nombreux artistes avant Kim Ki-duk, de Michel-Ange à Delacroix en passant par Van Gogh. Martin Scorsese distille également ce thème dans ses films, notamment dans A tombeau ouvert où Patricia Arquette tient Nicolas Cage sur ses genoux à la manière d’une Pietà. Pas étonnant de retrouver cette représentation chez des cinéastes tels que Scorsese ou Ki-Duk qui ont une passion pour les thèmes de la souffrance, la mort, la rédemption et le sacrifice.

Si Jésus a chassé les marchands du temps afin de se dresser contre le pouvoir de l’argent, Kim Ki-duk compte reprendre le flambeau en dénonçant cela dans Pieta : « L’argent met inévitablement les individus à l’épreuve dans une société capitaliste. Et ceux-ci sont obsédés par le fantasme selon lequel l’argent rend tout possible. L’argent est la raison principale des incidents qui se passent aujourd’hui dans le monde. Dans ce film, deux personnes qui n’ont aucune raison de se rencontrer, donnent et reçoivent de la souffrance en échange d’argent. Alors réunis, ils deviennent membres de la même famille. Et à travers cette famille, on réalise à quel point nous sommes complices de cette société. À la fin, nous deviendrons nous-mêmes monnaie d’échange pour les autres« , explique le metteur en scène.

Pieta a été tourné dans le quartier de Cheonggyecheon à Séoul entre février et mars 2012. Kim Ki-duk a filmé avec deux caméras afin de réduire la durée de tournage et les coûts ; il cadrait lui-même avec l’une d’elle et laissait l’autre à son chef-opérateur Young-Jik Jo.

Avec Pieta, Kim Ki-duk met en avant un monde sans pitié régi par le pouvoir de l’argent et de l’individualisme : « Le monde entier va progressivement vers le chaos, un chaos pour les nations mais aussi pour les individus. Et tout cela à cause de l’argent », déplore le cinéaste. « Bien que la fin du film soit brutal et triste, c’était ma volonté d’espérer que le monde ne deviendra pas comme cela«  (Kim Ki-duk) .

Malgré son message pessimiste et ses thèmes austères, Pieta est aussi un film qui parle d’Amour : « Dans Pieta, la fin démontre que l’amour est nécessaire, même pour son ennemi. Je crois que l’amour est possible pour chacun d’entre nous« , précise Kim Ki-duk.

Récompenses

Pieta a obtenu le Lion d’Or au Festival de Venise 2012.  Kim Ki-duk est le premier Coréen à obtenir un Lion d’or à Venise. Le réalisateur avait déjà obtenu  le Lion d’Argent du meilleur réalisateur en 2004 pour Locataires.

Piéta a concouru pour représenter la Corée du Sud pour l’Oscar du meilleur film étranger.

La comédienne Min-soo Jo a remporté le Prix de la meilleure actrice aux César coréens pour le rôle de Mi-sun, la mère de Kang-Do (Lee Jung-Jin).

Critiques

Pieta, un film qui divise les critiques.

Pour :  « Une machine infernale est lancée, dont la logique implacable coupe le souffle (…). La réussite de [Kim Ki-duk] n’est pas banale, Pieta constituant d’un même élan un thriller haletant, histoire d’une vengeance terrifiante (…) préparée avec une minutie et une invention folles, exécutée avec une froideur glaçante. »  Pascal Mérigeau ( Le Nouvel Observateur)

Contre : « Pietà  est (…) d’un sérieux sinistre. (…) Les interminables séquences d’ultraviolence, filmées avec complaisance par Kim Ki-duk, semblent avoir été conçues pour épater le bourgeois.  »  Samuel Douhaire (Télérama)