Retour à Alfred Hitchcock dans le culte du dimanche avec une autre de ses pièces maîtresses qui a marqué de terreur le public autant qu’il l’a dérouté : Les Oiseaux.
Mais fidèle à lui-même, le réalisateur s’intéresse avant tout à une blonde. Une beauté toujours aussi froide et mystérieuse dont on ne sait toujours pas de quel côté elle se penche. C’est la mannequin Tipi Hedren qui obtient ici son premier rôle sur grand écran et le réalisateur va la façonner telle qu’il souhaite voir toutes ses héroïnes. La voici donc dans la peau de Melanie Daniels qui va rencontrer un homme dans une animalerie. La curiosité l’amènera à lui apporter un couple d’inséparables jusqu’à Bodega Bay pour lui faire la surprise. Mais une fois sur place, un étrange phénomène semble atteindre les oiseaux qui commencent à attaquer la population, et plus particulièrement Melanie.
Si dans Psychose, Hitchcock inventait presque le slasher, avec Les Oiseaux, il révolutionne d’une certaine manière le film de monstres. En effet, c’est ici la première fois que les créatures qui s’attaquent aux humains viennent de notre quotidien, loin des monstres classiques d’Universal ou des créatures radioactives géantes de l’ère post-nucléaire. Ici ce sont de simples oiseaux que nous connaissons tous qui s’attaquent de manière inexpliquée à l’homme. C’est cette violence dans le quotidien qui va alors créer la peur et nous faire regarder d’un autre œil les volatiles que nous avons l’habitude de côtoyer. Mais c’est aussi le manque d’explication qui va perturber le public, jusqu’à la fin très interrogative et presque onirique du film. La question des intentions des oiseaux aura beau avoir été posée dans une scène en huis clos sous tension, jamais nous n’aurons d’explication sur le phénomène. Revanche de la nature, folie collective, … toutes les interrogations sont encore là.
Mais si les attaques des oiseaux sont aussi violentes et marquent clairement les esprits, c’est aussi parce qu’elles sont parallèles aux tensions qui naissent entre les personnages. Car quand Melanie et Mitch commencent à se rapprocher, c’est la mère de celui-ci et son autre soupirante qui commencent à voir Melanie d’un mauvais œil. Il faudra alors les attaques des oiseaux pour exacerber ces sentiments et ramener ensuite le calme. Encore une fois, Hitchcock montre une terreur liée à l’intime et plus psychologique qu’il n’y parait et sa blonde héroïne va également se révéler de plus en plus complexe.
Mais le maître du suspense va aussi faire passer la terreur par sa manière de filmer et de montrer son film. En effet, avec une technique toujours très élaborée, il fait des attaques des oiseaux de véritables moments de bravoure, mais c’est dans la préparation de ces attaques qu’il se montre particulièrement malicieux en faisant grimper la tension petit à petit avant de la libérer. L’attaque de l’école en est le parfait exemple puisque celle-ci est précédée du regroupement des corbeaux qui imposent une menace imminente et d’envergure. Mais le réalisateur créé aussi une atmosphère bien particulière avec l’absence totale de musique pendant tout le film, donnant alors aux bruitage et en particulier aux cris des oiseaux une grande importance qui créer l’interrogation et le malaise.
Avec Les Oiseaux, c’est encore un chef d’œuvre de l’horreur qu’impose Hitchcock au cinéma, une performance à la fois technique et psychologique qui a marqué le genre. Il n’est pas étonnant alors d’en revoir tous les codes dans les films qui suivront, des Dents de la Mer de Spielberg aux Signes de Shyamalan.