Critique Cinéma : D’acier

Critique Cinéma : D’acier

D’acier (Acciaio) est un film de Stefano Mordini qui sortira en France le 5 juin 2013.

Synopsis Il y ala Méditerranée, la lumière, l’île d’Elbe au loin. Mais ce n’est pas un lieu de vacances. C’est une terre sur laquelle ont poussé brutalement les usines et les barres de béton. Anna et Francesca, adolescentes, sont les souveraines de ce royaume cabossé. Ensemble, elles rêvent d’évasion et parient sur une amitié inconditionnelle pour s’emparer de l’avenir.

Casting : Vittoria Puccini, Michele Riondino, Luca Guastini, Francesco Turbanti, Anna Bellezza, Matilde Giannini

Critique Cinéma : D’acier

D’acier (Acciaio) est le deuxième film de Stefano Mordini, qui a également réalisé des documentaires. Il adapte le roman du même nom de Silvia Avallone. D’acier raconte l’histoire de deux adolescentes qui deviennent femme, prennent conscience de leur corps, découvrent les adultes, les garçons, et de leur amitié qui s’effiloche en même temps.

Mais d’Acier c’est surtout le portrait d’une Italie en crise profonde, de la petite ville de Piombino, victime des délocalisations et d’une situation économique désastreuse. Dans la ville, seule l’aciérie tourne encore, au ralenti. C’est le portrait d’une génération laissée à elle-même, de familles qui se déchirent et du choix entre rester pour être ensemble dans la misère ou partir pour peut-être ne pas trouver mieux ailleurs. Etudier, pour quoi faire ? Elena a étudié ailleurs, a obtenu son diplôme et puis est revenue à l’aciérie, certes parmi les chefs, mais elle n’a pas réussi à quitter Piombino, ravivant de vieilles blessures et de vieux sentiments. Alesso et ses amis ont suivi la voie toute tracée, directement de l’école vers l’aciérie, ils ont quitté le cartable pour enfiler le bleu de chauffe et le casque de chantier. La génération plus jeune compte leur emboîter le pas, comme l’ont fait leurs pères et leurs grands-pères.

Critique Cinéma : D’acier

Au milieu de tout cela s’ébattent Anna et Francesca. Inséparables, elles prennent peu à peu conscience du désir qu’elles commencent à éveiller chez les garçons. Découvrant le pouvoir de leur corps, elles tenteront de l’utiliser maladroitement. Cette séduction les conduira à se déchirer. Anna croira avoir trouvé le bonheur, Francesca pensera l’avoir perdu à jamais. Au loin, les cheminées de l’aciérie dominent le paysage, menaçantes.

Stefano Mordini adapte le roman de Silvia Avallone en y évoquant le volet social, la difficile question de l’exil, des délocalisations, une jeunesse déracinée, sans repères. L’usine pèse sur tous, unique gagne pain à Piombino, chaque rumeur fait planer une chape de plomb sur la ville. Le soleil de la Toscane évoque la sueur et la rouille, l’aciérie est un enfer bouillant, l’atmosphère de Piombino paraît irrespirable, tous y étouffent, y sont contraints. La photographie de Marco Onorato, qui a réalisé celle de Gomorra, est chaude et lumineuse, la caméra s’attarde lascivement sur les corps, parfois sensuelle, parfois gênante.

Anna et Francesca s’occupent comme elles le peuvent au milieu des grandes barres d’immeubles et des restes de la gloire industrielle de la ville qui rouillent autour de la plage. Pour passer le temps et échapper à cet étouffement, elles se baignent tous les jours, puis se réfugient à l’écart dans une cabane, hors du temps. Elles courent, crient, animent cette atmosphère pesante.

Note de Gorbak: 8/10, Malgré quelques longueurs et quelques scènes qui tombent comme un cheveu sur la soupe, D’Acier est un beau portrait d’une petite ville italienne sacrifiée par la crise économique.