On nous l’avais promis, on l’a presque eu. Avengers vs. X-Men était censé chambouler une fois de plus l’univers Marvel, finalement, c’est peut-être simplement un retour en arrière qui pourrait être salutaire.
En mixant tous les éléments en cours, les auteurs arrivent donc à l’histoire suivante : le Phénix s’apprête à débarquer sur Terre et Cyclope, leader des X-Men retranché sur Utopia suite au schisme de la famille mutante, croit qu’il va s’emparer de la jeune Hope afin de remettre l’espèce mutante sur de bons rails. Mais comme le phénix est aussi synonyme de destruction, les Avengers vont tout faire pour que cela n’arrive pas. Si le pitch est en apparence simpliste (il s’agit juste de faire en sorte que les 2 groupes de super-héros se tapent dessus), il va s’avérer lourd de conséquences pour certains personnages et pour l’avenir des différentes factions.
Heureusement, plus on avancera dans l’histoire, plus celle-ci va développer de complexité et on pourra toujours se poser la question de savoir si, si les personnages avaient agit autrement, avec plus de diplomatie, un tel conflit et surtout de telles conséquences auraient eu lieu. Car au milieu de l’histoire, c’est par la faute des Avengers fonçant tête baissée, si le Phénix prend possession de Cyclope, Emma Frost, Namor, Colossus et Magik. Ceux-ci vont alors changer le monde en bien en offrant de l’énergie et de la nourriture pour toute la planète. Ils mettent alors toute cette puissance au profit d’un monde idéal. Mais les Vengeurs, plus que quiconque, savent que le pouvoir absolu corrompt absolument et étant donné le profil assez borderline des 5 hôtes du phénix (choix audacieux qui permet de belles atrocités comme cette prison des limbes dans un volcan), il était certain qu’après une nouvelle provocation, les X-Men allaient perdre le contrôle.
Il est donc question de puissance à grande échelle et de survie des deux côtés dans Avengers vs X-Men et les auteurs arrivent bien à transmettre l’ampleur de l’histoire (et le choix de John Romita Jr, Olivier Coipel et Adam Kubert aux dessins n’y est pas étranger). Pourtant, ils ont du mal à se raccrocher à son côté plus personnel. En effet, à faire la démonstration de leur ambition, ils perdent de vue certains personnages pour les reléguer dans les séries annexes, si bien qu’on a juste l’impression d’un gros mouvement global qui ne nous accroche que moyennement et même le sacrifice de l’un des personnages majeurs sera vite évacué en quelques cases alors que d’autres pouvaient jouer un rôle bien plus majeur. Alors hormis Captain America (à l’héroïsme aveugle), Scott Summer (qui devient le dictateur qu’il redoutait sans s’en rendre compte), Hope (toujours en quête d’un destin) et un épisode où Spider-Man montre ce qu’est l’esprit d’un vengeur, on passera rapidement sur l’histoire pourtant intéressante.
Finalement, la pléthore d’auteurs a peut-être nuit au récit qui semble partir dans plusieurs directions suivant les plumes à l’œuvre, manquant alors de maîtrise et c’est dommage. Dommage également de ne pas avoir eu, comme à l’époque, une série annexe pour traiter de cette histoire du point de vue du citoyen lambda qui pouvait vivre ce conflit et les changements dus aux Phénix comme il nous manque également un point de vue plus politique de l’histoire.
Reste que l’ambition affichée se retrouve bien pendant les 12 épisodes de la saga bien rythmés et que cette fois les conséquences sont bien là. Au final, Cyclope va assumer ses fautes et se retrouver en prison (pas pour longtemps) et les mutants sont de retour mais les changements apportés par les 5 Phénix risquent bien d’être vite passés à la trappe. Si Siège était à l’époque la conclusion de Civil War, cet AvX est en fait la conclusion de House of M et revient alors au statut que nous avions il y a 10 ans, en espérant que ce retour sera exploité de manière intéressante par les auteurs qui viennent de jouer aux chaises musicales avec les séries pour mieux les relancer. Tout cela se joue « Now» .