Sous Surveillance, critique

Par Fredp @FredMyscreens

Robert Redford est de retour avec un thriller nostalgique typé 70′s. Mais Sous Surveillance ne va malheureusement jamais assez loin.

Depuis quelques temps, on parle du retour d’un certain cinéma des 70′s dont Jack Reacher est certainement l’un des meilleurs exemples récents. Et qui dit retour aux années 70, dit retour de ses figures hollywoodiennes emblématiques. Il n’en faut pas plus pour que Robert Redford retrouve l’honneur du grand écran chez nous après la sortie discrète et directement en vidéo de La Conspiration. L’acteur militant d’une certaine indépendance revient donc avec un sujet qui avait tout pour nous enthousiasmer et surtout avec un casting aux petits oignons mais malheureusement rien de tout cela ne sera vraiment exploité.

A la fin des années 60, des extrémistes américains contre la guerre du Vietnam étaient arrivés au point de non retour en commettant un grave attentat. Si la plupart des auteurs ont été arrêtés, il reste cependant quelques militants qui ont réussi à passer entre les mailles du filet et à se construire une nouvelle identité pour échapper aux autorités. 40 ans plus tard, alors que l’une de ces personnes est arrêtée, un jeune et ambitieux journaliste met le doigts sur l’affaire et met le FBI sur la piste d’un autre briscard en fuite.

Évidemment, en s’attaquant à ce thème, on s’attend tout de suite à un thriller enlevé avec une portée politique importante, en particulier de la part d’un Robert Redford qui a toujours eu son mot à dire sur la question. Et pourtant ce ne sera pas vraiment le cas car Sous Surveillance lorgne finalement beaucoup plus sur la nostalgie de cette époque et sur la méditation sur les erreurs du passé. Les militants d’hier sont finalement devenus des parents bien rangés qui ne cherchent plus à faire de vagues et veulent surtout prendre soin de leur famille. Une évolution du discours politique vers un aspect intimiste qui déçoit alors fortement même si l’humanité qui se dégage du film reste touchante.

Si l’aspect politique édulcoré du film est décéptif, on pouvait pourtant s’attendre alors à une traque haletante et prenante, mais encore une fois, Redford n’est pas un réalisateur de film d’action et préfère se poser sur des scènes intimiste. Alors la tension ne monte jamais et le film devient particulièrement prévisible, n’attisant jamais notre nervosité pour savoir si le fugitif va échapper ou non au FBI ou si il y a vraiment une menace autour du journaliste. A ce stade le thriller politique a perdu son aspect thriller et son aspect politique, il ne lui reste donc plus que son côté intimiste à défendre. Et même de ce côté c’est malheureusement raté.

Car en multipliant les personnages, le récit ne s’attache finalement à aucun d’entre eux et même si tous les acteurs sont très bons (de Redford himself à Shia Labeouf en passant par Brendan Gleeson ou Sam Eliott), l’ensemble se révèle superficiel, d’autant plus quand les seconds rôles féminins (pourtant interprétés par Susan Sarandon, Julie Christie ou Brit Marling) ne sont traités que comme de la décoration et n’ont pas grand chose à apporter à l’histoire.

Reste alors à Sous Surveillance une mise en scène d’un bel académisme qui n’emporte pas le récit vers les cimes mais se révèle tout de même assez efficace pour maintenant notre intérêt pour cette histoire où il ne se passe pas grand chose et où les personnages resteront inchangés du début à la fin. Robert Redford disposait d’ingrédients en or pour faire de Sous Surveillance un vrai revival du cinéma revendicatif des années 70 et n’en a finalement pas tiré grand chose sinon un film honnête et nostalgique. Dommage.