Gatsby le Magnifique, critique

Gatsby le Magnifique, critique

12 ans après Moulin Rouge !, Baz Luhrmann est de retour sur le tapis rouge du Festival de Cannes avec les strass, paillettes et stars de Gatsby le Magnifique. Et si l’australien échoue dans la fresque romanesque, il livre un écrin idéal au talent toujours impressionnant de Leonardo DiCaprio.

Gatsby le Magnifique, critiqueGatsby le Magnifique… un nom légendaire pour un livre qui s’était planté à a première publication avant de devenir l’un des standards de la littérature américaine, portrait d’une nation en pleine décadence avant la crise de 29. Le succès, c’est donc bien plus tard que l’œuvre de F. Scott Fitzgerald l’a connu mais le cinéma n’a pas attendu pour porter cette histoire à l’écran et certains se souviendront certainement de la version avec Robert Redford dans le rôle titre. Mais l’histoire résonne encore aujourd’hui dans l’actualité et il n’est pas étonnant alors de voir l’extravagant réalisateur australien Baz Luhrmann s’y intéresser.

En effet, avec sa description d’une société décadente et de la lutte des classes, ses grandes fêtes et son histoire d’amour impossible, Gatbsy le Magnifique a tout de qu’il faut de romanesque pour plaire au cinéaste. C’est donc tout naturellement qu’après l’échec d’Australia, Baz Luhrmann s’attaque à cette nouvelle adaptation avec le Leonardo DiCaprio qu’il avait révélé dans Romeo + Juliette.

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Comme à son habitude, le film commence donc de manière très rythmée, avec une énergie débordante lors des grandes fêtes organisées chez les mystérieux Gatsby dont tout le monde se demande qui il est et d’où vient sa fortune. Les couleurs criardes sur des fonds verts avec de grands renforts de retouches numériques dégoulinent sur l’écran … c’est clair nous sommes dans un film de Baz Luhrmann et celui-ci s’en donne à cœur joie dans sa reconstitution et mise en scène exubérante.
A tel point qu’il en oublie finalement de nous présenter ses personnages de manière claire et de porter une véritable attention à l’histoire et à son contexte. Bizarrement, ce qui fonctionnait parfaitement dans la folie de ses précédents films a du mal à trouver sa place ici alors que, paradoxalement, la décadence ne demandait que cela. A forcer le trait ainsi, on reste alors tout le long du film dans la superficialité qui est censée être finalement dénoncée.

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Il est alors bien dommage que Luhrmann s’attarde trop sur son style (oubliant même de donner une véritable place à la musique devenue ici un fond sonore gênant) car Gatbsy le Magnifique, c’est aussi l’histoire des nouveaux riches avant la crise, d’une figure incarnant l’espoir typiquement américain au delà de son aspect superficiel et une folle histoire d’amour.
Mais le réalisateur, préférant se concentrer sur la forme parfois à la limite grotesque de son film (qui n’est pas arrangée par la 3D), ne capte presque rien de tout cela et passe complètement à côté de la fresque romanesque qui l’attendait. Même si on y met un peu de soi, les émotions ne passent finalement pas alors que l’on en saisit bien tout le potentiel, ce qui est assez frustrant.

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Que reste-t-il alors de la promesse de départ ? Si l’on oublie le rôle agaçant de Tobey Maguire, narrateur de l’histoire, le casting s’en sort plutôt bien, en particulier Joel Edgerton qui dégage une bonne présence menaçante dans le rôle du mari jaloux et infidèle de la frêle Daisy (Carey Mulligan encore dans ce rôle de femme-enfant qui lui colle à la peau).
Mais c’est évidemment Leonardo DiCaprio qui ressort encore grandit de ce rôle de Gatsby le magnifique … ou est-ce Gatsby qui était le rôle écrit par Fitzgerald pour l’acteur ? On ne sait plus tant les deux ne font qu’un (le parallèle entre la vie de l’acteur et celle du personnage est presque évident). Impérial, Dicaprio règne en maître sur le film de Luhrmann et sa simple présence rattrape à elle seule presque tout le film tant il dégage un charisme inné et un mystère essentiel au personnage. Que ce soit dans son aspect de gamin amoureux maladif à celui plus sombre d’un homme qui ne se laissera pas voler sa vie (piquant alors une crise de colère intense), l’acteur transmet comme personne n’aurait pu le faire cet espoir fou au milieu d’une société à la dérive.

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Avec Gatbsy le magnifique, Baz Luhrmann ne fait donc jamais dans la demi-mesure et la forme prend bien trop le pas sur le fond pour s’y attacher. C’est dommage tant il y avait matière à livrer ici une grande fresque romanesque sur un personnage passionnant brillamment incarné par un Leonardo DiCaprio qui prouve une nouvelle fois qu’il est l’acteur le plus doué de sa génération (et on ne se lasse pas de le dire).