Avant de s’attaquer au mythe Star Wars, J.J. Abrams est de retour pour continuer à booster la saga Star Trek . Malheureusement, Into Darkness n’est pas vraiment à la hauteur et, derrière l’esbroufe apparente, se révèle même très anecdotique.
Mais dès le début de ce Star Trek Into Darkness, quelque chose cloche, et l’on voit tout de suite quoi. Les personnages n’ont pas évolué et on se retrouve alors avec le même point de départ pour tout recommencer. L’amitié entre Kirk et Spock, l’apprentissage de l’héroïsme, … tout sera refait pendant le film, jusqu’aux scènes d’action qui frôlent parfois la copie du premier volet (Kirk se frayant un chemin dans l’espace rappelle énormément la séquence de chute libre vue dans le film précédent). Et c’est dommage car son scénario qui au départ mêlait le terrorisme sortant de l’ombre et du passé de Starfleet avec une possible guerre à venir était prometteur, d’autant plus qu’il pouvait refléter des thèmes en phase avec le monde d’aujourd’hui à la manière d’un Dark Knight ou d’un Skyfall (référence marketing revendiquée dès l’affiche ou l’apparition d’un vilain se laissant enfermer …).
L’histoire de ce Star Trek Into Darkness ne sera finalement qu’un simple aller-retour, commençant efficacement sur Terre pour faire un tour dans l’espace avant de revenir comme si de rien n’était. Le scénario est donc traité complètement par dessus la jambe et se retrouve d’une simplicité et d’une prévisibilité confondante tant les éléments ont déjà été vus dans 40 blockbusters avant celui-là (et on ne parlera pas des incohérences qui parsèment l’histoire). Pire que ça, on ressent à la fin un manque, comme si le 3e acte épique et qui nous implique vraiment émotionnellement dans l’action avait été complètement oublié. Du coup, les 2 heures de film qui auraient pu être résumées en une introduction d’une demi-heure paraissent bien anecdotiques.
Elles le sont d’autant plus que les personnages peinent à exister et seul Benedict Cumberbatch (Sherlock) dans le rôle du grand bad guy à la voix grave arrive à avoir la prestance nécessaire pour nous embarquer dans le film. Mais malgré tout l’intérêt thématique qu’il peut avoir, il est dommage que son personnage n’ai pas un rapport plus personnel avec les héros pour renforcer sa menace. Car pour le reste, l’intrigue centrée sur la relation entre Kirk et Spock fait que l’on oublie complètement les autres membres de l’équipage qui avaient auparavant leur petit mot à dire. Tout juste Simon Pegg a le droit à son petit moment mais on sent bien que c’est assez forcé.
Avec des personnages vides et un scénario qui l’est tout autant, J.J. Abrams fait son possible derrière la caméra pour rattraper tout cela. Et si l’on oublie sa manie des lens fare (ses effets de reflets lumineux qui occupent parfois la moitié de l’écran) ou son manque d’intérêt pour la représentation à l’échelle humaine d’une catastrophe (des immeubles seront balayés comme des châteaux de cartes mais on n’aura aucun regard pour les milliers de victimes), il se révèle tout de même sacrément efficace. En effet, il a tout même une notion du rythme parfaitement maitrisée pour nous maintenir tout de même sous tension et il arrive par instant à toucher du doigt une belle iconisation du bad guy ou de l’Enterprise. Pas plus intéressé que cela par le scénario dont il s’accommode, Abrams est alors en train de faire une bande-démo pour le prochain Star Wars et il y réussit dans ce sens plutôt bien.