ARI est le premier court métrage d’Arthur Choupin. Il met en scène un homme emménageant dans un appartement à l’aspect futuriste, dont la vie est régit par une intelligence artificielle inquiétante et aidée par un petit robot mignon.
Pour un premier court, il faut avouer que le film est réussi. Certes, il ne révolutionne pas le genre, mais les décors et la photographie sont particulièrement soignés. Les effets spéciaux sont mêmes très réussis.Le résultat est plutôt net et l’ambiance futuriste est rapidement et habilement bien posée.
On passera sur les situations clichés maladroitement amenées comme la scène romantique, ou les seconds rôles trop plats, pour s’attarder sur la capacité à savoir instaurer vite et brillamment une ambiance détendue, puis basculer dans une atmosphère nettement plus sombre.Tout en retenue, mais sachant imposer une force qui perd finalement pied, l’acteur principal, Frédéric Jeannot participe à cette réussite.Évidemment, on ne peut que penser au cultissime
2001, de Stanley Kubrick (1968) pour le robot à l’oeil rouge et au superbe
Wall E d’Andrew Stanton (2008). Ces références pourraient sans doute gêner certains, et occulter un peu la force principale d
‘ARI: savoir retenir l’attention du spectateur malgré un synopsis déjà vu.
Pour comprendre mieux l’histoire et le message d’
ARI, j’ai posé quelques questions à son réalisateur, Arthur Choupin:
- Racontez moi la genèse du projet et d’où vient cette envie de réaliser un court de SF?
D’un peu nulle part et partout à la fois. Je suis issu d’une vaste culture geek et SF, avec des réalisateurs, jeux vidéos et auteurs qui m’ont beaucoup influencé comme Ridley Scott, Philip K. Dick, Asimov, Orson Scott Card, Portal, Pixar, Kubrick…
Un soir une drôle d’idée m’est passé par la tête : écrire la relation possible entre une IA domestique et son propriétaire/locataire. Je me suis vite emballé sur le sujet et nous y voilà un an plus tard.
- Comment avez vous financé le film?
De nombreuses manières : plateforme participative comme Ulule, placement de produit et de marque… et pas une seule subvention !
- Le court a mis environ 1 an à aboutir? Quels ont été les principaux obstacles pour monter ce projet?
Le financement à pris 9 mois et fut assez complexe. Nous faisions partit d’une société de production dont nous avons du nous séparer, donc plus de structure pour nous soutenir. Je n’oublierai jamais le jour où Sebastien (le producteur) est venu me voir pour me dire "On arrivera pas à financer 25 mn de film, tu dois me réécrire l’histoire en 15 mn". C’est très difficile de condenser sans perdre le sens de ce qu’on veut raconter. Le pire c’est sans doute quand notre chef opérateur s’est désister un mois avant le tournage. Là on a vraiment eu peur. Mais finalement on en a trouvé un encore mieux !
- Votre court métrage fait références à d’autres films (je pense à Wall E pour le robot, 2001 pour le robot avec la lumière rouge). Que signifient ces films pour vous?Quelle a été leur influence à travers le projet que vous vouliez porter? D’où vient l’inspiration pour créer ces personnages et leurs caractéristiques?
C’est drôle parce qu’on me parle beaucoup de 2001 lorsqu’on parle d’ARI. Pour c’est un film que je n’avais vu qu’une fois 10 ans plus tôt ! Quand à Wall E c’est un de mes films préférés, il est dans mon top 10. Les influences il y en a beaucoup que j’ai cité plus haut, mais par exemple Gump n’a rien à voir avec Wall E. Au début il devait ressembler à un chien robot. Un ami m’a dit "dans ce cas prend un vrai chien ou trouve autre chose. Il pourrait par exemple ressembler à une balle !" Il ne se doutais alors pas de l’excellente idée qu’il venait de jeter comme ça à l’improviste.
- Combien de personnes ont travaillé sur ce projet? Comment s’est passé le casting?
Plus de 20 personnes ont travaillé directement sur le film à différents stades de la production. Sur le plateau nous étions en 12, et 30 quand la figuration était là.
Nous avons en tout fait cinq jours de castings pour trouver quatre personnages. Je suis très heureux d’y avoir rencontré les acteurs d’ARI, avec lesquels j’entretient d’excellents relations.
- Est ce votre 1er court? Quelle est votre formation?
C’est le premier, ça se voit non ? J’ai fait la formation de technicien de l’image à 3IS.
- Quels sont vos films cultes?Pourquoi aimez vous le cinéma de genre, et en l’occurrence de science fiction?
Mon premier vrai choc a été "L’Armée des 12 singes". Je n’ai presque plus communiqué avec mon entourage pendant deux semaines après avoir vu ce film. J’était comme en état post traumatique tant les images et l’histoire m’avait impressionné. Prometheus m’a mis une bonne claque récemment, et j’ai une grosse affection pour Wall E. Mais mon film culte absolu reste "Singing in the rain". Je suis un fondu de comédies musicales ! De Jacques Demy à Minelli en passant par Fred Astaire et Gene Kelly, je les adore tous.
Le film de genre c’est une vieille affection survenue sans que je la choisisse vraiment. Ma grand mère m’a collé devant la trilogie Alien à l’âge de huit ans, pensant que c’est des films tout publique comme ET. Inutile de vous dire que ça laisse quelques séquelles. Mais en soit je ne me suis pas vraiment demandé à quelle catégorie appartiendrait ARI, je voulais juste raconter une histoire.
- Quel est le message de votre court? L’idée que vous vouliez faire passer?
Beaucoup de gens m’ont dit que les machines qui attaquent les humains c’est fait et refait. Ce qu’il n’ont pas du comprendre c’est qu’ARI n’est pas le méchant, mais bien son programmateur : Franck. Je voulais au travers du film poser la question : Les IA sont pour demain, qu’en feront nous ? Des outils qui transcenderont l’humanité ? Des outils de contrôles ? De nouveaux pièges pervers ? C’est une vraie mise en garde. Si vous y pensez deux secondes, vous n’avez plus un téléphone dans votre poche, vous avez un smartphone : un téléphone intelligent. J’essaie d’interroger les risques de déviance possible. L’erreur est belle et bien humaine !
- Suivez vous les autres projets de cinéma de genre faisant appel au crowdfunding?
Quelques uns oui. C’est grâce aux participations que j’ai fais ARI, moi aussi j’ai envie d’aider à l’aventure d’un autre et voir les films que j’ai choisit en salle ! Les plateforme de crowdfunding ont beaucoup d’avenir je pense, c’est un peu la VOD 2.0 : je ne finance que ce que je veux voir.
- Quels sont vos prochains projets?
Je dirige aujourd’hui aux côtés de mon meilleur ami et producteur une société de production audiovisuelle, ça nous occupe beaucoup ! Mais j’ai un nouveau projet de court dont on démarrera la production à la rentrée : Un thriller du nom de Henry. Le pitch : Henry, un garçon de sept ans, va tout mettre en oeuvre pour se débarrasser de son nouveau né de petit frère. Les erreurs des adultes vont progressivement lui donner les clefs pour exécuter son plan d’enfant. Mais y parviendra-t-il ?