Présenté à Cannes en ouverture de la sélection Un Certain Regard, The Bling Ring, le nouveau film de Sofia Coppola avec son gang d’ados bourgeois cambrioleurs de stars débarque maintenant au cinéma. Rassurez-vous, tant que vous ne portez pas de marques de luxe, vous ne risquez rien.
Le sujet est donc idéal pour la réalisatrice puisqu’elle peut alors faire le portrait de l’adolescence à la dérive d’aujourd’hui, entre quête de célébrité virtuelle et coups bas purement égoïstes. D’une certaine manière, c’est donc dans la droite lignée de tout ce qu’elle a pu développer dans sa filmographie à base d’ados qui s’ennuient et le milieu des stars qui perd son sens.
Et le film commence plutôt bien, de manière rythmée, on fait la connaissance de ces personnages qui n’ont d’yeux que pour l’image, la superficialité de célébrités du calibre de Paris Hilton. Mais malgré leur futilité et leur vanité on s’attache tout de même rapidement à ces ados qui s’ennuient et qui cherchent au fond simplement un peu de reconnaissance et vont alors mal tourner. Alors les premiers cambriolages sont plutôt sympas et même assez drôles à suivre, réunissant à la fois l’absurdité de ces gosses de riches cherchant à voler des sacs à mains de marque (oui le placement de produit est bien là) et cette petite et discrète excitation à l’idée de violer l’interdit, d’autant plus chez des personnes chez qui ça ne prête pas à de grosses conséquences.
Pourtant, si le film démarre bien, Sofia Coppola ne cherche malheureusement pas par la suite à développer davantage la personnalité de ces ados et leurs motivations (la gloire, le contexte familial, l’école …) . Elle se contente de montrer et de répéter sans cesse les mêmes dialogues et scènes de braquage et mêmes des témoignages que l’on retrouvera par la suite. Simple témoin extérieur de l’affaire, elle ne cherche pas à approfondir plus que cela son propos, se contentant de semer des graines intéressante sur cette adolescence perdue et égocentrique, ne voyant le succès qu’en s’affichant en soirées sur Facebook, sans jamais aller jusqu’au bout et en multipliant les ellipses.
Évidemment, de part son sujet, et même si le traitement est radicalement différent, on ne pourra s’empêcher de comparer ce glamour pimbêche à la grossièreté faussement arty de Spring Breakers. Et de ce côté, on peut dire que Sofia Coppola marque des points en nous laissant tout de même nous attacher aux personnages malgré leur superficialité, nous immisçant par bribes dans leurs histoires personnelles (la vie de famille du personnage d’Emma Watson, sous exploitée, avec sa mère un peu barrée campée par Leslie Mann est à ce titre assez plaisante et on regrette que ce petit discours sarcastique n’ai pas été davantage exploité).
Mais aussi parce que la réalisatrice garde son sens de la mise en scène très classe capturant des instants dans toute leur pureté. La réalisatrice n’a pas besoin de faire dans la démonstration et de montrer les filles se trémousser en bikini pendant 90 minutes pour faire passer son idée de l’ado type de Beverly Hills. Toutefois, on n’aurait pas craché sur un peu plus de trash de sa part pour faire bouger tout cela.
Nous aguichant régulièrement dans le vide, the Bling Ring est effectivement un film qui n’ose pas aller au bout de ses idées et de son propos par excès de pudeur mais il s’en dégage tout de même un sentiment touchant autant qu’agaçant pour ces apprenties cambrioleuses de riches.