Culte du dimanche : Piranhas

Culte du dimanche : Piranhas

A l’approche de l’été, Carlotta a la bonne idée de ressortir en bluray le film culte qui a lancé la carrière du mordant Joe Dante. Retour sur Piranhas !

Culte du dimanche : PiranhasAvec le triomphe des Dents de la Mer de Steven Spielberg au cinéma de nombreux producteur ont trouvé un nouveau filon. C’est ainsi que le mogul italien Dino De Laurentiis a produit le très cheap Orca. Mais ne voulant pas rester en reste, Roger Corman commande lui aussi ses poissons dévoreurs d’homme. En effet, producteur incontournable de séries B d’exploitation à petit budget, avant fait fait de l’horreur et du sexy l’une de ses principales recette, Roger Corman est un peu à l’époque ce qu’Asylum est devenu aujourd’hui, l’amour du bricolage en plus et n’hésitant pas à mettre en avant ses techniciens. L’écurie Corman est d’ailleurs un véritable terrain d’apprentissage pour de nombreux cinéastes (le plus remarquable étant sans conteste Coppola) qui doivent alors gérer des budgets et plannings ultra serrés pour être rentables.

Parmi ces jeunes réalisateurs qui ne demandent qu’à faire leurs preuves, il y a un certain Joe Dante qui a précédemment co-réalisé 2 films du producteurs et qui prend donc en charge le projet Piranhas en solo mais entouré d’une bonne équipe technique pour mettre tout cela en boite. Le scénario tient sur un post-it et voit donc des piranhas élevés à  des fins militaires être accidentellement libérés dans une rivière, mettant alors en danger la population qui va inaugurer une nouvelle base de loisirs.

Culte du dimanche : Piranhas

Dès le début du film, Dante joue clairement avec la parenté que son film entretient avec les Dents de la Mer. Les personnages, campés par des comédiens de télévision ou de seconds rôles, sont stéréotypés dans ce sens et l’intrigue progresse de la même manière faisant du massacre sur la plage le grand moment de bravoure du film avec des piranhas qu’on ne fait qu’entrevoir. On sent clairement que le réalisateur et toute l’équipe qui l’entoure prend plaisir à mettre en boite ce pastiche bon enfant mâtiné d’une belle couche de gore et de quelques plans bikinis qui font la marque de la production Corman. D’ailleurs, ils se permettent tant de choses qu’ils n’hésitent pas à montrer une attaque de piranhas sur des enfants, chose qu’il serait impossible de faire de nos jours.

Culte du dimanche : Piranhas

Mais au delà de la farce, Piranhas cache aussi une critique acerbe du gouvernement et en particulier de l’armée qui en prend ici bien pour son grade et finira mangée comme il se doit par les monstres qu’elle a engendré. Mais il y a aussi le personnage capitaliste et chérissant le patrimoine de foire américaine campé par Dick Miller (devenu depuis l’acteur récurrent de la filmographie de Dante, toujours avec ce même type de rôle) qui est là pour dénoncer un peu plus quelques travers purement US. C’est bien cette patte sarcastique deviendra alors la composante essentielle du cinéma de Joe Dante, non sans lui valoir quelques problèmes par la suite avec de nombreux producteurs (jusqu’à son dernier film the Hole malheureusement passé complètement inaperçu).

Culte du dimanche : Piranhas

Évidemment, Piranhas a pris aujourd’hui un petit coup de vieux mais on y voit aussi les prémisses d’une bonne maitrise technique, du découpage de l’action et du suspense par Joe Dante qui se révèle être un très bon artisan du cinéma. Et avec ce discours lui donnant toute sa personnalité, Piranhas se démarque forcément du lot des « sous-Jaws» , si bien que même Steven Spielberg trouvera dans ce film la meilleur parodie des Dents de la Mer et offrira quelques années plus tard à Joe Dante le poste de réalisateur sur Gremlins. Le film est même aujourd’hui devenu un classique de la série B qui a marqué de nombreux fans du genre comme Alexandre Aja qui en a réalisé un remake qui repousse les codes instaurés par Dante.