A l’approche de l’été, Carlotta a la bonne idée de ressortir en bluray le film culte qui a lancé la carrière du mordant Joe Dante. Retour sur Piranhas !
Parmi ces jeunes réalisateurs qui ne demandent qu’à faire leurs preuves, il y a un certain Joe Dante qui a précédemment co-réalisé 2 films du producteurs et qui prend donc en charge le projet Piranhas en solo mais entouré d’une bonne équipe technique pour mettre tout cela en boite. Le scénario tient sur un post-it et voit donc des piranhas élevés à des fins militaires être accidentellement libérés dans une rivière, mettant alors en danger la population qui va inaugurer une nouvelle base de loisirs.
Dès le début du film, Dante joue clairement avec la parenté que son film entretient avec les Dents de la Mer. Les personnages, campés par des comédiens de télévision ou de seconds rôles, sont stéréotypés dans ce sens et l’intrigue progresse de la même manière faisant du massacre sur la plage le grand moment de bravoure du film avec des piranhas qu’on ne fait qu’entrevoir. On sent clairement que le réalisateur et toute l’équipe qui l’entoure prend plaisir à mettre en boite ce pastiche bon enfant mâtiné d’une belle couche de gore et de quelques plans bikinis qui font la marque de la production Corman. D’ailleurs, ils se permettent tant de choses qu’ils n’hésitent pas à montrer une attaque de piranhas sur des enfants, chose qu’il serait impossible de faire de nos jours.
Mais au delà de la farce, Piranhas cache aussi une critique acerbe du gouvernement et en particulier de l’armée qui en prend ici bien pour son grade et finira mangée comme il se doit par les monstres qu’elle a engendré. Mais il y a aussi le personnage capitaliste et chérissant le patrimoine de foire américaine campé par Dick Miller (devenu depuis l’acteur récurrent de la filmographie de Dante, toujours avec ce même type de rôle) qui est là pour dénoncer un peu plus quelques travers purement US. C’est bien cette patte sarcastique deviendra alors la composante essentielle du cinéma de Joe Dante, non sans lui valoir quelques problèmes par la suite avec de nombreux producteurs (jusqu’à son dernier film the Hole malheureusement passé complètement inaperçu).
Évidemment, Piranhas a pris aujourd’hui un petit coup de vieux mais on y voit aussi les prémisses d’une bonne maitrise technique, du découpage de l’action et du suspense par Joe Dante qui se révèle être un très bon artisan du cinéma. Et avec ce discours lui donnant toute sa personnalité, Piranhas se démarque forcément du lot des « sous-Jaws» , si bien que même Steven Spielberg trouvera dans ce film la meilleur parodie des Dents de la Mer et offrira quelques années plus tard à Joe Dante le poste de réalisateur sur Gremlins. Le film est même aujourd’hui devenu un classique de la série B qui a marqué de nombreux fans du genre comme Alexandre Aja qui en a réalisé un remake qui repousse les codes instaurés par Dante.