Room 237
de Rodney Ascher
USA -2012 -1h44
Avec : Jay Weidner, Buffy Visick, Crothers Scatman
Date de sortie : 18 juin 2013
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« Room 237″ explore les diverses théories qui continuent de fleurir au sujet du « Shining » de Stanley Kubrick, trente-deux ans après…
Synopsis
En 1980, Stanley Kubrick signe Shining, qui deviendra un classique du cinéma d’horreur. A la fois admiré et vilipendé, le film est considéré comme une oeuvre marquante du genre par de nombreux experts, tandis que d’autres estiment qu’il est le résultat du travail bâclé d’un cinéaste de légende se fourvoyant totalement.
Entre ces deux extrêmes, on trouve cependant les théories du complot de fans acharnés du film, convaincus d’avoir décrypté les messages secrets de Shining. ROOM 237 mêle les faits et la fiction à travers les interviews des fans et des experts qui adhèrent à ce type de théories, et propose sa relecture du film grâce à un montage très personnel. ROOM 237 ne parle pas seulement de fans d’un film mythique – il évoque les intentions de départ du réalisateur, l’analyse et la critique du film.
« Je ne crois pas que mes cinq témoins soient fous. D’abord, ils ne sont que la partie émergée de l’iceberg, tant Shining a suscité de théories fumeuses. […] J’ai voulu comprendre leur mode de pensée. Surtout, ne pas aller vérifier auprès des témoins du tournage ce qui est vrai ou faux, intentionnel de la part de Kubrick, ou accidentel. Ce qui m’intéressait, surtout, c’était le moment de l’épiphanie : comment ils ont découvert quelque chose d’inédit sur Shining, et comment cela a changé leur vie… » (Rodney Ascher)
Monté à partir d’images du film de Kubrick et d’autres films, Room 237 laisse ainsi s’exprimer les voix de cinq « exégètes » de l’œuvre.
Partant du principe avéré que Kubrick ne laissait strictement rien au hasard, ces fanatiques se focalisent sur de tout petits signes, repérés au fil de visionnages à répétition, échafaudent des théories complètement dingues sur le sens caché du film, inspiré d’un roman de Stephen King.
Aussi, Shinning serait un film sur :
- Le génocide des Indiens d’Amérique : l’intervenant se fonde sur une boîte de conserve repérée dans le garde-manger – de marque Calumet, illustrée par un logo en forme de coiffe d’Indien – et sur une réplique évoquant une bataille avec les Indiens qui aurait eu lieu sur le site de l’hôtel.
- La Shoah les véritables sujets du film : l’intervenant mentionne les flots de sang qui se déversent en cascade depuis l’intérieur d’une pièce fermée, la montagne de bagages laissés par les touristes dans le hall de l’hôtel… Il y associe la marque allemande de la machine à écrire, l’aigle qui y figure, le numéro42 inscrit sur le t-shirt de Danny, le fils de Jack, qui renverrait selon lui à l’année 1942. Il précise que Kubrick était plongé à l’époque dans la somme de Raul Hilberg sur La Destruction des juifs d’Europe. On se prend à rentrer dans son jeu.
Shinning serait aussi la preuve que les images montrant les premiers pas de l’homme marchant sur la lune sont truquées :
- Les images sur la lune sont truquées. Room 237 nous emmène jusque sur la Lune. Les images des premiers pas qu’y fit l’homme, en 1969, sont fausses. Elles ont été tournées en studio par Stanley Kubrick, et The Shining en contiendrait l’aveu crypté.
Vous trouverez aussi les réponses à des questions comme :
- Qui est cette femme qui prend son bain dans la fameuse chambre 237 de l’hôtel hanté de « Shining » ?
- Pourquoi Jack, l’écrivain interprété par Jack Nicholson, a-t-il couvert des pages et des pages de la même phrase : « Un tien vaut mieux que deux tu l’auras » ?
- Que signifie l’ultime plan du film, une photo de Jack datée de… 1921 ?
- Pourquoi l’autocollant de Simplet, le nain de Blanche-Neige, perdu parmi d’autres sur la porte de la chambre de Danny au début de la séquence dans laquelle il a la vision du torrent de sang a t’il disparu ?
Les noms des interviewés apparaissent une fois, au début. Leurs visages jamais. Rodney Ascher a illustré leurs propos en détournant des images de films. Room 237 s’ouvre ainsi avec un commentaire de l’affiche du film monté sur un extrait d’Eyes WideShut (1998) où Tom Cruise s’arrête devant un cinéma qui passe Shining
Déclaration d’amour au cinéma, Room 237 saisit l’essence de cette pratique dans laquelle la quête de la vérité est avant tout un art du mensonge.
Rodney Ascher offre aux cinéphiles l’amusant spectacle de cette obstination des cinq experts à attribuer l’une ou l’autre intention au maître. Room 237, film autour d’un film, met ainsi au jour la fascination qu’exerce toujours Shining, trente-deux ans après sa sortie.
Vous pouvez lire une interview de Rodney Ascher au journal Le Monde : ici
Room 237 et les festivals
En 2012, le film a été présenté au Festival de Sundance aux USA, à la Quinzaine des Réalisateurs du Festival de Cannes, au Festival du Cinéma Américain de Deauville.