Hé bien voilà! Ca devait bien arriver un jour! Avec toutes les saloperies qui sont rejetées chaque jour dans les océans, les déchets industriels, la pollution des cargos et des pétroliers, les fuites radioactives, les médicaments balancés dans les égoûts et autres sources de pollution, une catastrophe écologique majeure s’est produite. Et le pire, c’est que l’affaire a été étouffée par les autorités et les média.
Les faits se sont déroulés le 4 juillet 2009 dans la baie de Chesapeake. Ce jour-là, des milliers de poissons et d’oiseaux ont été retrouvés morts le long des côtes. Les autorités ont affirmé que le phénomène venait d’une prolifération bactérienne inattendue dans les eaux de la baie, à cause de la vague de chaleur qui a frappé la région cet été là. Les média en ont brièvement parlé, mais ils se sont bien gardé de dire ce qui s’est déroulé à Claridge, une petite ville côtière du Maryland, située dans la baie de Chesapeake. Là, ce sont des êtres humains qui sont tombés, par centaines.La quasi totalité de la population a été rayée de la carte.
The Bay, documentaire-choc réalisé à partir de vidéos amateur, d’images de vidéo-surveillance et de documents piratés sur les sites de différents organismes officiels, vient enfin rétablir la vérité sur ces évènements tragiques, scandaleusement tenus secrets par le pouvoir.
Une semaine avant, le corps de deux plongeurs avait été retrouvé dans la baie. La police avait conclu à une attaque de requin, mais cette hypothèse avait ensuite été infirmée par le médecin-légiste, incapable de déterminer la cause de leur décès.
Ces deux plongeurs étaient en fait des scientifiques français chargés d’étudier l’écosystème marin de la région. Avant de mourir, ils avaient alerté le maire de Claridge de la présence de nombreux polluants puis, au gré de leurs découvertes, d’une menace potentielle pour les riverains. Malgré cela, le notable est resté sourd à leurs recommandations plus soucieux des intérêts économiques des entreprises locales – élevage de poulets, industrie pharmaceutique et centrale nucléaire – que du bien-être de ses administrés.
Il n’a pas voulu non plus annuler les festivités du 4 juillet, sans doute afin de ne pas compromettre sa réélection. Le jour de l’Indépendance, la population de Claridge s’est donc rendue en masse sur les plages ou près des piscines, histoire de se baigner au soleil, ou sur le port, pour assister au traditionnel concours du plus gros mangeur de crabes. C’est là que les premiers cas d’infection se sont déclarés. Subitement, des gens se sont mis à hurler, victimes d’éruptions cutanées spectaculaires et douloureuses, de vomissements et de violents maux d’estomac.
La clinique locale a rapidement été dépassée par les évènements, incapable de gérer le nombre trop important de patients et de combattre cette maladie inhabituelle, se propageant à une rapidité fulgurante. Comme le veut la procédure, ils ont alerté le CDC, le centre de contrôle des maladies infectieuses, pour connaître la marche à suivre. Les chercheurs du CDC ont pris en charge le dossier, mais, incapables de déterminer avec exactitude la cause du mal et sa dangerosité, ils n’ont envoyé personne sur place pour prêter main forte aux médecins locaux.
A la place, les autorités ont fait boucler la ville, pour que personne ne rentre ou sorte de la zone de quarantaine. Et ça a été l’hécatombe.
Mais tout a été étouffé par les autorités. Toutes les images vidéo tournées ce jour-là ont été confisquées. Les cadavres ont été éliminés dans la plus grande discrétion. Silence absolu autour de cette affaire.
Mais aujourd’hui, la jeune journaliste Donna Thompson, qui est une des rescapée des évènements du 4 juillet 2009, a décidé de livrer son témoignage, qui sert de fil conducteur au documentaire élaboré par Barry Levinson.
Hé, mais attendez, c’est quoi ce délire? Barry Levinson? Le réalisateur de Rain man, Good morning Vietnam, Sleepers? Et le producteur, là, Oren Peli, c’est pas le pignouf qui a pondu Paranormal activity? Ah, OK. The Bay est donc une pure fiction qui se donne l’allure d’un documentaire undergound et d’un “found footage”. Je me disais aussi qu’il y avait des trucs pas trop crédibles dans les angles de prise de vue et dans la restitution de certaines scènes, notamment les plans avec les cadavres qui bougent encore, un peu faciles.
Et puis il y a une espèce de musique angoissante qui parcourt le film et qui ne fait pas trop reportage d’investigation. Quoi que maintenant, à la télé, on a l’habitude des émissions racoleuses qui accentuent la dramatisation des situations, c’est vrai.
Mais globalement, cela n’est pas mal fichu. Le parti-pris réaliste est plutôt bien tenu, hormis les quelques plans plus cinématographiques qui trahissent le côté fictionnel de l’entreprise. Par ailleurs, le cinéaste ne cède pas à la facilité de verser dans le film d’horreur bas de gamme, contrairement aux oeuvres imbéciles de son producteur. Il délaisse les effets de terreur habituels pour se concentrer sur l’aspect réaliste de son histoire, autrement plus anxiogène.
L’histoire est peut-être inventée de toutes pièces mais elle reste constamment crédible. Ces évènements pourraient se produire un jour, si l’on n’y prend pas garde. On sait que la pollution massive des océans joue sur les écosystèmes, que les résidus chimiques peuvent avoir des effets nocifs sur les organismes, que la radioactivité provoque des mutations génétiques, que les fientes d’animaux peuvent servir de vecteurs à des microorganismes…
The Bay est donc plus un pamphlet écologiste “coup de poing” qu’un thriller. Levinson l’utilise comme un prétexte pour dénoncer la folie des hommes, les dérives du pouvoir et de l’argent, la désorganisation des services administratifs et des autorités, la lâcheté des média, etc… Tout ce qui entraîne son pays sur la mauvaise pente. Et la démonstration est assez convaincante dans son genre.
Bon, allez-vous me dire, mais la cause de cette curieuse épidémie à Claridge, c’était quoi au juste?
Hé bien figurez-vous que tout cela vient d’un isop… PAN PAN… Arghhhh! Damned, ils m’ont eu…
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The Bay
Réalisateur : Barry Levinson
Avec : Kether Donohue, Will Rogers, Kristen Connolly, Frank Deal, Stephen Kunken
Origine : Etats-Unis
Genre : documenteur
Durée : 1h24
Date de sortie France : 19/06/2013
Note pour ce film : ●●●●○○
Contrepoint critique : Le Nouvel Obs
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