Hannibal, saison 1

Par Fredp @FredMyscreens

L’un des plus grands méchants du cinéma revient dans une série télé à son nom. Une ambiance mortifère prenante, une esthétique particulièrement travaillée, un accent psychologique très poussé, voilà la recette de Hannibal.

Hannibal Lecter a du mal à se remettre des Origines du Mal dans lesquelles toute son enfance était révélée. Un opus de trop qui déflorait trop le mystère entourant le serial killer le plus apprécié du cinéma. Et comme Norman Bates dont le destin se retrouve cette année raconté dans la bonne surprise Bates Motel, c’est à travers une série télé que nous allons reprendre contact avec le Dr Lecter dans sa vie précédant les aventures de Dragon Rouge. Nous y faisons donc connaissance avec le profiler Will Graham enquêtant sur une vague de meurtres et , pour l’aider et le soutenir psychologiquement, celui-ci fait appel au psychiatre Hannibal Lecter. Cependant ce dernier cache bien des secrets derrière son masque distingué.

C’est Bryan Fuller qui se lance dans la production de cette série télé, continuant d’explorer la thématique de la mort qu’il abordait déjà de manière assez légère dans Dead like Me et Pushing Daisies. Le ton sera cependant ici beaucoup plus sombre et sérieux puisque tous les personnages se révèlent particulièrement noirs et aux limites de la folie. C’est naturellement qu’il fait alors appel à David Slade, réalisateur de 30 Jours de Nuit, pour mettre en boîte le pilote et donner alors à la série une ambiance bien particulière.

En effet, la première chose qui nous frappe lorsque l’on commence à regarder Hannibal, c’est bien son esthétique très soignée, faisant alors des différents meurtres de véritables œuvres, aussi repoussantes que fascinantes. On rejoint là le goût prononcé d’Hannibal Lecter pour l’art et la cuisine gastronomique (les scènes de dîner ambiguës sont légions dans la série et même les noms des plats sont les titres des épisodes) qui ont une place omniprésente. La série est esthétisée à l’extrême pour que nous puissions entrer dans l’esprit de plus en plus perturbé de Will Graham fait d’illusions et de reconstitutions des meurtres. Cette mise en images est en plus accentuée par une ambiance sonore particulièrement travaillée pour nous laisser en permanence dans un état de malaise déroutant.

Tout ce travail sur l’ambiance est évidemment au service d’une intrigue qui prend de plus en plus d’épaisseur à chaque épisode et qui fait sortir la série du carcan des standards. En effet, on pouvait au départ s’attendre  des épisodes solitaires s’accentuant chacun sur le serial-killer de la semaine. Mais ce principe est subtilement détourné pour nous intéresser davantage aux 3 héros que sont Will Graham, Hannibal Lecter et Jack Crawford. Avec des scènes de dialogues brillamment écrites et interprétées par Hugh Dancy, Mads Mikkelsen (impérial et digne relève d’Anthony Hopkins une fois que l’on arrive à entrer dans le ton de la série) et Lawrence Fishburne (sans oublier les apparitions bienvenues de Gillian Anderson), la série prend son temps mais révèle une dimension psychologique passionnante et n’hésite pas à faire tomber Will Graham, son personnage qui paraissait le plus innocent, dans une véritable démence, subtilement manipulé par le monstre complexe que se révèle être Hannibal.

Au cours de ces 13 premiers épisodes, Hannibal se révèle dont particulièrement prenante et déstabilisante, aussi envoutante que repoussante et nous prenons plaisir à entrer dans ce diabolique jeu de manipulation morbide. Il est clairement étonnant de voir qu’une telle série puisse être diffusée sur un grand network americain quand on se rend compte qu’elle est bien plus audacieuse que certaines séries du câble tombées dans la routine (n’est-ce pas Dexter ?). Et les dernières images promettant de nouveaux rapports osés (sans oublier quelques références au matériau original) entre les personnages ne font qu’accentuer notre attente d’une seconde saison. Décidément, plonger dans le passé de certains sérial killers dans les séries télé s’avère bien plus passionnant qu’on ne pouvait le penser.