On avait loupé No à la sortie ciné mais on se rattrape avec sa sortie aujourd’hui en vidéo. Voici donc comment la publicité a permis de vaincre une dictature.
Depuis le début des années 70, le Général Pinochet menait le Chili d’une main de fer. Sa dictature a fait de nombreuses victimes passées sous silence. Il faut attendre la fin des années 80 pour que la communauté internationale réagisse et demande au dictateur de légitimer son pouvoir à travers un référendum. Si le peuple vote « oui» , il sera au pouvoir pour 8 ans de plus, si il vote « non» , il devra abdiquer. C’est une occasion unique pour l’opposition, d’habitude muselée sous peine de représailles, de se faire entendre grâce aux 15 minutes de télé qui lui sont accordées par jour. Le camp du « non» fait alors appel à un jeune publicitaire pour donner un message positif plutôt que de jouer le jeu pessimiste que voudrait la dictature, certaine de gagner.
Le réalisateur Pablo Larrain nous plonge d’emblée dans l’ambiance des années 80. Format 4/3, image avec du grain, caméra au plus proche des personnages, nous sommes ici dans un style presque documentaire, comme si c’était des images d’époque sur le making of de la campagne du « non» qui nous parvenaient. Et ce style déconcertant au début est une très bonne idée pour nous immerger dans le contexte médiatique dans lequel se déroule l’histoire.
Ici, nous ne cherchons pas à trop à connaitre les personnages, la vie privée du publicitaire incarné avec conviction par Gael Garcia Bernal ne sert que de point d’ancrage pour s’y attacher, mais nous cherchons surtout à connaitre leurs actions pour mener à bien cette campagne. La tâche n’est pas mince. D’une part il faut constituer une équipe de confiance, assez forte pour faire face au dictateur, et d’autre part, il faut changer l’état d’esprit de la population, que celle-ci n’aie pas peur de tenir tête à son chef d’état et de changer les choses. C’est alors que la campagne de publicité prend toute son importance et, d’habitude si décriée, cette communication politique montre bien qu’elle peut participer à faire bouger les mentalité et à libérer une société.
Le film, très bien mené, avec ses pointes d’humour (n’hésitant pas à ridiculiser les méthodes ineptes du camp du « oui» ) comme ses pointes d’émotion et de suspense vaut surtout le coup d’œil pour son ambiance et son message politique. Car sans noirceur, sans grande violence, nous ressentons tout de même la pression qui règne alors sur les médias et la joie qui peut alors atteindre le peuple lorsqu’il a l’occasion de se libérer de manière pacifique pour entrer dans un monde moderne, à l’image de la publicité américaine positive qui influencé le combat. Évidemment, nous ne voyons ici que le côté positif de l’histoire (il ne faudrait pas oublier tous les morts qui eu lieu pendant cette dictature et le problème est d’ailleurs soulevé lors de la construction de la campagne) mais pour une fois que c’est la joie d’un peuple qui est exprimée, autant en profiter.
A noter que le film est donc dispo en dvd et vod avec les spots de campagnes originaux (qualité vhs du coup) et un making of assez anecdotique (la faut à un découpage sans structure avec de multiples vignettes d’1 minute sans titre).