Avec l’arrivée de Marvel Now en France, c’est un cycle qui s’arrête et donc l’occasion de faire le bilan de l’une des meilleures séries mutantes des 3 dernière années : Uncanny X-Force de Rick Remender.
Pendant 35 épisodes sur plus de 2 ans, Rick Remender va écrire une trame passionnante autour de la menace d’Apocalypse et du côté maléfique d’Archangel tout en y intégrant des doutes de Psylocke, des éléments propres à l’Arme+ de Fantomex et les blagues de Deadpool. Tout cela sous la direction d’un Wolverine plus monolithique que jamais. Il en résulte un esprit d’équipe intéressant où l’on ne peut se fier à personne car chacun est mercenaire ou possède sa part d’ombre. Les personnages ont chacun leur moment pour briller et révéler des personnalités complexes comme nous n’en avions pas vu depuis longtemps.
Dès le premier arc, on sent bien que l’auteur a un plan complet pour sa série, n’hésitant pas à faire commettre à l’équipe un acte horrible qui va remettre en cause toute leur morale pour déclencher les événements qui vont suivre. Chacun d’entre eux va se retrouver face à ses propres démons, que ce soient des doutes, son histoire, ou un ennemi bien personnel. Et c’est l’arc central « la Saga de l’Ange Noir» qui va mettre en exergue tous ces sentiments extrêmes en changeant complètement le destin du couple maudit Angel – Psylocke, tout comme le grand final reviendra aux sources en exploitant des ennemis très personnels de Wolverine pour une issue plus qu’incertaine. Rarement un auteur se sera aussi bien approprié les personnages pour les emmener vers des territoires inconnus et extrêmes.
Remender a également réussi à bien se réapproprier certains événements de l’histoire mutante afin de servir son récit. Ainsi, on prendra plaisir à replonger dans l’Ere d’Apocalypse, à redécouvrir Le Monde de l’Arme Plus ou l’Omniverse gouverné par le frère de Psylocke, Captain Britain, en pleine guerre, à découvrir des futurs alternatifs, … Ici, tout cela ne forme qu’un univers qui n’a que pour but d’exacerber les sentiments négatifs des personnages, les pousser à bout et leur faire prendre les décisions les plus difficiles.
Appuyé par le crayon de Jerome Opeña qui nous plonge tout de suite dans une ambiance très noire, malsaine et surtout désespérée (ambiance qui sera suivie sans mal, sans toutefois avoir toujours le même niveau par les autres dessinateurs qui ne sont pourtant pas des bleus : Essad Ribic, Billy Tan, …), Rick Remender bouscule comme jamais les habitues des mutants et explore à fond sa thématique tournant autour de la naissance du mal, de savoir si celui-ci est inéluctable et dans quelle mesure il peut habiter chacun d’entre nous. L’espoir n’a pas vraiment sa place dans Uncanny X-Force et chaque acte aura des répercussions dans un plan machiavéliquement programmé par les ennemis personnels de chaque personnage.
Avec le recul sur ce travail de longue haleine, on se se dire aujourd’hui qu’Uncanny X-Force est bien l’une des séries les plus passionnantes que l’on ai eu chez Marvel ces dernières années, donnant une vision vraiment noire et violente de ses héros. A partir de là, on espère que l’auteur arrivera à garder ce côté « hors du cadre» sur la série plus mainstream Uncanny Avengers du nouveau relaunch.