Culte du dimanche : Hellboy II, les Légions d’or maudites

Par Fredp @FredMyscreens

Avec la sortie événement de Pacific Rim, il était temps de revenir sur le précédent film de Guillermo Del Toro qui date déjà d’il y a 5 ans. L’un des meilleurs films combinant à la fois fantasy, super-héroïsme et action : Hellboy II, les Légions d’Or Maudites.

Après le succès de Blade II, Guillermo Del Toro s’était vu proposer de nombreux projets par les studios. Mais avec son univers bien personnel il préférai développer son adaptation du comic book culte de Mike Mignola, Hellboy. L’histoire d’un démon élevé par un gentil scientifique, travaillant pour un service secret du gouvernement spécialisé dans les affaires paranormales et rêvant d’un peu de normalité et de reconnaissance dans un monde qui le considérerai comme un monstre. Malgré les difficultés encourues pour monter le projet, le film fut un succès d’estime grâce à un Ron Perlman impeccable dans le rôle-titre. Évidemment, une suite est mise en chantier par le réalisateur mais, encore une fois, ce ne sera pas si simple à mettre en place. Guillermo Del Toro va alors se concentrer sur un autre projet plus modeste qui lui tenait à cœur, Le Labyrinthe de Pan, dont le triomphe critique et le coup de cœur public ne vont faire que confirmer la côte d’amour que lui portent les cinéphiles.

Il peut alors enfin se remettre à travailler sur la suite de son héros préféré avec Hellboy II, the Golden Army, toujours en collaboration avec Mike Mignola dont il reprend les personnages et l’univers mais qu’il n’hésite pas à bousculer pour y apporter sa patte, ses trouvailles et ses préoccupations. Ainsi, cette suite, plus maitrisée, avec une histoire plus légendaire, bourrée d’idées visuelles (la séquence d’introduction est aussi sublime que passionnante pour nous immerger dans le récit) avec une mise en scène inspirée et bien rythmée, le tout avec un budget raisonnable pour ce genre de production, se révèle tout de suite supérieure au premier volet et confirme encore et toujours le potentiel du réalisateur qui pourrait bien faire exploser le grand écran lorsqu’on lui donnera un budget à la hauteur de ses ambitions.

Avec Hellboy II, les Légions d’Or Maudites voit donc Hellboy affronter le Prince Nuada, héritier d’une race ancestrale d’être de la forêt primale à la recherche d’une armée légendaire d’armures qui peuvent tout détruire sur leur passage. Loin du manichéisme habituel, les personnages sont tous parfaitement traités avec de belles nuances qui n’en font jamais les monstres qu’ils pourraient être, donnant au film un humanisme singulier. Le Prince Nuada est ainsi guidé par la volonté de ne pas laisser mourir son peuple qui souffre du terrain pris par les humains depuis des siècles. Il s’agit ici de survie et non de conquête, ce qui rend le film assez poignant.

Cet aspect est en plus accentué par les intrigues sentimentales touchantes qui parsèment le film. Nous avons l’amour et les scènes de ménage entre Hellboy et Liz alors qu’à côté, Abe tombe amoureux de la soeur de Nuada. Ce n’est pas pour autant que Guillermo Del Toro va verser dans le sentimentalisme. Au contraire, le film est aussi saupoudré d’un humour pince sans rire apporté par notre héros et par les personnages secondaires (génial docteur Johann Kraus) qui permet de respirer entre certaines scènes purement dramatique ou à l’action diablement efficace.

Mais Hellboy II est également l’occasion pour Guillermo Del Toro de se lâcher complètement et de remettre encore une fois ses grandes préoccupations et influences en avant. Obnubilé depuis sa lecture des Montagnes Hallucinées de Lovecraft (qu’il espère toujours porter à l’écran malgré les embuches) par les mythes venant des profondeurs de la Terre et des temps immémoriaux, par les mécanismes et la roue du temps, … il va ici placer tous ces éléments de manière cohérente et pour obtenir un divertissement à l’univers singulier, bien palpable.
Ainsi, la séquence du marché des trolls est particulièrement réjouissante devant le bestiaire mis en avant alors que le dieu végétal sortant de la graine d’un haricot magique n’est pas sans rappeler certains monstres mythologiques (représentant au passage la nature qui se meurt). Mais il y a aussi une audacieuse utilisation de la créature donnant légende à la fée des dents, des armures géantes dans un décor mécanique, une plongée dans les secrets des marches des géants en Irlande, … Sans oublier l’une des créatures les plus fascinantes créées par le réalisateur : l’ange de la mort.

Développant un univers ample avec des enjeux humains et mythologique passionnants, Hellboy II fait donc partie des rares films d’aujourd’hui à réussir l’exploit d’être un film d’action impeccablement réalisé mais aussi un film d’auteur (car oui, Guillermo est un véritable auteur et créateur d’univers) avec du fond, des sentiments sincères, bref, tout ce qu’il faut pour s’y attacher. Le succès de ce second volet restera toutefois, comme pour le premier, assez modeste, n’engageant pas le studio Universal à se presser pour mettre en chantier la conclusion de la trilogie que les fans attendent pourtant avec beaucoup d’impatience !