Ilo Ilo est un film d’Anthony Chen présenté au festival Paris Cinéma 2013. Le film sortira en salle le 4 septembre 2013.
Le réalisateur a obtenu la Caméra d’Or au festival de Cannes 2013.
Synopsis : A Singapour, Jiale, jeune garçon turbulent vit avec ses parents. Les rapports familiaux sont tendus et la mère, dépassée par son fils, décide d’embaucher Teresa, une jeune Philippine. Teresa est vite confrontée à l’indomptable Jiale, et la crise financière asiatique de 1997 commence à sévir dans toute la région.
Casting : Koh Jia Ler, Angeli Bayani, Tianwen Chen, Yann Yann Yeo
Ilo Ilo est le premier film d’Anthony Chen. Ayant vécu une situation similaire dans son enfance le seul souvenir qu’il ait gardé en mémoire de Theresa, sa nourrice filipino, est la province d’où elle venait : Ilo Ilo.
Ce premier film est d’une remarquable beauté, porté par une interprétation et une direction d’acteur exemplaire. Les dialogues sont très lapidaires, tous les non-dits passent par les regards, les gestes, les attitudes et y sont parfaitement exprimés. Ce condensé d’une vie singapourienne montre les joies, les angoisses, les peurs, la tristesse, toutes les émotions y sont justes.
Filmé très près et très lumineux avec un grain rajouté numériquement qui adoucit l’image et la rend chaleureuse, le long-métrage nous plonge dans les paradoxes de Singapour, entre l’accueil des migrants encouragé de toutes parts d’un côté et la façon de leur faire sentir une infériorité de l’autre, accompagné par les difficultés pour ceux-ci de s’en sortir sans entrer dans l’illégalité. Il montre également une société schizophrène, fondée sur la discipline et la sévérité des punitions corporelles, mais y dépeint des parents démissionnaires.
Sur le thème de ces immigrés qui doivent apprendre à intégrer des familles et des sociétés différentes pour envoyer à leur famille restée au pays de quoi survivre, Ilo Ilo m’a fait penser à un autre premier film,Mai Ratima, dans lequel on retrouve ces coups de téléphone désespérés passés depuis des cabines téléphoniques. Mais Ilo Ilo parvient à dépasser tout cela, à se débarrasser d’une vision très misérabiliste pour plonger dans le cœur de la vie d’une famille et de toute la société singapourienne qui vit la crise économique majeure de 1997. La relation entre l’enfant et sa nourrice suivra un cours tumultueux qui ne la rendra que plus forte et plus belle, entouré par des parents parfois mesquins mais toujours désespérément humains.
Ilo Ilo est le premier film très prometteur d’un réalisateur qui semble déjà tout maîtriser, cadrage, lumière, direction d’acteurs, y compris débutants comme le jeune garçon, mise en scène, scénario. C’est pour moi le vrai coup de cœur de ce festival Paris Cinéma.
Note : 9/10 Un premier film très prometteur. Tout y passe par les regards et les attitudes. Critique de la société singapourienne et portrait d’une famille en pleine crise, Ilo Ilo est un petit film très maîtrisé.