Après Pirates des Caraïbes, rendez-vous au far-west pour Johnny Depp et le réalisateur Gore Verbinski. Le duo joue aux cowboys et aux indiens pour Disney dans Lone Ranger : Naissance d’un Héros.
Pour la petite histoire, le film raconte sur 2h30 comment John Reid va devenir, grâce à Tonto et un cheval blanc légendaire, le Lone Ranger, justicier qui va défendre la veuve et l’orphelin mais surtout lutter contre les injustices et la corruption sur le grand chantier de construction du chemin de fer. Nous revoilà donc dans une bonne ambiance western mais 2h30 de récit c’est assez long et on les sent ici lourdement passer.
En effet, si Gore Verbinski est doué pour donner à ses scènes d’action un côté cartoony survolté des plus réjouissants (et cela se vérifie dès l’évasion du prisonnier Butch Cavendish à l’ouverture du film), il a aussi tendance à étirer un récit plus que de raison. Et Lone Ranger est malheureusement handicapé par ce défaut. Pendant ses 2 premières heures, le film pâti ainsi d’un manque de rythme flagrant qui n’est pas arrangé par les inutiles interruptions de la narration par un vieux Tonto expliquant l’histoire à un gamin dans une fête foraine ou la présence anecdotique des indiens tournés en ridicule. L’ennui n’est donc jamais loin et il faudra véritablement attendre la géniale et inventive poursuite finale pour se réveiller et apprécier le joyeux spectacle.
Pourtant, malgré l’ennui, il se passe des choses dans ce Lone Ranger riche en rebondissements, en personnages et en révélations. L’ennui, c’est que le film décalque tout cela selon le même schéma que dans les fameux Pirates des Caraïbes et se trouve alors être assez redondant avec pas mal de scènes sans grand intérêt. Heureusement, le réalisateur reprend toutes les figures du genre qu’il connait bien pour jouer avec. Il en profite aussi pour offrir quelques clins d’œil sympas aux fans du grand ouest et insuffler au film un esprit « serial» d’antan rempli d’innocence qui lui convient assez bien (alors que, paradoxalement, il tente d’aborder un sujet politique comme le massacre indien ou la corruption de manière très maladroite et anecdotique) tout comme il arrive à rendre justice aux paysages magnifiques et impressionnants de Monument Valley. On notera d’ailleurs au passage, que Hans Zimmer en profite également pour pomper allègrement du Morricone avant de reprendre clairement l’air de Guillaume Tell par Rossini qui faisait déjà office de générique pour la série.
Si le film est également d’un ennui ferme pendant 2 heures, c’est aussi sans doute dû aux comédiens qui s’amusent tous à jouer aux cowboys et aux indiens (et on ressent bien leur plaisir) avec un budget pharaonique mais qui en oublient un peu de servir l’histoire. Et si Armie Hammer essaie un tant soit peu de faire de son personnage un vrai héros, Johnny Depp (qui commence à devenir sacrément agaçant à faire les mêmes mimiques à longueur de film) et Helena Bonham Carter (pour 5 minutes de présence) tout droit sortis du dernier Burton ne sont clairement là que pour passer des vacances tous frais payés et jouer en roue libre.
On avait entendu de méchantes rumeurs au sujet de la production de ce Lone Ranger mais ce n’est finalement pas la catastrophe annoncée et Gore Verbinski accouche d’un blockbuster western qui a peut-être les yeux un peu plus grands que le ventre pour nous embarquer pleinement avant un final digne d’un bon Tex Avery dans un grand huit.