Les vacances d’été, l’occasion de partir au à la mer et de bronzer sur la plage sauf pour un couple qui se retrouve face aux Révoltés de l’An 2000.
Le cinéma fantastique espagnol s’est refait une belle santé depuis quelques années grâce à des réalisateurs comme Alejandro Amenabar, Alex de la Iglesia, Paco Plaza ou Jaume Bagalero. Mais ce serait oublier que le genre n’est pas nouveau en Espagne et malgré la censure, nous pouvions déjà découvrir quelques perles il y a de nombreuses années et c’est le cas pour Quien Puede Matar un Nino ? rebaptisé chez nous Les Révoltés de l’An 2000.
Après un premier film fantastique intitulé La Résidence (datant de 1969 et extrêmement difficile à trouver dans nos contrées), le réalisateur Narciso Ibáñez Serrador passe de la maison hantée à l’île interdite, remplie d’enfants meurtriers pour son second long métrage. Nous sommes en 1976 et le contexte n’est pas facile en Espagne pour produire des films. Le pays sort tout juste de l’ère Franco avec des stigmates impossibles à oublier, et la religion a toujours une telle emprise sur le payas qu’il est difficile pour les film de faire mention de légendes et de fantastique, encourageant alors les réalisateur à mener leurs projets en toute indépendante mais avec alors beaucoup moins de moyens et d’exposition au public.
Dans ce contexte, le sujet des Révoltés de l’An 2000 allait forcément déranger puisqu’il s’agit ici de 2 touristes qui vont découvrir une île où les enfants auraient tué tous les adultes vivant sur place. Et évidemment, il vont devoir y passer également. Si le film met un peu de temps à se mettre en place, c’est pour mieux expliquer le contexte, montrer la différence de ces touristes se croyant en territoire conquis et surtout nous rappeler l’innocence supposée des enfants, éternelles victimes des guerres. Mais lorsque ceux-ci deviennent alors dangereux, peut-on, en toute conscience, les tuer comme nous questionne le titre espagnol ? Au vu de certaines actions assez choquantes (la scène de la pinata reste forcément en mémoire après avoir vu le film, de même que le matricide du bébé à naître), la question mérite vraiment d’être posée.
La réflexion sur cette question est amplifiée par tout le contexte posé pendant le générique du film montrant les enfants comme d’éternelles victimes. Alors ceux que nous verrons dans le film, attaquant presque sans raison, prennent l’allure d’une vengeance surnaturelle, d’un châtiment asséné aux adultes irresponsables qui n’ont pas su préserver leur innocence. Alors qu’aucun élément purement fantastique n’est présenté (le film se déroule même en plein jour, comme pour rendre plus brutale cette réalité), l’atmosphère qui se dégage l’est pleinement. Cela passe par l’apparition des enfants, leur multiplication, leur air imperturbable au regard fixe, … bref, on les croirait presque possédés, à l’image de enfants-démons qui commencent à occuper le cinéma fantastique américain.
Il faut dire que si Serrador réalise son film avec une certaine efficacité et sans concession, il est clairement inspiré par des films comme le Rosemary’s Baby de Polanski (la présence d’une femme enceinte d’un enfant qui pourrait se révéler démoniaque), la Nuit des Morts-Vivants de Romero ou Les Oiseaux d’Alfred Hitchcock (l’apparition des enfance sur la place ou aux abords de la maison du pêcheur fait remarquablement penser aux oiseaux préparant leurs attaque). D’ailleurs, comme dans ce dernier, la fin restera très ouverte pour nous maintenir dans l’interrogation sur le destin de ces enfants et ce que les adultes pourraient faire.
Hélas, le sujet et son traitement violent (surtout pour la mentalité de l’époque) verra le film censuré dans de nombreux pays et ce, malgré de très bons retour sur les festivals où il sera présenté (le film a reçu le prix de la critique au festival d’Avoriaz présidé par Steven Spielberg qui avait récompensé le Carrie de Brian De Palma). Ce succès d’estime fera juste entrer dans Les Révoltés de l’An 2000 dans un cercle fermé réservé aux amateurs du genre, d’autant plus que ce sera le dernier film du genre pour le réalisateur. En effet, Serrador se contentera ensuite d’une carrière à la télévision qui fera bien plus sa renommée en Espagne que les 2 films qu’il aura réalisé.