Culte du dimanche : Spartacus

Par Fredp @FredMyscreens

C’est l’été, ça sent la sueur, le sable chaud, les sandales et les jupettes. C’est donc le moment idéal pour parler de péplum et tant qu’à faire, autant combiner ça avec Stanley Kubrick et on obtient Spartacus.

Dans les années 50, Kirk Douglas était devenu l’un des acteurs les plus puissants d’Hollywood mais il lui manquait encore le grand rôle qui allait faire de lui une légende. La mode des péplums battant son plein, c’est dans l’histoire de Spartacus qu’il se reconnait et décide, en tant que producteur, de porter le film à l’écran avec Anthony Mann derrière la caméra. C’est donc parti pour un tournage marathon pour mettre en boîte l’histoire du célèbre gladiateur qui a mené la révolte des esclaves contre Rome.

Hélas, l’entente entre le réalisateur et l’acteur-producteur va rapidement se détériorer sur le tournage et Anthony Mann va alors être congédié. Il prendra toutefois sa revanche dans le péplum en réalisant quelques années plus tard La Chute de l’Empire Romain qui contribuera à mettre fin au genre. Pour le remplacer, Kirk Douglas décide de donner sa chance à Stanley Kubrick avec qui il avait déjà travaillé sur Les Sentiers de la Gloire et dont il apprécie de talent. Une occasion unique pour le jeune réalisateur de se faire connaitre auprès d’un plus large public.

Reprenant le tournage là où il en était, conservant en partie ce qui avait déjà été tourné par Mann, Kubrick va donc terminer le tournage de cette épopée de 3 heures en orchestrant de grandes scènes de bataille et en y apposant une certaine violence graphiques avec quelques images crues (les charniers par exemple). Le réalisateur montre aussi ici sa maîtrise graphique tant certains plans, en particulier lorsqu’ils mettent en valeur des paysages ressemble à des tableaux, prémices de ce que deviendra Barry Lyndon.

Cependant, loin d’avoir les maîtrise créative totale sur ce projet de commande, Stanley Kubrick a du mal à y imposer sa patte, à emprunter un terrain vraiment sombre. Il sera d’ailleurs le premier à désavouer le film. Il faut dire que dans la filmographie de l’artiste, Spartacus est sans aucun doute le film qui ressemble le moins à son auteur, trop facilement accessible, loin des préoccupations graphiques et thématiques qu’il aborde régulièrement. D’ailleurs, connaissant son sens du détail, s’il avait eu le contrôle total, nul doute que certains anachronismes  et détails dans l’histoire du héros n’auraient pas été omis ici.

Toutefois, malgré son mécontentement, Spartacus a permis au réalisateur jusqu’alors cantonné aux films noirs de montrer qu’il pouvait aussi mettre en scènes des projets beaucoup plus ambitieux de belle manière et surtout d’avoir un succès au box-office lui permettant ensuite de réaliser des projets plus personnels. Comme attendu, le film est l’occasion pour Kirk Douglas de briller ! L’acteur de presque toutes les scènes du film, magnétique et humble aux côtés d’un casting particulièrement intéressant (Laurence Olivier, Peter Ustinov, Jean Simmons, Tony Curtis, Charles Laughton) arrive à nous accrocher au destin de cet esclave devenu leader d’une armée puis martyr, représentant d’une lutte contre le pouvoir despotique et pour la liberté.

Pas dénué de défaut et trainant parfois en longueur avec une love story indispensable au genre et pour que le public accroche, Spartacus n’est donc pas le péplum le plus révolutionnaire et impressionnant mais il reste néanmoins un grand spectacle qui aura définitivement lancé l’un des plus grands auteurs cinématographique du siècle, même si celui-ci a dû y sacrifier un peu de lui-même.