Un fait divers récent, un personnage charismatique qui joue avec les autorités, voilà de quoi faire un film où François Cluzet pouvait encore montrer l’étendue de son talent. Cette fois, il est Toni Musulin dans 11.6.
Ceux qui attendaient alors un véritable thriller avec Toni Musulin procédant à son casse et sa traque médiatisée en seront pour leurs frais, il n’y aura rien de tout cela. Cet épisode se trouve en effet comme une anecdote dans la dernière partie du film, nous laissant alors totalement dans l’interrogation sur cette décision de se rendre et n’explorant que rarement les à côtés comme l’impact sur ses collègues, sur l’entreprise, ou les méthodes de la police pour tenter de le retrouver. C’est dommage car le film ne parait alors pas vraiment complet et manque bien de rythme.
Si le film manque de rythme et n’est pas le thriller que l’on pouvait en attendre, le portrait que Philippe Godeau va faire de Toni Musulin, nous amenant à cette décision de commettre ce vol, est par contre intéressant et oriente alors le film vers une dimension plus sociale. A travers un François Cluzet encore une fois très bon, nous comprenons alors la psychologie complexe de ce personnage très intelligent mais avec également toutes ses failles (comme cette passion pour les voitures et cette haute estime de soi). Un homme qui s’ennuie dans ce métier avec des collègues qui ne semblent pas à son niveau d’exigence. Il a clairement d’autres envies, une volonté de changer de vie, de métier mais est d’une certaine manière bloqué par certaines barrières que ce casse vont faire sauter.
Dommage qu’à coté de ce personnage intriguant, fascinant (et son avocat ne fait qu’ajouter au mystère dans l’interview visible en bonus) le reste ne soit pas plus exploré ou cantonné à des clichés sur les convoyeurs que nous avons déjà pu voir dans d’autres films (n’apportant ici rien de neuf et sans grande personnalité). Même du côté des acteurs ce sera sans surprise avec Corinne Masiero reprenant son éternel rôle de femme de classe ouvrière au caractère bien trempé et grande gueule ou Bouli Lanners en collègue benêt plutôt irritant.
Portrait intéressant, parfois fictif (la guide de haute montagne est une invention), souvent en pilote automatique du côté du discours social et sans grand suspense, 11.6 tient surtout au numéro d’acteur encore une fois sans failles de François Cluzet.