The Lone Ranger [Critique]

Par Kevin Halgand @CineCinephile

"Tonto, le guerrier indien, raconte comment John Reid, un ancien défenseur de la loi, est devenu un justicier légendaire. Ces deux héros à part vont devoir apprendre à faire équipe pour affronter le pire de la cupidité et de la corruption. Le tandem fait des étincelles et entraîne le public dans un tourbillon de surprises et d’humour."

À ces débuts, Gore Verbinski était un réalisateur assez moyen, qui aimait déjà réaliser des films qui étaient complètement différents les uns des autres ( Le Mexicain et Le Cercle – The Ring). Depuis, il s’est fait mondialement connaître grâce à la première trilogie Pirates des Caraibes avant de sortir son meilleur film qui n’est autre que Rango. Rango est un film qui lui a permis d’assouvir un rêve, qui était de réalisé un western comique, tout en abordant des thèmes sérieux avec des séquences axées émotion. Puisque la trilogie Pirates des Caraibes a été un succès mondial, Disney avait donné carte blanche à Gore Verbinski pour son nouveau film et il a décidé de se faire plaisir en faisant le film de ses rêves comme il le souhaitait. Malheureusement pour lui, The Lone Ranger devrait coûter la modique somme de 180 millions de dollars à Disney. D’après Jerry Bruckheimer et Johnny Depp, le film n’a pas fonctionné à cause des critiques puisque le film a été enterré vivant avant même sa sortie. Alors est-ce le navet annoncé ?

"le film est incroyablement creux et sans surprise"

The Lone Ranger nous conte la vie d’un duo formé par un ranger revenu des morts grâce à l’esprit du cheval et un peau rouge nommée Tonto. Le ranger est la représentation de la loi et n’est autre que le fil conducteur du film puisqu’il est à la recherche de son identité (hors-la-loi ou représentant de la loi) alors que Tonto est le personnage mystérieux et comique du duo. Ça ne vous rappelle rien ? Et bien si, Gore Verbinski et Jerry Bruckheimer ont récidivé en utilisant le même fond scénaristique qui avait été utilisé pour la trilogie Pirates des Caraïbes, toujours avec Johnny Depp. En soi, on peut critiquer ce manque d’originalité et de créativité dans ce duo décalé et je suis le premier à le faire, mais il faut avouer que ça marche du tonnerre. Ce duo est la principale force du film. Malgré le fait que ce soit des personnages caricaturaux aux réactions prévisibles et sans grands intérêts, ils vont réussir à nous faire rire grâce à des répliques bien écrites ainsi qu’à certaines séquences qui vont réussir à nous lier à eux. Malheureusement par à côté, c’est un film est incroyablement creux et sans surprise.

En plus d’avoir des personnages qui ne sont pas charismatiques et qui ne sont à aucun moment utilisés dans le scénario, il y avait bien mieux à faire concernant le background. Avec un tel background qui est celui de la confrontation entre l’Union Républicaine et les Commanches, le scénario aurait mérité meilleur traitement au lieu d’être focalisé sur une histoire de vengeance abracadabrantesque et convenue de bout en bout. Durant cette grande aventure, on va avoir droit à l’histoire habituelle, du représentant de la loi qui au final jouait à double jeu. C’est vraiment lassant et énervant d’avoir dans chaque film la même histoire qui nous est rabâchée comme si c’était la première fois. C’est prendre le spectateur pour un idiot alors qu’il ne demande qu’à être surpris. C’est d’autant plus énervant que le film aurait pu être complètement différent si les bases du scénario avaient été l’histoire délirante de Tonto et non pas cette histoire de vendetta. Tonto est un Comanche, mais il n’est pas un Comanche normal puisqu’il a créé ses propres croyances. On va donc découvrir pourquoi il a créé ces croyances et traditions qui n’ont rien de banal pour un Comanche. Avec ce personnage, tout est décalé et surréaliste dont la cause de ces croyances. Il a un véritable potentiel à la fois comique et dramatique, mais le scénariste n’a pas réussi à bien mettre chaque chose à sa place. Le coté comique, surréaliste et décadent du personnage, va très rapidement être empiété par son histoire tragique et on va donc perdre cette décadence et ce surréalisme digne d’un véritable cartoon. Il suffit de comprendre ce qu’est l’esprit du cheval, pour se dire que ce film n’est rien d’autre qu’un cartoon qui ne s’assume pas ou presque pas.

"Ce film n’est rien d’autre qu’un cartoon qui ne s’assume pas ou presque pas"

J’ai bel et bien dit qu’il ne s’assume presque pas, puisque le côté cartoon est bien mis en évidence à travers la séquence d’introduction, mais surtout à travers la séquence finale qui est peut-être l’une des séquences les plus jouissives que l’on ai vues cette année au cinéma. Cette séquence est dynamique, bien montée, bien réalisée et surtout elle est portée par une musique qui met bien en évidence le comique de situation. Car comme pour un cartoon, The Lone Ranger use à la fois du comique de situation (séquences assez drôles avec l’esprit du cheval…), mais également du comique de geste (par le biais de tonto et de ces croyances délirantes) et du comique de mot. Ce dernier est peut-être celui qui est le mieux mis en place dans le film puisqu’il est presque omniprésent durant toute l’aventure. Grâce à des dialogues bien écrits et des répliques savoureuses, le film parvient à nous faire rire à de multiples reprises. C’est dommage, car ce côté comique aurait pu être encore plus appuyé si le montage avait permis d’avoir un enchaînement fluide et lisible.

À vouloir un film qui explique aux spectateurs toute la vie de John Reid ainsi que celle de Tonto et qui leurs permettent de s’imprégner de la psychologie des personnages, le film devient trop rapidement longuet et inintéressant. Si le film est longuet, c’est tout bonnement à cause du montage qui est lent et des séquences qui s’éternisent pour au final ne rien raconter. Chaque séquence du film aurait mérité d’être coupée de quelques minutes. Certaines séquences et personnages auraient même dû être coupés au montage, car ils ne servent à rien. Même la séquence finale aurait mérité d’être coupée de quelques secondes par-ci par-là. Le spectateur sent quand le film patine et que la séquence s’embourbe avec des personnages qui tournent en rond et n’ont plus rien à dire. De ce fait, on s’ennuie fermement et le rythme du film en prend un sérieux coup. Alors qu’il possède une durée de 2h29, le film aurait pu être meilleur, car plus rythmé et plus drôle s’il avait eu une durée de 1h59 et je suis généreux. D’un point de vu réalisation, The Lone Ranger est beau et il possède une superbe photographie. Tourné presque intégralement en extérieur, le film est visuellement magnifique grâce à des décors qui sont filmés en plans larges ou en contre plongée afin de nous faire comprendre que l’on est tout petit dans cette immensité désertique.

"The Lone Ranger est beau et il possède une superbe photographie"

The Lone Ranger est un film qui est visuellement superbe. La photographie qui est signée Bojan Bazelli permet de bien mettre en avant les magnifiques décors du film ainsi que les scènes explosives qu’il compte. À cela, on rajoutera une séquence finale qui est à la fois cartoonesque, spectaculaire et bien rythmé contrairement au film qui est dans sa globalité lent et ennuyeux. Le scénario n’est qu’une redite de ce qui a déjà été fait à de multiples reprises dans le monde impitoyable du cinéma, malgré un background qui aurait mérité d’être approfondi et mieux utilisé. Malgré des personnages caricaturaux, on s’attache rapidement à eux et le duo principal fonctionne bien grâce à des dialogues bien écrits et quelques répliques croustillantes. Le casting est bon avec Johnny Depp et William Fichtner en tête, même si plusieurs acteurs secondaires surjouent assez méchamment. À cela on rajoute une bande sonore presque inexistante malgré quelques compositions (et remix de compositions célèbres) qui sortent du lot. The Lone Ranger est un film divertissant et spectaculaire, mais il aurait pu être bien meilleur si le scénario et le montage avaient été davantage travaillés.