Voilà enfin un film de SF comme on l’attendait. Avec Elysium Neill Blomkamp confirme tout le bien que l’on pensait de lui et nous offre le blockbuster intelligent de l’été qu’il nous manquait.
En 2154, la Terre est devenue presque invivable, à tel point que les riches sont partis sur Elysium, une luxueuse station spatiale où règne la tranquillité et la santé puisqu’ils ont un moyen de guérir toutes les maladies en un clin d’œil. Les pauvres, eux, sont restés, condamnés à vivre dans des bidonvilles sous une chaleur étouffante et à travailler à la chaîne pour le confort de la classe supérieure. Mais après un accident, l’un de ces ouvriers doit impérativement trouver un remède, et pour cela, il doit à tout prix se rendre sur Elysium.
Cela se sent déjà dès l’introduction de l’histoire, Blomkamp reste fidèle à lui-même et impose encore une fois un univers particulièrement réaliste où la lutte des classes fait des ravages. Le réalisateur impose ses thèmes politiques de manière violente, parfois sans grande subtilité (ce qui n’est parfois pas arrangé par la musique un peu trop « inceptionesque» ) mais la critique du système en est d’autant plus évocatrice pour provoquer la prise de conscience. Avec un ton particulièrement brut et sanglant il parle non seulement de la société mais aussi de ses dirigeants et en particulier de la main mise militaire sur le pouvoir et la démocratie. En ce sens il se montre alors un film de SF particulièrement intelligent et qui, comme les plus grandes réussites du genre, parle bien mieux de notre société contemporaine que d’autres films plus ancrés dans le réel.
Avec plus de moyens qu’auparavant, Neill Blomkamp, malgré quelques défauts et raccourcis faciles dans son récit, prouve qu’il peut mener complètement un blockbuster digne de ce nom. Il arrive à maintenir pendant tout le long une certaine tension qui ne retombe jamais avec un bon sens du rythme et des séquences d’action particulièrement prenantes. Vu le décor, cela rappelle parfois District 9 mais avec maintenant une toute autre ampleur, d’autant plus que le réalisateur n’est plus ici limité par un style documentaire. De son film précédent, il a également abandonné le second degré pour proposer un film sérieux, brutal qui n’hésite pas à faire exploser les corps et n’est donc pas forcément conseillé aux âmes sensibles.
La présence de Sharlto Copley dans le rôle du bad guy est à l’image du film, de la folie de la société et des ravages que la lutte des classe a causé. Dans un rôle complètement cinglé l’acteur que Blompkamp avait révélé dans District 9 se montre surprenant et vole même la vedette à un Matt Damon comme toujours parfait dans le rôle de ce « monsieur tout le monde» assez égoïste ne pensant qu’à sauver sa peau. Et on regrettera peut-être que Jodie Foster, impeccable en bureaucrate aux dents longues ne pensant qu’au pouvoir, n’ai pas une plus grande présence. Loin des grosses caricatures, le casting nous offre des personnages originaux, auxquels on ne s’attachera pas forcément mais dont on comprendra avec intérêt le parcours qui les attends.
Après District 9, Neill Blomkamp confirme avec Elysium tout le potentiel d’auteur et de metteur en scène que l’on plaçait en lui et pourrait bien devenir non seulement un très bon réalisateur de blockbuster mais surtout l’un des principaux visage de la science-fiction moderne au cinéma.