L’Aube Rouge, critique

Par Fredp @FredMyscreens

Un an après les Etats-Unis, le remake de l’Aube Rouge sort discrètement sur nos écrans. Et la discrétion était en effet de mise.

En 1984, en pleine Guerre Froide, le réalisateur John Milius nous racontait comme les Etats-Unis avaient été envahis par les forces armées russes et la manière dont un groupe de jeunes (Patrick Swayze, Charlie Sheen)  allait mener la résistance. Film réac par excellence, il entrait dans un contexte réellement tendu, alors en ces années 2010, qui pouvait bien être l’ennemi rouge ? La Chine évidemment ! Mais celle-ci étant un marché de première importance pour Hollywood, les producteur ont tout simplement décidé que ce serait la Corée du Nord.

L’histoire sera donc sensiblement la même que l’original avec son groupe de résistant nommé les Wolverines. Cependant, le sous-texte est cette fois beaucoup moins d’actualité et moins crédible. Il est d’autant moins crédible qu’il sent aujourd’hui la grosse propagande américaine qui n’a pas vraiment lieux d’être (ridiculisant inutilement les coréens) et il ne faudra pas compter sur le réalisateur Dan Bradley pour dépasser le scénario déjà mal écrit.

En effet, les 90 minutes de cette Aube Rouge sont assez laborieuses. Non seulement, le film est écrit avec un lance-pierre, n’hésitant pas à tuer un personnage de manière complètement absurde mais il y a aussi un gros souci de temporalité. Ici, nous avons l’impression que tout se déroule en 2 semaines, période de temps pendant laquelle la bande de jeunes, menée par un simple soldat devenu un as de la stratégie en rentrant au pays, apprend à manier parfaitement les armes et à devenir de véritables guerriers, sans peurs et pour qui ôter la vie n’a donc plus aucune conséquence psychologique. A ce niveau là, même le petit Demain quand la guerre a commencé (remake non avoué made in Australia avec moins de budget sorti l’année dernière directement en vidéo, ce qui est tout à fait la place de cette Aube Rouge) faisait mieux.

En plus de cela, le réalisateur a la mauvaise idée de torcher ses scènes d’action en bougeant la caméra partout, si bien qu’on croirait presque qu’il pense tourner un Jason Bourne sans en avoir le talent. C’est parfois lisible mais tout cela manque tout de même sacrément de construction pour nous embarquer dans ces petites escarmouches sans grande importance. Car jamais ici nous ne sentons qu’il y a un conflit mondial, jamais nous n’avons un contexte  exposé pour rendre cette dystopie réaliste et s’y aventurer.

Il ne faudra d’ailleurs pas trop compter sur le casting fait de nouvelles stars des ados (Chris Hemsworth, Adrianne Palicki, Josh Hutcherson, Isabel Lucas) pour relever le niveau tant ceux-ci se montrent assez détachés du projet, n’y croyant pas vraiment (et comment leur en vouloir pour cette lucidité). Il faut dire que leurs personnages sont tous assez clichés, de mêmes qu’ils n’ont pas vraiment de relations intéressantes (même les scènes entre les deux frères ne fonctionnent pas).

Pas grand chose à sauver donc dans cet inutile remake de l’Aube Rouge et on comprend alors pourquoi le distributeur a mis autant de temps pour le sortir en catimini.