"En 2154, il existe deux catégories de personnes : ceux très riches, qui vivent sur la parfaite station spatiale crée par les hommes appelée Elysium, et les autres, ceux qui vivent sur la Terre devenue surpeuplée et ruinée. La population de la Terre tente désespérément d’échapper aux crimes et à la pauvreté qui ne cessent de ne propager. Max, un homme ordinaire pour qui rejoindre Elysium est plus que vital, est la seule personne ayant une chance de rétablir l’égalité entre ces deux mondes. Alors que sa vie ne tient plus qu’à un fil, il hésite à prendre part à cette mission des plus dangereuses - s’élever contre la Secrétaire Delacourt et ses forces armées – mais s’il réussit, il pourra sauver non seulement sa vie mais aussi celle de millions de personnes sur Terre."
Neill Blomkamp est un réalisateur qui s’est forgé une réelle réputation avec seulement cinq courts-métrages et un long-métrage. Ce long-métrage se nomme District 9 et il reste dans la mémoire de tous comme l’un des meilleurs films de science-fiction de ces dix dernières années. Après ce District 9, les spectateurs attendaient impatiemment son grand retour avec un film encore plus ambitieux, au synopsis attrayant et au budget faramineux comparé à celui de District 9 (plus 70 millions de dollars). Le tout nous est servi avec un casting hollywoodien porté par un Matt Damon dopé aux stéroïdes. Alors véritable révolution dans le genre science-fiction ou franche déception ?
Pour être un bon film de science-fiction, il faut que le film possède un scénario en béton armé, qui propulse le spectateur dans un futur probable ou dans un univers assez vaste pour qu’il puisse s’y projeter. Elysium possède ce scénario en béton et c’est une bien bonne chose. Dès le départ du film, on se retrouve dans des bidonvilles qui ne sont autres que la représentation du Los Angeles de 2154. Les humains qui vivent sur Terre sont pauvres et deviennent de plus en plus pauvre, alors que les riches qui vivent sur Elysium deviennent s’enrichissent sur le dos dans pauvres. Dans ce film, on retrouve la morale habituelle du riche qui s’enrichit alors que le pauvre devient encore plus pauvre. C’est simple et on est habitué à cette morale, sauf qu’elle est bien intégrée au background du film. Neill Blomkamp dénonce bien cette injustice qui a déjà lieu dans le monde où l’on vit à l’heure actuelle et il a raison de la dénoncer. Par à côté, il dénonce également la robotisation du monde moderne, avec l’arrivée de robots que ce soit dans la sécurité ou bien tout autre type de travail. Malheureusement, c’est à partir de là que le scénario de ce film sombre puisque cette dernière morale n’est pas assez poussée. Il y avait matière à la développée, de manière à faire une véritable critique et non pas seulement prendre parti contre la robotisation.
Et on en vient au développement du background du film. Elysium est un film qui possède un background des plus riches. On retrouve une Terre qui est pauvre, dans laquelle les hommes doivent travailler pour survivre, mais également la station Elysium. Cette dernière est vraiment intéressante, car ceux qui y vivent sont immortels grâce à des MedPod. Pour rejoindre la station orbitale, il faut avoir un identifiant et cette identification n’est pas utilisée de manière intelligente. Le film s’avère beaucoup trop prévisible et scripté dans son avancement. On notera également plusieurs facilités et incohérences. Tout ce qui va être fait a déjà été fait dans de précédents films et exactement de la même manière. Qui plus est, il y avait matière à mettre en scène un film atypique et original grâce à la psychologie des habitants d’Elysium. Ces derniers sont immortels, donc ils doivent se poser des questions et doivent être intéressants à analyser à la manière d’un Somewhere avec l’analyse d’un acteur hollywoodien. Le film passe complètement à côté de cette analyse et il se contente seulement de nous offrir un spectacle que l’on connaît par cœur avec une morale finale prévisible et sans grand intérêt.
Vous aurez donc compris que malgré un background riche à en faire une trilogie, Elysium ne sort pas du lot des films d’action qui sortent à la pelle depuis plusieurs années. C’est la faute au scénario est mal écrit, mais également à la réalisation qui on va être franc : n’est pas bonne du tout. Encore une fois, il y a quelques idées qui sont très bonnes, comme cette utilisation assez originale du ralenti. Tel un jeu vidéo, Neil Blomkamp va user de quelques ralentis lors d’un combat afin de rendre les impacts encore plus violents. C’est une bonne idée, mais le restant de la réalisation est beaucoup trop brouillonne pour provoquer un certain plaisir. Alors qu’une partie des plans sont filmés avec des caméras fixes et des grues afin de donner une sensation de profondeur et de grandeur chez le spectateur, le restant est filmé à l’aide de caméra à l’épaule. Cette façon de filmer est une bonne idée pour l’immersion, mais il faut savoir limiter son utilisation. À force d’en user, le procédé devient très rapidement insupportable et rend les séquences illisibles.
Le problème ne s’arrête pas là, puisqu’en plus de cette utilisation excessive d’une caméra tremblotante et jamais stable, Neil Blomkamp a le culot (y’a pas d’autres mots pour le coup) d’offrir aux spectateurs un film qui met en place un rythme à partir du montage et donc de la bande sonore. La bande sonore qui est signée Ryan Amon est vraiment excellente. Il s’agit d’une bande sonore très efficace, car très rythmé, mais malheureusement, le montage s’imprègne de cette bande sonore et le montage est saccadé au possible. Coupé à la hache, le montage du film gâche la majorité des séquences d’action qui ont un véritable potentiel photographique. Malheureusement, on ne se rend même pas compte de la beauté des décors et des effets spéciaux à cause de ce montage saccadé au possible. C’est véritablement dommage, car le film est plaisant à suivre grâce à son esthétique et à son image qui est globalement belle. Mais ce montage accouplé à cette réalisation tremblotante, fait qu’au lieu de prendre du plaisir, on en viendrait presque à pleurer.
Alors que District 9 était un véritable OVNI dans le registre de la science-fiction. Elysium n’est en aucun cas le film qu’on attendait venant de Neil Blomkamp. Dans District 9, on retrouvait un scénario qui développait bien tous les thèmes qu’il explorait, que ce soit la condition des extraterrestres sur Terre (parallèle avec les immigrés…). Dans Elysium, on retrouve la majorité de ces thèmes (extraterrestres remplacés par les humains vivants sur Terre), mais le réalisateur se contente de les réutiliser, simplement pour mettre en scène un film d’action hollywoodien. Le film possède un beau rendu visuel, avec des beaux effets spéciaux, ainsi qu’un niveau de détail très impressionnant concernant le background mis en place par le scénario, mais ça ne va pas plus loin. Tout ce qui aurait pu être développé ne l’est pas et qui plus est, on retrouve une réalisation brouillonne ainsi qu’un montage trop saccadé et dynamique pour offrir au film la dimension qu’il mérite. Malgré tout, on retrouve un casting des plus convaincants malgré des personnages caricaturaux ainsi qu’une bande sonore très réussie. Une vraie déception, même si au final, Elysium reste un bon film.