Les Apaches de Thierry de Peretti

Par Journal Cinéphile Lyonnais @journalcinephil

Les Apaches
De Thierry de Peretti
Avec Aziz El Haddachi, François-Joseph Culioli, Hamza Meziani
France. 2013 – 1h32
Date de sortie : 14 août 2013

Synopsis

Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs.

Corse / Extrême Sud / L’été. Pendant que des milliers de touristes envahissent les plages, les campings et les clubs, cinq adolescents de Porto-Vecchio trainent. Un soir, l’un d’eux conduit les quatre autres dans une luxueuse villa inoccupée… La bande y passe clandestinement la nuit. Avant de partir, ils volent quelques objets sans valeur et deux fusils de collection. Quand la propriétaire de la maison débarque de Paris, elle se plaint du cambriolage à un petit caïd local de sa connaissance…

"Le réalisme du film est d’autant plus efficace qu’il donne à cette histoire, inspirée d’un fait divers, sa vraie mesure." – Télérama.

Extrait d’un entretien avec le réalisateur (source dossier de presse de Pyramide Distribution)

Le point de départ des Apaches ?

« Je voulais réaliser un film en Corse, pas uniquement parce que je viens de là et que c’est un des endroits que je connais le mieux, mais parce que, bizarrement, c’est un territoire qui n’est pratiquement pas filmé, peu visité par le cinéma et par les autres arts, même si ça commence à changer un peu. Or, pour moi, c’est un terrain de jeu absolument passionnant, uneterre pour les récits de cinéma, indéniablement. D’un point de vue plastique, et aussi d’un point de vue politique. Je pense que l’île est un des endroits aujourd’hui où on peut sentir le mieux ce début de 21ème siècle.L’histoire des « Apaches » m’est venue quand j’ai pris connaissance de ce fait divers traumatique. Trois jeunes sans histoire en ont tué un autre et l’ont enterré dans la forêt. Quatre jeunes gens issus de la cité balnéaire de Porto Vecchio et de ses faubourgs, dont deux originaires de Corse, et deux autres Corses d’origine marocaine. Il fallait me confronter d’abord à des questions qui sont centrales aujourd’hui en Corse : la question du rapport à la violence, la question du meurtre. Et par extension celle de l’héritage. De quoi hérite-t-on quand on naît dans tel ou tel endroit, avec telle ou telle histoire ? » Thierry de Peretti

Pourquoi ce fait divers-là ?

« Parce qu’il portait en lui beaucoup des contradictions qui sont propres à l’île et qu’il posait la question de ce qu’est vivre là-bas aujourd’hui. Ce n’est en tout cas pas vivre dans la Corse décrite dans les nouvelles de Mérimée ou de Maupassant, où il est question de vengeance atavique et d’honneur, une Corse qui n’a de toute façon jamais existé. Mais vivre là-bas en 2013 laisse t-il entrevoir ce que l’île sera dans dix ou vingt ans ? Tout bouge si vite, alors je ne sais pas. Je voulais enregistrer un peu de ces mutations-là, imaginer qu’on puisse revoir le film dans quelques années et se dire  c’est incroyable, c’était vraiment comme ça ? ». Thierry de Peretti

Où précisément se déroule l’histoire des Apaches ?

« Dans la petite ville de Porto Vecchio, qui est, comme tout l’Extrême Sud de la Corse, en proie à la spéculation immobilière. Ça ne cesse de construire et de se développer. Ce n’est pas Shanghai hein, mais à l’échelle d’une île comme la Corse, c’est spectaculaire.

Pourtant, c’est aussi un territoire où la pastoralité n’a pas encore complètement cédé la place. Il existe une tension entre un certain « archaïsme » hérité du siècle dernier et, pour le dire vite, le « contemporain ». Une commune comme celle de Porto Vecchio peut être considérée à la fois comme un très gros village, mais aussi comme une banlieue un peu hybride et anarchique où les zones d’activités ne cessent de s’étendre de façon ultra dynamique, avec des petits quartiers populaires et une constellation de communes très rurales qui viennent s’agréger et se fondre pour perdre peu à peu leur statut de village Et aussi, Porto-Vecchio, qui à première vue ressemble à un golfe paradisiaque, est en réalité bordé de zones marécageuses. C’était jusqu’à la fin de la seconde guerre mondiale ravagé par le paludisme, presque inhabitable. Aujourd’hui, c’est assaini, c’est devenu un endroit de rêve, une enfilade de plages paradisiaque, mais sous la plage, il y a toujours les marais putrides qui affleurent. C’est-à-dire que les plages idylliques sont en réalité des fausses plages ! J’aime beaucoup cette idée.C’est très romanesque et aussi un peu inquiétant. » Thierry de Peretti

C’est une nouvelle Corse, une autre Corse que l’on voit dans le film ?

« C’est le cinéaste algérien Tariq Tequia qui utilise cette expression quand il parle de son film « Rome plutôt que vous ». Il dit que son projet était de filmer Alger « de dos ». C’est aussi ce que j’ai voulu faire : filmer la Corse « de dos » C’est vrai que la Corse est souvent vue ou représentée, au mieux, comme une gigantesque plage de carte postale avec une nature exceptionnelle préservée, « authentique », etc… J’imagine que pour toutes les îles, c’est un peu ça. Comme si on ne voulait pas voir que des gens y vivent, ni ce qu’ils. ni ce qu’ils y vivent. L’idée était donc de tenter de me situer pour filmer derrière ou à côté de toutes ces représentations communes. » Thierry de Peretti

Plus d’information sur le site de Pyramide Distribution

Fiche technique

• Réalisation : Thierry de Peretti

• Scénario : Benjamin Baroche et Thierry de Peretti

• Direction artistique : David Bersanetti

• Costumes : Mati Diop

• Montage : Pauline Dairou

• Musique : Cheveu

• Photographie : Hélène Louvart

• Production : Igor Wojtowicz

Distribution

• Aziz El Hadachi : Aziz

• François-Joseph Cullioli : François-Jo

• Hamza Mezziani : Hamza

• Maryne Cayon : Pascale

• Joseph-Marie Ebrard : Joseph

• Henri-Noël Tabary : Jean Simon

• Michel Ferracci : Bati

• Andréa Brusque

• Danielle Arbid : la propriétaire

 Festival de Cannes

  • Sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs 2013
  • En compétition pour la Caméra d’Or 2013

Thierry de Peretti

Acteur, metteur en scène et réalisateur, Thierry de Peretti est né à Ajaccio. Il suit une formation au sein de la classe libre du cours Florent. Il est lauréat de La Villa Médicis Hors-les-murs et obtient le Prix de la révélation théâtrale du syndicat national de la critique en 2001 pour sa mise en scène de Le Retour au désert de Bernard-Marie Koltès. Il est acteur notamment dans les films Le Silence d’Orso Miret, L’Eté indien d’Alain Raoust et Ceux qui m’aiment prendront le train de Patrice Chereau. Les Apaches est son premier long métrage.