Culte du dimanche : A l’Est d’Eden

Par Fredp @FredMyscreens

Retour dans les années 50 avec la révélation d’un écorché vif par un grand directeur d’acteur avec A l’Est d’Eden. La légende James Dean est en marche.

Après avoir révélé au monde Marlon Brando et avoir alors révolutionné le mâle hollywoodien tout en ayant imposé la nouvelle démarche de l’actor’s studio, le réalisateur Elia Kazan s’apprête à mettre un nouveau jeune talent dans la lumière. En adaptant A l’Est d’Eden de John Steinbeck en 1955 il doit en effet chercher deux acteurs aux caractère diamétralement opposés pour camper les frères Trask, l’un aimé par son père, l’autre peinant à trouver sa place dans une Amérique qui s’apprête à partir pour la première guerre mondiale.

Après avoir envisagé quelques stars montantes et confirmées comme Brando, Paul Newman ou Montgomery Clift, le réalisateur va se tourner vers des acteurs inconnus du grand public. C’est ainsi qu’il repère à Broadway un jeune acteur particulièrement doué, à fleur de peau du nom de James Dean et qu’il voit alors directement dans le rôle de l’effronté Cal. Face à lui on retrouvera des acteurs au jeu plus traditionnel Julie Harris, Raymond Massey et Richard Davalos, ce qui vaudra alors de nombreuses tensions entre les acteurs dont les méthodes ne sont pas les mêmes.

Déjà James Dean montre un sacré caractère sur le plateau mais aussi en dehors et il faudra toute la force de volonté d’Elia Kazan pour bien le diriger et le ramener régulièrement dans le droit chemin. Mais ces frasques commencent déjà à alimenter les tabloïds. Ce côté people révèle alors avant même la sortie du film un acteur à fort caractère mais surtout dans lequel la jeunesse pourrait déjà se reconnaitre. Attendu au tournant, James Dean ne décevra pas, livrant une performance à fleur de peau, animale et désespérée dans le rôle de ce gamin apprenant la vérité sur sa mère et cherchant à tout prix à gagner l’amour de son père.

Évidemment, l’acteur est servi par un rôle et une histoire familiale poignante (sa désillusion devant sa mère, son désespoir devant son père, la jalousie pour son frère), se déroulant dans un contexte complexe et dans une Amérique qui se cherche encore, à l’aube de sa domination économique. Il en ressort alors un film particulièrement fort. Les autres acteurs apparaissent alors plus effacés mais  chaque scène devient un véritable moment de tension ou d’émotion. Ainsi, impossible d’oublier cette danse de James Dean dans le champs de haricots, ou ses larmes face à son père refusant son cadeau et donc son amour.

Particulièrement touchant jusque dans son final loin du happy end, construisant une once de bonheur sur nombre de malheurs qui viennent de se dérouler, A l’Est d’Eden est l’un de ces films qui restent alors intemporels et peuvent nous atteindre autant maintenant qu’à l’époque, en particulier grâce au magnétisme de James Dean. La suite, on la connait, l’acteur enchaîne avec la Fureur de Vivre puis Géant avant de disparaitre, laissant alors derrière lui une légende et une jeunesse éternelle. La profession ne s’y est d’ailleurs pas trompée en nommant l’acteur à titre posthume pour ce rôle dans A l’Est d’Eden et en lui décernant même le Golden Golden Globe.